
quelquefois noire ; maïs leur figure effc charmante
,* ils font v i f s , & leur phyfionomie
elt auffi fpirituelle que douce. Cet animal là»
quoique pour ainfi dire fauvage, car il ne
connoîc guère que le Berger & fo n chien, eft
très délicat: il lui faut des huttes pour fe re ti-
rer la nuit dès qu’il fait froid. Cependant il
faut qu’il forte de jo u r , quelque tems qu’il
iafle, même quand le terrein eft le plus couv
e r t de neige : il, la creufe pour brouter les
jeunes branches de la bruyère, qui font fon
aliment principal.
Quelle récolte pour, les Abeilles quand la
bruyère eft fleurie! On ne voit que fleurs j
tout eft couleur de lilas. C’eft dans ces Bruyères,
qui ne font jamais écroutées, qu’on porte
principalement les Abeilles. Nous avons ;
trouvé fur notre chemin plufieurs de ces éta-
bliflemens. Ce font de petirs couverts faits
avec de la bruyère, dans,des fonds à l’abri de
la plus grande force des vents , & ordinaires
ment environnés de quelques- arbres &;d’une,;
paliifade groflière pour en écarter les animaux.
Là , on railèmble 40,, 50 ou j6o. ru*i
ches , .pofées Amplement fur la terre, ou
placées fur des étagères , l’on n’y fonge
plus, que lorsqu’on-vient les prendre en Au-
tomneipour .recueillir, la0cire ,&:Je miel, &
cm*
L e t t r e CXVH. d e e a T E R R E . SS
emporter celles que l’on veut garder.' Ces
iuches font les deux tiers compofées de nouveaux
eifaims qui fe font formés dans les terres
cultivées, tandis que les Abeilles vivoient
des fleurs des arbres & de celles des prairies
& des bleds farafins. La Bruyère en nourri-
roit incomparablement davaritàge ; mais on
ne peut en profiter que pour celles qui peuvent
fubfifter ailleurs en attendant qu’elle
fieurifie. :
J’ai eu bien du plàifir à voir la propreté du
petit nombre de Villages que nous avons trouvés
fur notre route. Elle n’eit pas étudiée
comme en Hollande, eue réfulte de là nature
du fol. Ce fable ne fait point de boue : &
quant à la bruyère , (cette plante qui fur-
monte tout quand elle' eft tranquille) elle fait
place au gazon dès qu’on y marche ; j ’aî
longtèms pris pour des bords de ruifleaux,
des bandes très v e r te s ,, q u i , dans l’éloigne*
ment, tranchoîent avec la bruyère ; & ce n’é-
toit que les bords des chemins. , Àinfi tout
eft naturellement gazonné, au dedans & autour
des Villages, fous les arbres & à découvert
; & cette propreté naturelle du fo l, l’inspire
à ceux qui l’habitent. , Dans les Villages
boueux, les Payfans ,& leurs animaux ,
£ t i allaht ôc venant, faljiTent tout dans leurs
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