
ter de détruire le fcul contrepoids-qui puifiè produire
cet équilibre? Ceux qui plaignent l'Humanité di£ peu
dfc biens dont elle jouit 5 qui voyent les Hommes
comme des affamés fè disputans quelques morceaux
de pain; qui ibuhaiterotent de pouvoir agrandir le
champ de leur jouiflstnce; qui, au défaut de réalités,
voudroient au moins les occuperde Chimères agréables
; devraient - ils "tenter de détruire, . ce qu’ils
regardent comme une Chimère, maïs qui fe trouve
tout établi, & qui répand du bonheur fur la tna-
jeure partie des Hommes ? .
‘ Il eft donc évident* que dans tout S.yftême de
Morale purement fpécùlative, la R e l ig io n en général
mérite le refpeft des Hommes conféquens.
Et à plus forte raifon une R e l i g io n telle que la
nôtre, qui porte des caractères fi frappans de vérité
, qui eft fi fermément établie, dont la Morale
eft fi belle, dont les motifs à la pratiquer font fi
puiflans, dont les promeffes, conformes ï nés defirs,
font fi douces & fi propres à faire Apporter lés maux
inévitables de la Vie: R e l ig io n , en un mot, qui,
partout où Elle eft annoncée telle qu’elle eft &
avec des intentions pures , porte les Idolâtres à quitter
leurs faux Dieux; , parce quHls y fentent k
Pureté dçs Njotipns primitiv&s..
Quand on fe donnera là peine de comparer fé-
çieuièment, cette Reugion., à tous ces Syftêmes où
Tm dégrade I’Howme quant à. fa nature, en le
#éifiaat quant à fi?» 9» déçouviira
ment
ment leur fombre autant que leur vuide. Mai*
tous les, Hommes ne le voyent pas au premier
coup-d’oeil: on commence à raifonner , & bien
fouvent l’effet de cette première tentative eft J#
Doute. Tel eft le fort de l’Humanité : & par là,
ceux qui peuvent fe rendre à eux- mêmes le témoignage,
que leur recherche étoit innocente, &
que leur Doute ou leur Incrédulité même font da
bonne foi-, fouffrent impatiemment les t®ns despo-
tiques de quelques Orthodoxes, qui Ibuvent raifon-
nent fort mal, niais qui iàvent- s’appuier de la- voix
du Peuple. CeS tons d’autorité-, de querelle y de
haine, de perfécution, ont certainement été, & de
tout tems, les ennemis les plus dangereux des faines
Croyances : ils révoltent les Ames nobles, -qii '
ffvent que le premier des Privilèges de I’Homme ,
éft de Penièr, Examiner & Choifir.
Auffi ne placé- je point au nombre des adverfaires
de la Religion , un Homme grave & quelquefois
févère ; fenfible au, bon, & au beau avec la plus
grande vivacité ; mais en même tems avec trop de
confiance dans ce qu’il jugeoictel, & avec des pré-
jugés contre les Hommes,, puifés dans fôs obferya.
tions fuf quelques hommes:, je veux dire mon.Coin-
patriote Rousseau. Cet Homme fier, mais de bonne
foi, connoiftàm; la foibleiTe de la Raifon. hm-
njaine dans la recherche du» vrai, ièntit vivement
le despotisme qu’exerçoient, à l’Abri de l’Egïife, ceux
aîêrae quj.auR?iea^dq«.la faire aimer. Il étoita^igé de
voir,