
Dieu gouverne l’Ünivers, qüe même cet infiniment
petit Ma l n’exLftât pas? Mais un Bien qui, par
'fa nature, ne fauroit naître que d’une privation an-
" técëdenté, exige néeeffairemènt cette privation ; l'existence
de l’un fans. l’autre eft contradictoire, ' & la
'^ oute - puissance n’enibrafïe pas les Contradictions.
L’Imagination, ai-je dit, groffit la fouffrance de
l ’Homme; & ce n’ eft pas feulement en oubliant
¡de la'comparer au Bien infini qui doit en rëfulter
dans tine durée infinie ; c’eft en la groflifiant en el-
Tè-'Wêfnë, & fe peignant l’ffunianité comme matheu-
reiffe dans fon état aétuel. La plupart des Philofo-
phes qui repréfentent ainfi le fort de l’Humanité,
.vivent dans les V ille s , ou rie confidèrent que ce qui
fe paffe dans les Villes j & c’eft d’après leurs ob-
fervations fur cette petite partie de l’Espèce liumai-
41 e , qu’ils jugent de l’état de fon enfembleJ Mais
qu’ ils étendent plus loin leurs regards ; qu’ils vifitent
les Campagnes éloignées des Villes ; qu’ils en étudient
les Ilabitans, non d’après ce qu’ils defireroient
eux-mêmes , mais en fe faifânt une idée nette de ce
jque défirent les Hommes quand ils ne font pas for-,
tis de la Simplicité ; & ils ne penferont plus qu’il
foit befoin de grands efforts pour juftifier la Caus
e P R EM IE R E . _ . j; .>
On répliquera fans doute, que fi les V ille s font un
Mal, elles ne devroient donc pas exifter fi Dieu
Intervient fans ceffe dans l’Univers. Mais' confidé-
rons ce qui produit les Villes, & a quoi tend encore
le Mal qui s’y trouv e. Il falloit que lès Hommes
s’aimajfent mutuellement ; pour qu’avec leur ardent
defir de bopheur ils s’entr’aidafferit f plutôt que de
fe nuiré ; & qu’en même tems chaque individu eût
ton propre fionheur pour premier objet, afin que ce
fût cheè liai un principe irréfiftible d’àétion. 11 falidit
ëncore que I’HomMe fut cürieux ; pour qu’il eût
des fources de Bonheur dans le fpeftacle des objets
qui l’ environnent & dans des recherches de divers
genres. I l falloit enfin, qu’il y eût de la différence
dans le degré d'aCtivité des Individus & dans leurs
penehans; pour qu’en vue de leur propre bonheur,
ils formaffent l’enfembÎe de la Sôcièté.'
Je ne fuivrai pas ici dans leurs effets, celles des
conféquences de ces dispofftions d’ou refultent le s
VÎUEES; ils font affez évidens par eux-mêmes, ain-
fi que l’utilité des V i l e e s bien ordonnées. On
peut voir en même tems, que c’ eft dans les Villes
que doit fe concentrer le ‘M a e , inieparable dû Bie n ,
dans’ lès dispofîtions de l’ Homme, & qu’ils y concentré
pour un bien : car c’eft là que les excès, s’ oppo»
fànt immédiatement les uns aux aûtres ', fe fervent
tnûtuéllemènt de limites." Or je demande, fi nous
fommés- en état de* décider, que la limite totale
n’eft pas pofée , au point précis qui devoit produire
ie ntaximum àu E icn l
I l feroit donc attfïi contradictoire que le B ien , rê-
fultant des dispofitions de I’Hôjîme, ne fût pas ac-'
compagné de ce petit Mal particulier : ou du moins,'
perfonne ne fauroit décider, que cela n’eft pas contradictoire.
'Et en général, quand on êmbraffe l’HU-
mànitb’ entière, on voit que l’Imagination de quelques
Philofophes l ’avoit peinte avec des couleurs '-qui
obfcurciffoient les objets; & que de là naiffoient four-
dément, les objections contre la P r o v ï b e n c k .
C’eft afin de le montrer, que j ’ai répandu dans le
cours dès relations de mes Voyages, nombre d’ob-
fervations fur l’état de I’Humanite*. Elles ferviront
j ’espère à foulager l’ attention du Leêtenr dans les
èxamens parement phyfîques ; mais on voit ' ici , que
ce n'étoit “pas mon but principal.