
demeure«. On s’accoutume à cet état & on
fe néglige, même pour l’habillement; je n’y
connois guère d’èxception qu’en Hollande ;
encore y procédé-t-elle des pavés de brique
bien entretenus. Dans les Colonies des
Bruyères, le même effet fe produit naturellement
: les habitans de tout genre, ne marchant
que fur le fable oü le gazon, font toujours
propres ; l’abord de leurs chaumières
eil propre, & ils fe plaifent à entretenir la
propreté dans l’intérieur & fur eux-mêmes.
Nous étioïis frappés de la différence agréable
de tout cet aspeét, comparé aux Villages des
Pays gras où l’on n’eil par forcé à la propreté
comme en Hollande. C’eil vraiment
dans ces Bruyères, que les Villages ont l’air
champêtre ; tant dans l’intérieur dés demeures
qu’à l’extérieur. La grande pièce de la
maifon montre à' découvert' tous les agréables
détails de la vie ruilique. C’eil toujours
une grange, aux deux côtés de laquelle fe
montrent des étàbles ouvertes ; & la cuiii-
ne eil au fond. Là fe préparent les laitages,
en même tems que les vivres. Et comme
tout eil propre fans affeélation, on y fent
réveiller chez foi toutes les idées agréables du
champêtre.
Jusqu’à Wietzeniorf il y a encore quelque
cul.
L e t t r e CXVII. d e l a T E R JR E . 37
ture éparfe dans la Bruyère, & on l’écroute
partout où elle eil à portée des habitations.
Mais de ce Village on entre vraiment dans le
fanêluaire de la Nature. Nous y marchâmes
f x heures hier matin, fans appercevoir d’autres
habitations que quelques huttes de Bergers
, & la chaumière d’une famille naiffahte
qui s’eil hazardée à établir un Cabaret dans
un lieu où il y a un peu de paffage.. Voilà
un germe, qu’on ne laiffera fûrement pas flé-
I trir ; car avec un peu d’aide il deviendra un
Village. D ’ailleurs, fi les trop grandes V illes
corrompent les hommes, la folitude, fur
I un paffage, n’eil pas moins dangereufe.
Il-faut donner de la compagnie à ce Ca-
baretier.
La bruyère, haute partout dans -cetté étendue
, excepté dans les lieux où elle a été brûlée
récemment, montre qu’on n’écroute
point. Et qui écrouteroit ? C’eil dans cet
espace que nous avons fondé la couche enrichie
par les dépôts de l’air & la végétation.
Nous l’avons fait dans les fonds & fur les
hauteurs, fans trouver rien qui différât de ce
que j ’avois vu fur les Collines de la Cueldre
| & fur les Montagnes des Pays de Liège & de
Taderbornj c’eil* à-dire dans toutes les parties
de ce fol fablonneux. Car ces vaites Bruyères ne
C 3 ^ (f font
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