
i l eût' parlé enfuite d’une nouvelle T e r r e , fortie
on ne fait d’où, & qui devoitêtfe fans végétaux:
ou même, s’il n’eût pas fongé au fens de ces
mots i laiflant toute la Terre couverte d’eau pendant
près d’un an, il eût vu, que cette fufpen-
fion dé propagation des végétaux, & le limon
qui eut couvert les anciens, mettoit la nouvelle
demeure fiétice des Hommes & des Animaux,
hors d’état de nourrir ceux qui fortiroient de
Y Arche.
Cette eonfidération eût tellement fauté' aux
yeux du Conteur le plus médiocre, qu’il àuroit
certainement arrangé quelque machine pour lever
l ’objeétion ; & en ce cas nous appercevrions l’arrangement.
! - . : -,
Rien de pareil ne fe voit dans le R é c it de
•Mo y s e . La T e r r e ancienne eft détruite;
le Globe, fuivânt lu i, : a été couvert d’eau pendant
prèâ d’un an, & il ne dit pas un mot fur la
manière dont vécurent -les Hommes & les Animaux
qui fortirent de Y Arche.
J1 eft donc palpaple qu’il n’inventoit p^s. nf t l
racontoit dés "Faits en apparence contradiéloires ;
& c’eft YHiftoire natureller qur les concilie.
L ’Arch e aborda auprès - d’iine de ces Montagnes
naiflàntes , qui avoient été des Isles dans Y ancienne
M e r. Ces Isles étoient depuis longtems
couvertes de Végétaux, ainii tous les Etres vi-
vans fortis de Y A r c h e , y trouvèrent leur fubfis-
tance préparée» Et c’eft -une cireonftance. re-
. marinarqüable,
que Y Arch e s’arrêta fur les Monta*
Vnes longtems avant la fin de la R ë ’v o l u t i o n ;
jc’eft-à-dire, avant que le niveau- de la M e r fût
laiïez abaiifé au deifous de fan niveau précédent,
bout que lés terres fertiles fuflent déjà fort éle-
ées au-deflus du lieu où elle s’arrêta.
Les Etres vivans qui en fortirent, furent donc
portée des Sommets des nouvelles Montagnes,
& virent ainfi fans recherche qu’ils pouvoient
fubfifter. Il fallut du tems pour que la différen-
e d’état de l ’Atmosphère abaiifée eût fait changer
la nature des produits de ces hauteurs. Leurs
lantes naturelles commencèrent à langtiir, com-
e font les nôtres dans les années pèu favora-
iles : mais elles ne furent promptement détruites
, que fur les hautes fommités ; & elle fe con-
ferrèrent longtems fur les parties plus abaiifées,
lu i avoient été découvertes & fertilifées fucceffi-
iement longtems avant le D e ’l u g e : & avant
pue les Plantes qu’ellesproduifoient alors, euflent
iiit place à celles qui fe plaifent dans ces Régions
le l’Atmosphère, elles furent propagées dans les
|ieux plus bas de proche en- proche, tant par les
aufes fpontanëes que .par la culture.
C’eft ce qu’on retrace encorè dans le R é c it de.
I o y s e . Immédiatement après le D e ’l u g ë ,
ôé planta la Vigne. „ Où la prit-il pouf
I, la planter ? demanderoit - on à un Conteur ?
1 au fommet d’une Montagne ! &. d’une Mort-
, tagne couverte fi longtems par la Mer ! ” Mais
Tome V. T t - Y H iu