
grande ferme. Ces Villages f hameaux, otj
Amples Colons, une fois établis, & couvrant
finfi tout le terrein, auront donc encore de
grands progrès à faire vers la culture, Mais
il eft extrêmement fage de les établir ainfi;
Quand on plante la vigne, & qu’on manque
de bon plant pour en peupler d’abord tout
le terrein autant qu’il pourroit l’ être, on met
plus de diftance entre les boutures, & l’on remplit
peu à peu les intervalles par des provins.
Toutes ces boutures Colories pulluleront de même:
les anciens Villages, avec leursimmenfes
Communes, deviendront de petites Villes de
campagne, entourées de jardins çommeOj»a.
Iruck; & les Amples Colons ifolés, formeront
peu à peu des Villages. Tous ces petits
établiflemens épars, dirigés par un Gou.
vernement philantrope, ne couvriront point
la te rre , en s’agrandiflant, mais en multi-
pliant ; ils feront la vafte & folide bafe de la
vie champêtre; il ne s’y élévera point de ces
gens riches, dont les chsrues mercenaires
faccagent tout comme des bataillons. 1
Au - de là de la Colline des tombeaux, nous
trouvâmes les Villages d’Egeftorf & Zahren-
dorf t qui montrent encore cette prospérité,
feule defirable à la campagne ; les babitans y
Rivent heureux par l’égalité. De là nous
enentrâmes
dans un des bords de la Forêt de
Carlsdorf (Garlstorfer Wald ). C’eft dans ces
Forêts principalement que croît le mirtille,
ï o n c les gardeurs de troupeaux cueillent les
payes pour colorer le vin à Hambourg.
■Comme on fe trouve ici tout près de la teintu
re , & que ces vins n’ont pas encore eu le
*ems d’en dépofer le fuperflu, il n’eit pas be-
foin d’être fort habile pour découvrir Pingre-
Kient. J’ai remarqué plufieurs fois, qu’après
lavoir bu ces vins rouges , on a les lèvres teintes,
comme après avoir mangé les, bayes mêr fes. Mais comme elles ne m’ont jamais fait
; mal dans les Montagnes, je ne crains pas
:tte altération.
La Forêt de Garlsdorf ell en partie de Hêtres,
& j ’ai appris à cette occaiion, que les
Colons ne les aiment pas ; parce que le dessous
de ces arbres ne fe gazonne point. Leurs
feuilles, très dures, s’entaiïant par couches
les unes fur les autres, & forment du terreau
par deiTous : mais les couches fupérieures ne
ïont que de feuilles ferrées , entre lesquelles
|1 ne peut croître que certaines plantes, que
le bétail ne broute pas.' Ils préfèrent donc
de beaucoup le chêne ; & Fon ne plante jamais
des hêtres près des habitations. Mais
le terreau de deiTous ces feuilles devient peu
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