
INTRODUCTION
A U X L E T T R E S S U I V A N T E S ;
Si l'habitude d’envîfagèr les objets fous certaines
faces, eft uu obftacle à ce qu’on les faififte ai.
fement fous de nouvelles, j ’aurai beaucoup de dé-
favantage dans l’explication qui va fuivre du Syftêtne
cosmologique de la Gene se ; & l ’on doit trouver na>
turel, que je la falTe précéder de quelques réflexions,
■téndantes a la faire lire avec moins de pféjugé.
Quand la Philofophie intervint dans les objets qui
intereffent la Religion, elle y apporta tous fes Systèmes,
& en particulier ceux qui regardoient une
C a u s e p r e m x é r x , fa nature & fes Perfedions,
1 origine de \ U n iv e r s , celle de l’Homme, & les premiers
Ages de notre Gtbbè. La G e n e s e alors fut attaquée
, & cela etoit naturel : car tous ces Syftêmes, !
d ayant presque encore de fondement que dans
1 Esprit humain, n’auroient pu s’y accorder qu’accidentellement.
Cependant plusieurs Philofophes , connoiffant
mieux la portée des connoilfances humaines , perfua-
des qu’elles ne s’étendoient pas jusqu’à ju g er , d’après
la nature de certains objets qui paiïbient pour
révélés , s’ils l’étoient réellement, s’attachèrent à
examiner les preuves hiftoriques de ce qui étoit
trè$
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très généralement regardé comme ürië Révélation J
¿¿les trouvant .fufiïfajlites> ils. lui réftéreiit attachés-
Peut-être eût - il été à fouhaiter qu’ils en fuflént
demeurés là. Les disputes fur quelques-unes des!
cbofes cnfeignées dans cette R e ’ v e ' l a t iOî î fon€
interminables, dès que l^Homme prétend lés juger *
avant que d’avoir rafiemblé affez de connaisfanceS
fur les Faits. Et combien peu en avôi t -on, dàhâ
l’origine de la dispute ! On conteftoit fur la N a tu r
e , & l’on, n’y connoiffoit presque rien : ori
putoit fur X’ fJiJlo ire de la T e r r e , & l ’on étoit très
peu avancé dans YHiJlow e naturelle. A chaque at-^
taque pontre quelque partie de la G è n e s e , leS
Philofophes qui lui étoient attachés imaginôîênt des
S.yftêmes , & s’efforçoient de faire cadrer le T ex te
facré avec leurs idées cosmologiques,
Lorsqu’on eut fait quelques découvertes dàrtS
cette partie de Y H ifto ire naturelle qui regarde les
Subftances dont eft compofee la Surface de la Terre
& leur arrangement, le fort du combat fe porta fut
l’ancienneté de la Terre & fur la Queftion du Détii*
ge univerfel. Les Pliilofpphes attachés à la R e ’ v e'*
l a t 1 0 x , citèrent en leur faveur ces Cot^ uillageé^’
m a rins ,• ces Os dyA n im a u x & ces rejtes de V?gétaupi
ferreftres qui abondent parmi les Fo jfd es. Mais
bientôt on leur, f ît de telles objections, tirées des
Faits déjà connus & de la Phyfique, contre une Origine
de là Terre a,ufji moderne que celle qu’ils avoient
conçue, & contre une Inondation générale de fa
Surface , par des Pluies ¿ dés Eaux venues on ÜO
favoit d’où, qu’ils furent obligés d’ avoir recours h
des Hy-pothèfes phyfîques , pour expliquer , & la for*
mation de la Terre & cette Cataftropbe.
De là les, S.yftêmes de Schuchzer , de Btffhet,de
Whifton,de Leibn.itz & de tant d’autres, o ù l ’on tl*
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