
épaifle que la couche de vegetable pure
qui couvre les furfaces pierreufes des Montagnes;
ce qui vient fûrement de ce que le fable
augmente la première. !
J ’ai eu l’honneur de dire à V . M. que la
feule altération que çes Bruyères ayent encore
reçue des hommes, eil qu’on y met le feu de
tems en tems. Quand la bruyère eil devenue
haute & fort ligneufe , elle ne-pouffe que de
tres petits jets annuels , & les moutons y
trouvent .moins à brouter. C’eil par cette
raifon qu on la brûle; & l’on y gagne doublement
: fa cendre eil un engrais , & le ter-
rein découvert repouffe de jeunes plantes.
Si 1 on veut favorifer la bruyère, on fait cette
opération au Printems; parce que fes graines
font alors répandues. Si au contraire on
veut la détruire pour avoir des herbes, on
la brûle en Automne, avant que fes graines
puiffent fe répandre. On diflingue très bien
les espaces brûlés dans l’un & l’autre but.
Ce n’eil pas une chofe indifférente, &
permife fans précautions, que de mettre le
feu à quelque partie des Bruyères ; car il peut
en réfulter de grands açcidens. Si le tems eil
b ien fe ç , & qu’il faffe du vent, le feu s’empare
de la bruyère avec une rapidité terrible •
& fa divergence eil fi grande, qu’il faudroit
pour
■pour l’arrêter, bien plus de monde que n’en
Ifourniffent ces déferts. Alors il peut gagner
■quelque Bois & y 'mettre auffi le feu. On.
i c o n n o î t par expérience la poffibilité de ces
■accidens, & l’on y prend garde. On ne met
■le feu nulle p a r t. que fous l ’autorité, des
■JBaillifs ou de leurs Officiers ; qui alors font
■prendre toutes les précautions convenables.
■Onçhoifit le vent en conféquence du lieu; on
■coupe la bruyèredans une: certaine largeur tout
■autour , afin que le feu s’ y arrête ; & l’on ne fait
■même cette enceinte, qu’en conféqiience du
■monde qu’on a pour y veiller; afin de pour
v o ir être fûr d’arrêter les progrès du feu,
■cas que le ven t, ou les racines, le propa*
I geaffent plus loin. A in iî, lors même qu’on
■veut brûler un grand espacé, pour peu qu’fl
■y ait de danger pour les environs, on ne le
H brûle que par parties & à jours différens. '
Au milieu de ces Bruyères fe trouve un très
■ grand B o is , qui porte un nom bien trille;
■ c ’eil celui de Magazin des vols (R aube animer).
I Ce Bois en effet étoit très dangereux autre-
I fois ; mais aujourd’hui on peut le traverfér
I farfs crainte. Quand on n’auroit fait d’autre
I bien, en étafiliffant ça & là des Colonies dgns
I ces déferts, que celui de rompre là continuité
I de ces vailes espacés qui pou.voient devenir
C 5 des