
l ’Homme n’ eft qu’un Enfant. E t pour bien détep.
miner les objets auxquels’ je veux me borner, je ne
in’attacherai au Syftême particulier d’aucun Auteur1;
Seulement , pour mettre quelque ordre dans ma
marche, j ’ en fuppoferai un qui faffe naître les
tjueftions que je me propofe d’examiner. ’ ’
Je vois par je Syftême de la R e ’v e ’l a t i o x ; que
I ’Homme n’eft pas un Autom ate, dont les Mouvemens
volontaires dépendent de ceux de l’Univers phyjique j
fiùe fes opérations intelleiïueïles ne font pas des modifications
de fon Cerveau, liées aux Caufes phyfiques :
¿iie fon Ame n’eft point fimple fpeSfatrice de ce qui
Jp’ paffe dans fes Onganks; qu’Ëlle eft dUiyey c’eft-
gue les Idées 'font en Elle , que c’eft Elle-
ànéme qui forme des ^ugemens, qui choifet & qui a
Volonté’, qu’enfin Elle exécuté fà Volonté, dans l’é-
. tendue de fa puiffance, en agiffant fur fes Organes
ikqt&iets, & que cette attion s ’exerce par un pouvoir'de
même Mature , que celui par lequel là Cause
VRemiere a produit & produit encore au Mouvement
dans l ’Univers phyjiqUe: qu’ainfl l ’ A Me peut peûfer
& fe n tir indépendamment de' la M à t ie r e ; ' quoique,
dans fon état actuel chez I’Hommé , E lle n’apper-
çoive rien dans l’Univers & ne piiiJTe y agir, que par
tes Organes matériels.. (Ce font la dés Objets que
j ’ ai traités, quant au Fait, dans le XIIf de mes Dis-
çqurs préliminaires; ^ j ’ ai montré que le Théiftè
île pouvoit rien y oppofer. ) Je vois enfin par la
R e ’v e’ i . a t i o n , que /'in te rv e n tio n 'de D ieu danà
1 Univers, eft en partie relative à ces A ïïio n s des
E t r e s lib re s ’, c’eft à dire , à ces Mouvemens qu’ils
impriment par leur propre Volonté & P o u vo ir à quel:
¿ues parties de la M a t iè r e . ? ’ , ‘ ! |$? I:
- Ce$ prôpolitions font fppdamentales dans le Syfto-
>' ’ •' V ’ ' 1 l' £ me
me de la R e ’ v k ’ l a t i o n : c’eft d’ elles que découlent
lés espérances de I’ Ho m m k ; mais en même tems
elles font attachées à l’obligation d’éviter le Mal &
de faire le Bien, fuivant les Règles qui lui font prescrites;
ce qu’il lui* importe de confidérer. Si ces
Fropofitions n’ont rien en elles-mêmes qui foit contraire
à la Raifon; elles font certaines, au même
degré que la R e ’ v e ’ l a t i o n qui les enfeigne eft
certaine. Mais quelques Philofophes ont cru que la
I Raifon ne pouvoir les admettre , & parcénféquent il !> faut examiner lenrs motifs.
• Tel eft donc ici mon but; & pour cet effet je
vais préfenter lés objections fous la forme qui me
I pàroît la plus fpécieufe.
" „ La C à u s e P r e m i è r e étant infiniment bonne,
I „ fi E l l e Intervenoit fans-ceflé dans l’Univers ,
j ,, n’empêcheroit-elle pas que les Etres , tant animés
„ qu’inanimés,1 y produifiifent du M a l? E l l e n’y
„intervient donc pas, puisque le M a l exifte ; &
„ c’eft fans doute, parce que la nature des Chofes ne
„ l u i a permis qu’une P ré o rd in a tio n totale dàns un
„ feul ACte,,à l’exception de quelques cas très rares;
SI & que dans cette P ré o rd in a tio n , E l l e a produit
t „ tout le Bien poflible avec le moins de M a l poiiible.”.
Ce Raifonnement n’eft donc fondé que fur une con-
fidératioii morale*: il n’affecte point la pofîibilité de
l’intervention dé D i e u dans l’Univers ; il ne fuppofe
cette intervention impofïible, que parce qu’il y a du
M a l. Si doncl’Hÿpothèfe qu’il renferme eft démontrée
inutile pour juftifier la C a u s e p r e m i è r e ; fi le Système
de la R e ’v e ’ l a t i o n , auquel on l’oppofe, L a
juftifie plus pleinement & plus clairement ; cette
Hypothèfe perdra toute probabilité.
“ Il èft important d’établir d’entrée, & la grandeur
& la nature du Mai dont il s’agit (Tavoir la Souf~
Y y 5 fran~