
,,T: On commenda huit hommes , avec une feine,
„ pour pêcher dans ce Lac, où ils prirent de fort
^ beaux Poissons, tels que des Carpts, de*
„ Meuniers, & une forte de Saumon, gras & de
„ fort bon goût; & en parcourant l’Ifle, on y
„ trouva une R ivière qui étoit remplie de fort
„ grofles Anguilles.
Voilà donc des Poiffons d'eau douce, & qui cependant
font venus de là Mer. C’eft là un fil qui
nous conduit déjà fort avant dans cette daife de
Phénomènes ; car il nous fait jetter les yeux fur
tant d'IJles volcaniques qui exiilent & font habitées,
& place tous leurs Poiffons d'eau douet
dans la ClaiTe de ceux qui peuvent , fans fe-
cours particulier, paifer de la Mer dans les Rivières
; & s 'il eft bien fûr qu’il n’y en aît point dans la
M e r qui leur raiTemblent, il ne reile qu’a admettre,
qu’ils ont perdu leur première apparence par le
changement d’EIément. C’eft là fans doute ce
qu’ont fuppofé implicitement tous les Cosmologis-
tes qui, partant d’un Globe entièrement couvert
parla M e r, en ont fait fortir nos Continens de quel-1
que manière que ce foie, fans faire mention de
l ’origine des Poiffons d'eau douce.
Mais dans notre R é v o l u t i o n nous avoro
deux voyes pour multiplier ces espèces ; dont une
d’abord put en conferver, qui étoient déjà à'eml
douce & qui fe trou voient dans les Continens détruits.
Car les Flcuves fe formèrent fur les nouveaux
ConiUïens à l’inilant qu’ils furent découverts,
H &
& même dans toutes les IJles qui les précédèrent.
La grande agitation de la Mer,les Feux qui s’allti-
moient dans lè nouveau L i t , les Vents qui réfùl-
toient de tout cet enfemble, produifirent une
évaporation extraordinaire & des Pluie prodigieu-
fes. Des Torrens d'eau douce fe formèrent dans
ces IJles, & pbuifuivant la Mer dans fa retraite,
ils purent offrir des Ports à quantité de Poiffbns
des anciens Continens, qui échapèrent ainîi à la
deilruélion, dont unjplusjong féjour dans la Mer
eût été la caufe.
Enfin ces Lacs, qui d’abord ne furent que de
Ÿèau même de la Mer , & qui fe changèrent par
degré en Lacs d'eau douce, furent un moyen de
produire des transmutations qui n’auroient pu s’opérer
par le paifage immédiat des Poiffons delà Mer
dans, íes Rivières. > (Quelques Espèces , füscepti-
bles de ce changement , peuvent redouter Y'eau
douce àja première approche, & la fuir, ou même
y périr; tandis que leurs générations fucceifi-
ves pourroient s’y faire à,la longue; & c eft ce
dont nos Lacs leur fournirent le moyen. Il en
relia dans ces Lacs avec Veau de Mer', l’eau y devient
douce avec plus ou moins de lenteur, fuivant
leur étendue; & quelques Espèces de Poiffons purent
s’y habituer , par des changemens dans le tempéram-
wnt des générations fucceffives ; d’où réfülterent
auffi des différences fenfibíesdans leurs apparences:
nous en avons beaucoup d’exemples en d autres
claffes d’Animaux; De la diverfité de lenteur dans
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