
la Raison feule fur ces grands Objets d’après la
F hysiquk , il faut voir ce qu’elle peut oppofer,
d’après la même Règle, à ce qu’en dit la R e ’ve’.
L AT I OU.
Je ne fuivrai pas un plan méthodique dans la
marche de cet examen : je CQnfidérerai feulement
les objeftions qu’on a faites contre les objets' fondamentaux
enfeignés par la R e’v e ’i a t i o s , &
fans y mettre d’autre liaifon que celle qui réfulte-
Ta du fujet,
X -e premier objet que j’examinerai, fera l’Evénement
même qui m’a fervià prouver la R e ’v e ’la -
t i o n par la Phyfique, VHifioire naturelle &£ l’Histoire
des Hommes. La Senfibilité s’irrite à fon fuje
t, & quelques Philofophes s’écrient; ’’ Quoi! eft-
», il poilible de penfer, que le C r e ’a t e u n de
», l’Homme eût voulu détruire en un moment près-
», que toutes fes Créatures exiftantes fur la Ter-
„ re; tandis qu’elles ne devoient éprouver jamais
», que fa Bonté ! ”
Si nous envifagions le R e’ vk ’l a t i o n par ce
côté feu l, & que nous y bornalîions notre examen,
j ’avoue que l’objeftion feroittrès folide. Mais
eft-ce ainii qu’il faut la juger? Embrafî'ons la R e ’v
e ’l a t i o n entière, & voyons ce qu’elle, nous
apprend, ” l’Homme ne finit point, quoique fa
a 'V ie aéluelle foit terminée. D i e u jugea con-
», venable en ce tems là, de renouveller l’Espècè
„ humaine dans fon état perceptible pour I’Hom-
„ me : mais comme ces Hommes qui moururent
„ alors ne finirent point, la continuation de leur
„ exiftence fut le moyen par lequel fe concilièrent
„ la Bonté de D i e u & fa Sageffe. Ainii la Sen-
„ fibilité de l’Homme n’eft pas Juge de la convenan-
L Ce*â l’égard de cet Evénement; parce qu’elle n’ap-
L perçoit qu’un inftant dans, l’Éternité- ” Tel eft
l’enfemble que doit embraûer la Philofophie ; & a-
llors qu’y oppofe-t-elle? J’ai montré par la P h y s i -
[q u k , qu’elle n’y oppofe rien.
Revenus de ce premier mouvement de Senfibili-
î té peu éclairée, nous pouvons même, en confultant la
Révélation, entrevoir les deifeins de D i e u dans
icet Evénement. L’Homme avoit corrompu fes
\voyes. Les terres qu’il habitoit étant très fertiles,
exigeoient peu de travail pour devenir fécondes : la
longue Vie de l’Espèce humaine, fuite d’une grande
falubrité de l’Air & des Alimens, produifoit chez
les inctividus l’ennui des chofes fimples. De la, naif-
foient des defirs vagues de Bonheur, qu’ils cher-
Choient à réalifer en empiétant les uns fur lés autres.
Mais il fe préparoit au fein des Eaux» un»
nouvelle demeure où cet état devoit changer.
La première Race des Hommes fut donc retirée
de fon étatvifible , & la. Surface de la Terre éprouva
un grand changement. Une Bouture choifie
renouvella l’Espèce humaine fur de nouvelles terres,
& la perte apparente qu’avoit fait l’Humanité,
fut bientôt réparée, même avec augmentation. Car
une fucceflion plus rapide d’Hommes vifibles, augmente
le nombre des Individus de cette Claffe d’E-
tres, qui font appellés à jouir au delà de l’état
préfent. L’Espèce Humaine, confidérée d'ans fon
tout, gagna donc aulieu de perdre.
Et quant à cet état préfent même ; les Hommes,
plus occupés de'leur fubfiftance » éprouvèrent moins
les effets des Pallions, qui fe dépravent par trop
d’aifance & par l’oifiveté., Reliant moins dans cet*
te première exiftencè, les effets des Pallions exaltées
pqrent moins s’ accumuler dans chaque Indivi