
jftie pour avoir vécu comme s’il h’ÿ avoît point
de D ie u , ou comme fi D ie u n’ayoit pas manifesté
fa Volonté aux Hommes, on puifiè defirer que
cd a ne foit pas. Peut- on g-oire un D ieu ,, fans
fe fentir immédiatement pénétré de fa Bonté, qui
eft le premier de fes Attributs ! & peut-on concevoir
un état plus doux, que celui de fentir qu’on
fait partie d’un U n iv e r s gouverné par la B o n t é ’
& là S a g e s s e ! .C ’eft le Doute feul, qui voile la
beauté d’un tel U n iv e r s aux yeux de l’ incrédule,
j& qui l’empêché d’en éprouver la douce influence
dans Fon Ame* travaillons donc à vaincre cet ennemi
de Fon bonheur.
Une des cau'fes les plus puiflântes du D oute, &
peut-être de toutes les erreurs nuifibles à la Sociét
é , c ’eft le mépris des Opinions vulgaires. Le
Vulgaire fans doute a des erreurs, & en grand
nombre ; mais il n’a point l’Esprit de Parti ni
de S e c te , à moins * qü’on ne le lui inlpire ; ainfi
la plupart de fes erreurs ne font, ni dangereufes,
ni difficiles à corriger. Mais fi l’on veut entreprendre
de l’inilidre, il ne faut pas y mettre de
l ’appareil, de peur d’élever des querelles : car
alors on le divife en Partis ; & les disputes de
mots, les affàuts d’esprit, les perfonnalités, le?
haines, barrent le paffàge à la Vérité : il ne ‘faut
pas furtout, poUr le feul objet d’attaquer des Erreurs
extérieures, porter atteinte aux Vérités qu’elles
enveloppent ; car il le iènt & fe défie, &
îdors i l n’écoute plus rien.
Le Vulgaire^ eil en poïîeflion de toutes les Vé-.
fités primitives ; ' j ’en ai développé une des Sources.
Il a faffemblé encore les Notions faînes de
Ce qui,lui convient, tirées de la nature de l’Homme
& de fes divers rapports; & c ’efl: par cet en-
femble que la Société fe maintient. Où donc eft
l’Homme modefte, qui puifiè être pleinement convaincu
d’avoir découvert, par Fes feules lumières
individuelles, que tout cet enfemblè étoit vicieux
? Où pii l’Homme qui , fur des objets
|i graves , puifle fe faire tranquillement cette
I • queftion : „ S’il eft un D i e u , vangeur des
„ Hommes , que répondrai-je à fon Tribunal,
„ fur les Opinions que je cherche à leur ôter, &
„ fur le panique je voudrais leur faire prendre?’*
v Si le Vulgàite "accumule des erreurs, parmi
cés Vérités & ces Règïei importantes, ceux qu’on
à nommé de tout tems les Phïlofophes en ont
beaucôup à fe reprocher. Mais je le répète, la
plus grande partie de fes erreurs ne feront accompagnées
d’aucun danger, tant qu’on ne le dî-
yifera pas en Partis intolérans ; & ce n’eft pas
lui-même qui fe divife ainfi , ce font toujours des
Chefs qui produifent ce mal. Les moyens de le
détromper fut* ces accefToires mal vus font évî-
dens, pour tout Homme qui veut le Bien avant
tout, & qui a de l’expérience. Mais combien de
fois des gens, pleins de leurs propres idées, in-
confidérës dans leurs aétions, peu inftruits de ce
qui fe pafTe dans le coêur des Hommes ; frappés
uni*