
De l*eft pas moins, que ion Syftême particulier eût
. pris fon origine, dans quelque chofe d’entièrement
analogue à la grande remarque de Mr. B à i l l y far
le Savoir des anciens Peuples de l’Afie : car il
trouvoit chez l’Homme ,des Idées, qu’il devoit avoir
reçues comme Formules , & non découvertes lui-même
par les Elémens. Et telles font en effet toutes les
premières hafes ,des Queftions que la Philofophie
agite pour & contre : il eft impoffible de concevoir,
comment ces Queftions aurôient pu naître par les
feules Facultés de I’HoMMe .
Mais dès que la R é v é l a t i o n eft prouvée par
les Faits, cette Queftion pfychologique eft terminée;
& elle 1 eft par la même voye que celle des mouve-
mens des Marionnettes, qui m’a fervi d’exemple dans
un autre cas très analogue,'à l’égard des controverfes
furie Poffible (a). De deux Syftêmes pfychologiques,
dans l’un desquels on prétèndoit qu’il étoit poiftble
d’expliquer 1’H om m e , tel qu’il eft: aujourd’hui, en
partant de fes Facultés feules ; tandis que l’autre
prétèndoit que cela étoit impoffible, & que 1’Homme
0 devoit avoir pu une première Education} ce dernier
a le Fait pour lui.
Le? A n g e s donç, furent les premier^ Inftituteurs
* • de I’HoMMe : nous les voyons paroître dans tout ce
qui le-concerne à fon Origine; ils font les Méfia-
gers -de la C a ü s e p r e m i è r e auprès de Lui. M o ï s
e , dans cette bien intéreffante partie de fon Récit
, fuit le plan qui règne dans tout le refte : il
raconte les Faits rélatifs à fon but, & n’entre dans
aucune explication. Cependant lorsqu’on étudie ces
Faits, on y trouve une harmonie parfaite {entr’eux &
ttn rapport intime avec ce que nous connoiffons de
> V _ 1’Homme»
(« ) T ome I , p a g . CCXLV. :
■ I’HoMMe , & même dés fecours pour comprendre
■ comment s’opéra cette première Education.
,, L’Eternel Dieu,” eft il dit, „ avoit formé de la
■ „ Terre toutes le Bêtes des champs & tous les Oi- B ,, féaux des Cieux ; puis il les avoit fait venir devant
■ „„Adam, afin qu’il vît comment il les nommeroit,
B „ & afin que le Nom qu’Adam donneroit à tout A -
f l „ nimal, fut fon N om. ” Voilà qui n’ eft point dit
■ dans le deffein de donner une explication de la fpr-
Bmation du Langage ; c’eft un Fait dans la fuite de
■ l’Hiftoire du premier Homme; & cependant on y
B trouve une bafe réelle de Phfychologie. L’Idée feu-
■ le, puis l’Afte de n o m m e r , eft un premier pas dont
Bon lie fauroit concevoir l’Origine fpontanée chez,
B I’H om m e , fuppoÇé doué de fimples Facultés. L’Enfant
■ ne n o m m e r o i t point , fi on ne le lui enfeignoit ;
■ pour qu’on puiffe le lui en se ign er , il faut qu’ou
B ait réuffi à lui faire porter attention à la liaifon de
■ certains Sons avec des Idées. Quel manège chez
■ les Nourrices, pour produire ce premier effet! C’eft:
■ un des objets ,qui a le plus attiré mon attention dans
B l’étude de I’Homme : car fi nous voulons1 bien cou*
■ noître cet Et r e , qui eft nous, c’eft dans fes pre»
■ miers- développemens qu’il faùt le confidérer ; com-
■ me Hal ler étudia l’ Oifeau dans l’ Oeuf. Combien
I de fois une Nourrice folâtre, ne m’a-t-elle pas fait
■ répandre dès larmes dejoyè! Quelle b.elle marche,
I que celle de la première Education ! Efi-ce un de-
I voir que remplit la Nourrice? Qu’il feroit fouvent
I mal rempli!1 Mais elle aime fon Nourriçon; elle a '
Ibefoin de le lui exprimer ; elle veut qU’il lui ex-
Iprime du retour; elle fe donne donc un Nom ; elle
I le lui fait répéter, elle employé mille routes pour
■ lui faire comprendre que ce Nom la défigne. Long-
I tems il ne discerne pas. non plus, la liaifon des au-
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