
apprend, que le M a t , dans le plan de la Div in i ,
te’ , eft le moyen le plus convenable de produire,
par fes conféqùences, le plus grand B ien poiïible :
Elle nous en donne même des exemples fréquens ,
d’après lesquels l’Homme attentif en découvre aifé-
ment de nouveaux presqu’à chaque pas. Je n’entrerai
pas dans les détails de ces exemples ; mais
^examinerai fous un point de vue général, cette
liaifon du M a l au Bien dans le Monde.
J’obferve I’Homme, & je vois que le Sentiment de
la jouijfance eft feul pour lui le Bonheur : que la
pojfejfion des moyens, ni la capacité de fe n tir , -he
font rien encore , jusqu’ à ce que ce Sentiment de
jou ijfan ce foit né. Combien d’Homtnes ont ces
moyens & cette capacité, fans être à beaucoup près
auiii heureux, que d’autres pourroient l’être à' leur,
place! & feulement, parce qu’ils n’ont pas éprouvé la,
p riv a tio n . C’eft là une obfervation de tous les jours.
Confidérons maintenant la nature de I’Homme. C’eft
un Etre borné ; & parconféquent il n’a qu’une certaine
capacité d’ embrafler des_objets. I l éprouve ces
bornes à l’égard des objets de Bonheur , comme à
tout autre ; & cependant il en eft infatiable. Mais
l ’ expérience nous découvre un moyen, par lequel les
mêmes objets, qui n’auroient, pas fuffi à fonBonheur,
peuvent y fuffire : il faut qu’i l ait apperçu ou corn
nu leur abfence. C’eft par cette p riv a tio n antécédent
e ,'q u e les objets s’appliquent à lui d’une manière
allez intimé , pour remplir fa capacité de jouir ; &
alors il eft fatisfait.
Que de gens, par exemple , ont befoin qu’on leur,
dife, vous êtes bien heureux ! pour fentir qu’ ils le
font? N’ eft-ce pas là un des motifs qui portent les
Biches à faire parade de leurs RichelTes ? n’eft- ce
pas l ’unique motif qui paillé déterminer quelques
v : ho*nhommes,
à révéler des fecrets, que tout d’ ailleurs
leur faifoit une loi de garder ? L e s uns & les autres
cherchent ainfi à aiguifer un plaifir trop fo ib le ,
foit par lui-même , foit par leu r capacité de le fentir
: ils, ont befoin que la p riv a tio n , chez, eux ou
che z d’autres, foit pour eux un ohjet.de cotnparai-
fon,; & c’eft du contrafte des d e u x , ob je.ts que naît
enfin ce J,intiment, de jou ijfan ce , qui eft le Bonheur.
C’eft donc ainfi que l ’Expérience , nous montre
.1’Homme;; & nous fentonâ que cela découle naturellement
de l’idée d’un Etre borné ; ç’eft-a-dirç , d une
capacité bornée d’embraffer des objets. On^ ne
m’objeétçra pas ces Ê n fa n j qui meurent en meme
tems qu’ils voyent le, jour:.nous ne connoifions ni le
.moment o lxY Am e commence k fe /enfin, ni l ’etat où
elle fe trouve alors; & nos connoiiïances. en généra
l - font i trop bornées ,' pour décider; qu’ il< pé fau-
roit y avoir, à l ’égard de I’ E n fa n x , un. état pré p
a ra to ire , qui rempliffe le but de, celui, de i Homme
en renfermant aufii des p riv a tio n s. . :
., Mais on objectera peut-être qu.e S’il faut a voir
éprouvé quelque Douleur ou Privation » pour en avoir
une idée, r é e lle , - q u i , comparée à l a j/ y / ffa / fe , fa i-
fe fe n tir celle-ci ; Dieu auroit' pu noqs faire apperce-
voir une Douleur & une P r iv a t io n , très petites &
très courtes, & nous ppuryoir en même tems d’pné
.im a g in a tion propre à le s groifir idéalement, au point
de produire le fentiment de la jouijfance
Je réponds que ç’ eft précifément ce que D ie u à
fait. Car la, foujfrance de. I’Hommk eft infiniment
petite & courte, en coraparaifon du Bonheur qui lui
eft deftiné & de fà durée ; & c’eft fon Im agination
qui la g ro ffii. C’eft à quoi je reviendrai bientôt,. .
Voilà donc un Bien in fin i, c^\x\ réiulte d’un très
petit, M a l. Voudroit-oa encore pour admettre que
Dise