
que j'avois foupçonnée, & dont j ’ai déjà eu
l’honneur de parler à V , M.
A l’Occident de la Presqu’I fle , du côté de
VEems, il y a des Moors fur les bords du Fieu,
ve. Autrefois , lorsqu’il fe débordoit & les
atteignoit , la tourbe s’imbiboit d’eau & fe
gonfloit comme une éponge. En cet état el-
le gliffoit vers le Fleuve, & en même tems
fa furface étoit impraticable pour les homme»
& les beftiaux. Un homme ingénieux ayant
reconnu cette caufe de gonflement, imagine
de Couper la communication des Moors avec
le Fleuve débordé, parle moien d’une chaus,
fée faite de matériaux folides. On mit d ’a-
bord à la furface une grande quantité de ces
matériaux, qui s’enfoncèrent par leur poids.
On en remit d’autres fur ceux-là, qui eurent
îè même fort: mais enfin, à force de recharg
e r , la mafle de ces matériaux atteignit le
fond folide; & dès lors ces Moors ne fe gonflèrent
plus. Voilà donc comment la tourU
toute faite, peut gliiler fous l’eau des Rivières.
Je m’arrête encore un moment à ces phénomènes
qui femblent indiquer un haufTement
du niveau de là Mer ; parce que j ’ai appris à
leur fujet des faits d’un autre genre. • Ils regardent
d’anciennes habitations qui font aujourlourd’hui
couvertes par les eaux de la Mer;
fthénomène peu rare fur ces côtes, depuis la
Keelandeï jusques dans là Mer Baltique. Si
to u s voyions aujourd’hui ces ruines fous les
ïa u x , fansfavoir à l’ égard d’aucune depuis
Kuel tems elle s’y trouve, nous refterîons dans
fobfcurité fur les caufes. Mais il y a des
K its connus & récens. Dans cette terrible
inondation de l’année 1 7 1 7 , qui fubmergea
■a Marjch de Wisb-hafen, aujourd’hui rétab
lie , un Village plus près de la Mer fut dé-
fru it , & fes ruines font aujourd’hui fous
j ’eau. La grande inondation du Jutland,
qui détruifit tant d’habitations dont les rui-
fnes relient couvertes d’eau dans les plus bas-
ifes marées, ne date que de 150 ans.
Or le rapport du niveau des eaux avec les
m/larfchs fubfiftantes, refte toujours à peu
t r è s le même; ou de moins, la différence
h qui procède probablement de la même cau-
Kfe) n’eft presque rien en comparaifon de cel-
les dont je viens de parler. C’eft donc le fol
■qui s’eft abaiifé, & non la Mer qui s’efi; éle-
Bvée. Voilà ce qui paroît le plus probable :
■mais je continuerai à étudier les faits enm’ap-
■proehant de la Hollande, dont le fol eft évi-
■demment plus bas qu’il ne devroit être, fi fon
■niveau n’avoit pas changé rélativement aux
eaux