
2 H I S T O I R E X. P a r tie ,
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l’honneur de rendre compte à V . M. de
mes obfervations fur la route que je viens de
faire.
N ’ayant rien remarqué de nouveau dans
ce troifième voyage entre Hanovre & De-
venter ; je paiîe d’abord à la route de De*
venter ici , que j ’ai faite pour la première
fois.
Au fortif de cette V ille , on monte fur une
digue qui borde YlJJel, & on y voyage quelque
- tems avant que de paiTer fur les terreins
qu’elle garantit. Il paroît qu’autrefois cetras
du Rhin avoit un lit très vague; & qu’on
lui en a formé un par des digues, pour profiter
de la fertilité qu’il avoit produite dans le
fol fur lequel il fe débordoit. Cette conquête
eft un exemple des grandes chofes que
peuvent entreprendre les hommes réunis en
Société; ainfi que de l’effet de cette réunion
fur l’augmentation de l’Espèce humaine.
Ces bords de Yljjel font en effet, très peuplés
} & fans la digue on n’y verroic encore
que le lit vague d’un Fleuve.
Etant arrivé en Hollande par ce nouveau
côté, & connoiffant maintenant tous les,confins
de cetfe Contrée, je ne fuis plus étonné
que les Hollandois confervent un caraêtère
national fi frappant. Quels déferts ne fautil
11 pas traverfer pour arriver chez eux ! Ils
n’ont point, avec les Peuples qui les environ- ‘
fient', ces communications qui mêlent les idées
& les ufages de proche en proche. C’eft
ùn voyage, pour toute Villé étrangère, que
d’entrer en Hollande; & ce ,q u ’on trouve
d’habité fur la route n’eft guère que des
étapes.
Après avoir traverfé les terres fertilifées
par les anciens débordemens du R h in , &
une liflère du fable naturel, fur laquelle le
Yoifinage a engagé les habitans du bon ter-
fein à s’étendre,8 on rentre dans les Bruyères
fauvàges, dont la prémière Colonie un peu
remarquable eft Appeldorn : puis les Bruyères
reviennent & s’étendent encore de toute part
à perte de vue. Une maifon de plaifanice du
Prince d’Orânge , nommée Loo, qu’on voit
fur la droite de la route, a fait beaucoup de
bien dans fes environs, par les plantations
qu’elle y a produites ; & c ’eft le plus grand
fervice provifionnel qu’on puiffe rendre a ces
Contrées défertes , foit pour le produit
immédiat , foit pour accélérer la fertili-
fation.
Lorsqu’on a paifé ces jeunes Bois, on rentre
dans un Pays abfolument fauvage : en qua-
tfe heures de chemin , qu’il faut faire encore
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