
H I S T O I R Ë X I P a r t i e ;
^oir, que la partie eflèntielle de la R e l ig io n alloir
être vi'étivne dans le Grand-inonde de (a mauvaiië
défenfe ; & croyant qu’il falloit fe hâter d’y fauver
âù moins l’appui que les Moeurs & les Efpérances
des Hommes trouvoient dans la Raifon, il | fe rangea
du côté des Philofophes qui ne cherchoient que paj-
dette voye feule des fondemens à la Morale , pour
Combattre plus furemenc, l’Athéisme , & le Matérialisme,
fyftêmes monftreux qui laifTent: l’Homme
fans Efpérattcé. & fans Frein. ,
Il fe défia trop des forces de la R e l ig io n elle-
même; & entraîné par la chaleur de la dispute , il
alla plus loin qu’il n’avoit voulu. 11 refpefloit le
jÇhriftianisme au fond du,coeur;, jç le .fais & il l’a
montré. Mais voulant faire ceifer cette Perfécution, J • - J i ' ' ■ i (. . I . ■ . | ¿,1 ; •"> l; ■•hJ' MBEÎ
èxercée -fur ceux qui, de bonne foi, cherchent ailleurs
les fondemens de la Morale , il entreprit de prouver;
que les Caraétères de cette Source n’étoient pas allez
évidens, pour taxer d’impiété ceux qui, en çherchoieni;
¿ne autre ; & en eflayant de montrer cé manque d’évidence,
if contfaéfa lui-même du Doute. '.Mais i f fe
trompoit fur la force de fes objections: elles ne font
pour la plupart que de ces difficultés que trouve l’Hom-,
me dans tout ce qu’il examine , le reftè cède à
des réponfes aifées. C ’eft ce que lui a montré
notre commun Compatriote Mr.‘ R oustan , digne
de répondre à un Homme tel que lui (a).
Cette* apparition de R o u s se a u fu r la Scène ‘théo-
ï j | iV.,\ . % loi
(a ) Examen de la ProfeJJton de Fsy du ViCArlaa Sa-
JfQYAB®.
j L e t t r e CXLVIII. d e l a T E R R E * 753
! logique, qui, à mes yeux, fait Epoque, eft une
grande leçon pour les défenfeurs des faines Maximes.
Il faut les expofer Amplement, & les laiilèl
agir par leurs propres forces fur les efprits & fur les
coeurs.
Je le répète ( parce que je lé vois dans toute
I l’Hiftoire de l’Humanité), lTlomrr.è défoeuvré eft
I inquiet-. Il ne fe. fait d’idée de Bonheur que dâns
1 la nouveauté ; parce qu’il a épuifè trop tôt fa capacité
de "fentir lés Plaifirs fimples, & qu’hors d’eux
il n’y a "plus rien de folide. Sefforçant alors de
I franchir les bornes que lui preferivoit la Nature, il
I iënt partout fes Chaînes : il s’irrite, il eiTaye de s’en
: délivrer,* mais il ne fait que les appefantir, car la
ï Nature fage ne lui cède pas. L ’épier dans fes e f- 1
l| forts inutiles, auxquels fuccède l’épuifement; faifîr■
I ces momens de calme forcé, pour lui mettre fous
I les yeüx les objets confolans dé la Religion, qu’il
j pourrait encore embrafièr s’il lui reftoit de la fa-
gefiè,* c’efl là tout ce que peut & doit faire le Phi-
lofophe religieux.
Mais c’eft en même tëms un devoir étroit, & ce
devroit être un ardent defir, pour chaque Individu,
dès qu’il douter que d’entrer promptement en examen.
Il effc fi important pour tout Etre qui pen-
fe, de fa voir se qu’il efî & où il tend \ „ L ’étu-
de propre à l’Homme , eil l’Homme,” dit Pope ;
I & : rien ne doit être,mieux fenti. Cependant fi
I c’eft la plus naturelle de fes Etudes, c’eft en mê*
Tome V. Bbb nie