
uniquement de défauts extérieurs dans quelques
Branches des Opinions vulgaires, n’ont-ils pas témérairement
tenté de porter jusqu’au Tronc leurs
dangereux Inftrumens! L ’Humanité eft bien heu-
reufe de pouvoir fe guérir par elle-njêmè! Sans
cela, que n’eût-elle pas fouffert déjà dé ¡tant de
prétendus Médecins!
LTliltpire de l’Humanité , non fuperficielle-
ment parcourue, mais étudiée dans fes parties essentielles
, nous découvre une vérité bien impor-
r tante fur les fources des vrai^ maux de l’Homme ;
c ’eft que de tout tems, Taffoibliflèment de§ Principes
religieux,.chez les Hommes oififs (en qui
Feuls ce malheur a ià fource) , a laiifé dans leur
Coeur un tel vuide , qu’ils ont été obligés de chercher
hors d’eux-mêmes des moyens de Bonheur ;
Çt que le plus dangereux de tous pour l'Humanité
» a été la recherche de là Confidération. Se tentant
moins d’eftime pour eux-mêmes, ils ont eu
un plus grand befoin de celle dé§ aigres; & paf
une fuite de l’injuftê mépris pour le Vulgaire,
(mépris qu’eux-mêmes ont créé) , attaquer fes
Opinions de tout genre, eft devenu un moyen de
Confidération. Et. ici fe manifefte bien vivement
la foibleflè de la Morale purement fpéculative. '
Car le Motif le plus puiiîànt qu’elle ait imaginé
pour porter les Hommes au bien, eft l ’üne
des plus grandes fources de leur mal. Il n’eft
pas befoin d’exciter ce Principe d’Aétron, le de-
ûr d’être confidère ; il né prend que trop
d’énergie chez la plupart des Hommes*: c’eft
une de ces Paillons qui kurétoient nêceflàires, mïii
qu’os doit plutôt calmer qu’exciter.
Cette remarque embraife tous les' objets des Opinions
vulgaires f mais elle eft principalement applicable
aux Principes religieux ; & la Politique feule
peut en approcher, parce qu’elle eft encore un objet
de forte Paifion. Un Peuple content & heureux,
par Un enfemble qu’il fent & he juge pas, peut être
âifément rendu inquiet & malheureux, fans que rien
ait changé'pour lui; toutcomme une Nation, jouis-
fant paifiblement de tes Opinions religieufes & de
fön Culte, peuç être portée à fe déchirer, en fe di-
vifant en Partis intolérans.
. La R e l ig io n en général faiiit le Coeur de tous
les Hommes: que doit conclure de, cette obfervation
uni verteile le Philqfophe attentif?. N ’eft-ce ppintj
que pour détruire la R e l i g i o n , il faudrait changer
la nature de l’Homme ? Examinons cet objet,
d’après tous les Principes des Philofophes mêmes
qui réfutent de reconnoitre les Bates facrées dé là
R e l ig io n .
Serait-ce ceux d’entre les Moraljftes, quf res-
peélent les Pafjions par deflus tout de les regardent
comme les* feüls vrais (Suides de l’Humanité,
qui devraient méprifer en même tems la plus?
forte de toutes, celle qui l’emporte quelquefois
chez l’Hommé für ledefir de fa propre confervàtion?
Ceux qui reconnoiiTent que les Paßtons ont befoin
de frein ; qu’il faut, pour le; bien de PHUmanité,-
iés contenir les uôès par les autres1; devraient - il«
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