
Les nouvelles terres extérieures ont auflj
un nom particulier dans ce Pays-ci; on les
nomme Quellers. C ’eit donc toujours par
des Quellers, que commence ce qui devient
Polder quand il eft renfermée. Ces Quellers
appartiennent aux Polders contre lesquels ils
fe forment. Ce font des Communes, où les
habitans de ceux - ci envoyent paître leur bétail.
Quand ils les renferment, c’eft à leurs
fraix ; & ils le font, ou pour y former eux-
mêmes de nouveaux établiffemens en fe partageant
le terrein, ou pour vendre leurs portions
à de nouveaux venus qui s’y établiffent.
Auffiles fonds qui font dans ces Polders, hors
desquels la Mer forme des Quellers y ont-ils
une valeur de plus par cette raifon.
Quand on fait ainfi de nouvelles Digues du
côté de la M e r , on ne détruit pas les anciennes
; elles reftent dans l’intérieur, & font des
reffources en cas de rupture des Digues extérieures.
Elles ne demandent presque point
d’entretien; parce que rien ne les dégrade que
les pailages qu’on y pratique ; & l’Etat ne
veille qu’aux Digues extérieures. Il y a peu
même à faire pour celles hors desquelles fe
forment des Quellers ; car c’eft une preuve
que la Mer ne s’y porte pas. Auffi n’y a-t-on
pas befoin de ces ouvrages extérieurs,en bois
&
& en pierre, qui font la plus grande dépenfe,
tant pour la première conftru&ion que pour
l’entretien. Les lieux dangereux font en petit
nombre: ce qui explique comment on peut y
pourvoir. Si çétte immenfe enceinte de Digues
exigeoit les mêmes précautions que celles de
jDejfzyl, on ne fauroit y fuffire.
L ’aspeél du Pays, dans l’intérieur des Digues
du côté dont je parle, mérite que j ’en dife un
mot à V . M. Il eft fi finguliqr, que je m’y
trouvois comme dans un nouveau Monde j
rien ne lui refTemble ailleurs. Il eft très peu
peuple , fans être fauvage. Le régime fous
lequel il pafTe à la population, rend les pofles-
fions trop grandes. On y fait beaucoup de
bled, de beurre, de fromage ; mais les fept-
heutièmes peut-être de ces alimens, forcent
du Pays. Il le faut ainfi aujourd’hui, à caufe
du peu de rapport des Villes avec la Campagne
dans mille endroits ; mais au moins qu’on
p’agrandiffe plus les Villes ! C’eft là mon
fouhait.
Ce Pays donc eft très bien cultivé, & en
même tems très folitaire. On n’y trouve pas
la monotonie de ces Plaines à bled, étendues
furdevaftes terreins, que la charue parcourt 3
perte de vue fans rencontrer aucun obftacle.
C’eft un Eehiquier, deffiné fur un terrein auffi
•V I : Virv