
l’Air ne noos aurait point fait découvrir plus di-
ftinétement les Satellites de Saturne.
,, H eft manifefte que le St. Barnard étoit connu
des Romains. Non loin du Couvent, & fut
le territoire de laVal-i'Aofie, eft une petite esplanade
entre des Rochers, où ils avaient probablement
eux-mêmes un Hospice }ü ce n’étoit un Temple
: on y voit épars des débris de Murs, &
quelques Corniches faites delà rocbe quartzeufe blanche
de ces Montagnes. Il y a quelques années
que des Médailles, trouvées par hazard , firent
fonger à fouiller dans ces Ruines; & l’on y en
trouva quantité des Empereurs, quelques înfcrip.
tions, & plufîeuts petites Statues de bronze. Le
chemin par lequel on arrive à ces reftes de l’Antiquité
eft taillé dans le roc, qui eft d’un Scbijie micacé
très dur, pierre dominante dans cette partie
de la Montagne.
,, La Gorge du St. Bernard, qui eft probablement
la plus élevée des Alpes où paffe un grand’-
route, eft auili la plus redoutable en Hiver. Sans
YHospice3 il fe fermeroit entièrement, comme
tant d’autres qui ne fervent qu’en Eté pour paffer
d’une Paroiffe à l’autre. Nous pûmes juger du
grand nombre d’accidens qui < arrivent encore-,
malgré l’aide du Couvent, par la quantité d’Offe-
mdns& même de Cadavres encore entiers, que
nous vîmes raffemblés dans deux Chapelles, dépôts
des reftes de ces infortunés. L’une de ces
Chapelles eft près du Couvent, l’autre eft à une
lieue plus bas du côté dir Valais. On auroit trouvé
difficilement entre ces Rochers un lieu propre
à
à un Cimetière; ce qui a fait prendre le parti cfe
conftruire ces Chapelles, où, par la grande pureté
de l’a ir, ces triftes refte fe confirment fans
corruption. v
„ Ce qu’on appelle Tourmente dans ce« Montagnes,
eft vraiment une chpfe terrible. La Neige,
réduite en poufïière par la durée du froid, & chaînée
par un Vent violent comme des Nuées, effa-
[ce bientôt toute traee de Sentier battu & les en-
ffévelit, en même tems qu’elle cache tous les objets
éloignés qui pourraient fervir de renfeigne-
ünent. Incertain de fa route , l’infortuné 'Voyageur,
qui fent foiblement le Sentier fous la Neige,
le perd bientôt entièrement & s'enfonce de
plus en plus; La fatigue & la crainte épuifent fes
force; il s’arrête, le froid le faifit,- un Sommeil,
perfide par fa douceur, s’empare de fes fens ; il
[s’endort. . . . & pour toujours s’il n’eft fecouru.
J „ Dès que la Tourmente s’appaife, il part des
|Domèftiques du Couvent avec du vin des ligueurs
& des vivres, pour aller au fecours de ceux
qui pourraient être en danger. Des Chiens les
■précédent, qui, nageant pour ainfi dire dans la
■neige avec une flngulière ardeur, marquent infail-
I liblement le Sentier. Ces hommes descendent
ainfi du côté du Valais, d’abord jusqu’à un JBâti-
pent conftruit exprès pour fervir de refuge à
jceox qui ont lé bonheur de le découvrir; & ils f aient enfuite plus loin. S’ils trouvent quelques
iâimes de la Tourmente qui vivent encore, ils les
animent avec leurs liqueurs, les font manger,
l& les mènent au Couvent. Quelquefois ils les
■trouvent endormis fur la Neige, ou même dans le
Ee y Bàtj«