
pour le lieu d’où nous irions examiner la n
dinger-Moar. Nous mîmes pied à terre chez
tin riche Payfan, que nous trouvâmes dans
une robe de chambre de Calança, qui, fur
le defîr que nous marquâmes de voir des dé.
frichemens qu il faifoit dans la Moor, nous re-1
çut d’abord d’une manière très fèche; quoi,
que Mr. le fécretaire Mircard lui fût 'bien
cpnnu. L e Calança eil plus défiant que ïétoff
e de d'HeydeJcbenuke. Cependant en-
fin , par cette liaifon avecMr. Mircard, nous
eûmes fon chariot, & un de fes valets poui
nous conduire,au moment où nous étions ré-
folus de nous pafler de lui.
Nous traverfiimes d’abord une affez grande
étendue de Marfch, qui, de famaifon, con-
duifoit à la Kédinger-Moor ; & lorsque nousfû-
mes affez dégagés des arbres pour la découv
r i r , je fus frappé de cet immenfe lit de pu-
te tourbe , qui règne comme un long côteau
au deffus du Pays plat. Il s’avance ainfi ifo-
lé , depuis le Village de Löhe, jusques biçn au
delà d’Altendorf ; ce qui fait peut- être une
longueur de j à <5 lieues , fur une largeur moyenne
d’qne lieue; & il domine les Marfchs
des deux côtés, comme pourroit le faire! un
Côteau de pierre ou de fable: & cependant,
qu’eil-ce que la matière qui leconjpofe! La
tourbe
S
tourbe, quand elle eft pénétrée d’e a n fé f t une
espèce de bouillie, telle qu’eil celle dont on
fait le papier: c ’e-ft à dire cOttipofée de fibres;
& qui prend une confitancé de feutre
quand elle fèche. w
Voilà donc quelle eft la matière qui forme
ce long Côteau : matière qu’onne femblereit
devoir attendre que dans des fonds ;■ tandis
que là , elle fe trouve dans un ifnmeniè relief.
En avançant de la Marfch vers elle , on commence
à trouver la tourbe, mêlée à l'argille,
fu r fa bafe prolongée ; puis l’on monte fur la
tourbe pure ; & par une pente douce -on arrive
fur la croupe du Côteau. C ’èft dans
cette pente qu’on a tenté des défriche*
mens, qui'réuffiffènt fort bien. Mais comme
je dois en voir ailleurs de plus conli-
dérables, je ne m’arrêterai pas ici fur cet
objet.
Tandis qu’on préparoit une Sonde pour con-
noître l’épaiffear de la tourte ,'nôi\s traverfâ-
mes la Moor ; ce qui nous prit une heure/ Le
Chemin étoit bon, parce que le -tems étoit fec :
ilmefembloit marcher furies monceaux de tan
qu’pn trouve auprès de tanneries. Mais dès
qu’il fait humide, le chemin eft fi mol , qu’on
ponrroit être enféveli en quelques endroits,
en enfonçant par fon propre poids. • I!
I 4 faut