
mite, entre le Faucigny d’où nous allions fortir,
& la Tarentaife où nous allions entrer. Toutes les
eaux qui s’écoulent dans la Gorge d’où nous venions
vont fe jetter dans YArve, & celles des re«
▼ers de ces Montagnes fe rendent dans l’ IJêrtj
mais le Rhône les reçoit enfuite les unes & les au?
très,' les premières au deiïous de Genève, & les
dernières près de Valence.
„Quoiqu’il fut ii tard,nous fîmes halte un mo«
ment à cette Croix ; foitpour reprendre des Forces ,
foit pour quelques expériences que faifoit Mr. Dea-
tan fur le prétendu Eudiomètre (b). Mais bien*
tôt il fallut renoncer au repos pour aller au plus
preflant. Il falloit quitter la place qui n’étoit pas
tenable, Je Vent étant très fort & fa température
à qe. feulement au defîùs de la Congélation, quoi-
que nous fuifions au coeur de l’Eté. De cette
Croix du Bon-bomme, nous descendîmes à l’Eft ; &
itous n’avions pas fait bien du chemin, lorsque là
la Pluie nous furprit. La Lune, heureufement, faifoit
percer quelque .lueur au travers des Nuages;
fans cela, & malgré notre Guide, nous euffions
infailliblement perdu le fentier, & je ne fais ce
que nous ferions devenus.
La Pluie devenant forte de plus en plus, nou,
fûmes contraints à chercher refuge pour un peu de
tenu
( O J’aurai occafion de parier dans la fuite , de ces mime}
Expériences de Mr. Dentatt, gui fout bien loin d’êue,
comme ou lecroioit, des expériences immédiates fur la Salubrité
de Y Air ,
tems dans le feul Chalet qui fe trouvât à cette
hauteur fur notre route. Peut-être même quelques
uns de nous fe feroient-ils déterminés à y paifer
la nuit, fi les Bergers avoient pu nous y recevoir.
Mais ils étoient arivés dans ce momentdà
même; tout étbit encore pêle-mêle, maîtres &
animaux; & les Vaches, qui avoient fait une
route pénible , n’avoient point encore donné de
lait. Il fallut donc continuer à marcher, malgré
la pluie & la nuit, pour gagner la Vallée, où des
Chalets raflemblés forment le Hameau nommé
Cbapiu. Un de ces Bergers, qui venoit d’arriver à
l’autre Chalet, voulut ibien cependant nous fer-
vir de guide, pour nous garantir d’accidens; &
nous arrivâmes à Cbapiu vers les onze heures du
foir, mouillés jusqu’aux os. Les Montagnards de
notre Caravane trouvèrent cet Hospice excellent,
tout pauvre qu’il étoit. Nous nous féchâmes
avec délice autour d’un grand feu; nous fîmes un
repas fort gai avec du pain bis bien dur &des laitages
, & nous étant enfoncés dans la provifion de
foin de nos Hqtes,nous y dormîmes d’un profond
Sommeil.
„ Le tems ayant paru fe dispofer au beau le
matin du 24e’., nous nous mîmes en marche pour
gagner le Col de la Sègne. En fuivant la Vallée de
Cbapiu, on descendrait à St. Maurice de Tarentaifel
mais nous remontâmes au N. E. par une
Vallée nommée du Glacier. Cette Vallée a deux
lieues de long-, & elle eft en effetterminée par un
très grand Glacier, qui descend des Pics dont la
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