
matières ¿tendues ou roulées les unes fur les. autres
tandis qu’elles étaient molles. Quelle apparence
donc, qu’une maffe compofce de matières fl
diftin<3es,où il n’y a point de couches,où rien n’eft
•vitrifié ni calciné ,• foit cependant une des excrefcen-
ces primitives d’un Globe, où tout auroit été dans un
état commun de fufxon? Èt fi rien n’indique cet
état, dans ce que nous pouvons appeller avec le
plus de raifon un refie de l’état primitif de laTerrey
quel fondement y a - t - il dans l’Hiftoire naturelle
pour appuyer cette étrange affertion?
Les Montagnes qui font face à ce Mur de dé«
bris’ tout febisteufes, & offrent fur leurs pentes un
phénomène fingulier. Deux côtes relevéesif qui
l’une & l’autre descendent de fort haut, & font
très v o i f in e s , préfentent du Calcaire fous deux formes
bien différentes.. La première eft de VAH
lâtre commun dans lès Alpis, & celle qui fuit eft
de Gyps. Ainfi toujours plus de myftère. Il pa-
roit bien que ees deux côtes relevées font d’une
formation poftérieure à celle de la Montagne fur
laquelle elles repofent; mais l’unC eft foluble dans
les acides, & l’autre ne Teft pas. Ce font donc
les produits de caufeS différentes’, & également
inconnues.
, Le Glacier qui transporte le moëllon dont
j’ai parlé, pouffe fans celfe fon Mur contre la
Montagne oppofée, & avec lui le Torrent. Ce-
lui-ci fape le talus de cette Montagne, qui étoit
fixé par des Forêts de Mêlèfes, & il le détruit peu
à peu. Dans la terrible abondance des eaux du
Mois d’Oftobre dernier, une pariie de cette bell*
Forêt s’eft écroulée dans le lit du Torrent, & ce
nonnouveau
moëllon le fera mugir, jusqu’à ce qu’il,
ait entraîné tout ce qui s'oppofe à fon paffage.
Il en a déjà charié une grande partie, & mal-
heureufement pour la génération préfente, il l’a
étendue fur un pâturage, qui auparavant étoit fort
beau. Il faudra du tems pour que cette nouvelle
furface fe fertilife ; & en attendant, les Chalets, dont
les propriétaires jouiffoient de ce pâturage, font
abandonnés.
„ Entre les Pics qui s’élèvent fur les bafes du
Mont-blanc, on diftingue de cette Plaine une Pyra-
I midc qui étonne : je ne crois pas qu’il y en aît
1 une plus belle à la furface du Globe. Elle s’élève,
à une hauteur quej’eftime au moinsdeyooo pieds,
avec la forme la plus élégante & la fymmètrie
la plus parfaite. Deux autres moindres pyrami-,
des complettent la beauté dù grouppe, en faifant
encore fymmètrie des deux côtés de celle-là,
mais étant plus près du Speétateur, elles forment
4 des avant -corps. Non loin de ce Coloffe & fur la
droite, on voit fortir d’un haut Glacier, un Torrent
qui fe brife de rocher en rocher depuis une
hauteur qui égale la grande Pyramide, & qui fait
ainfi une fuite de Cascades aulli belles qu’on
puiffe l’imaginer.
„ La Plaine d’où l’on a ce magnifique Spedacle,
fe termine au Mur d'un troifième Glacier, qui
descend dès le fommet du Mont-blanc. Quel amas
de Glace ! La hauteur perpendiculaire d’où il descend
doit être de 16 à 1700 Toifcs; laPlaine étant
élevée d’environ 800 Toifes au-deffus du niveau
delà Mer, & le fommet de la Montagne l’étant