
r concilier î’oppofition de fon Récit avec la Géographie,
Donc il réinvente pas ; car il eût été facile au génie
le plus borné d’éviter ; de telles contradiélions ; ou
fi elles lui euffent échappé, quelqu’un s’en feroit
apperçu, & il les eût corrigées.
Mais les objections de la Géographie auroient été
-mal fondées; ce n’étoit pas à elle à décider, c’étoit
k YHifîoire naturelle; car M o y se parloit de tenu
où notre. Géographie n’avoit pas commencé. L ’Et-
p h r a t e & 1’A s s y r ie d’aujourd’hui reçurent leurs
..Noms de N o e ’ ou de fes fuccdlèurs , qui, en réminiscence
des Noms connus avant le D e ’m-
J c e les appliquèrent aux lieux qu’ils habitaient,
comme les Européens transportent les Noms de l’Europe
en Amérique. M o y se ne s’arrête pas à cette
diftinétion dans fon Récit : il défigne les Fleuves
& les Pays des environs du Jardin, d'Heden |pat
• les Noms qu’ils portoient réellement, & ne. fait point
remarquer que deux de ces Noms.fubfiiloient encore,
i Les Commentateurs font donc embarraiFés. ,pOü
? „ eft ce Fleuve qui fe divife en quatre autres?
„ Comment cela s’accorde. t-il avec I ’A s s y r i i
„ & I’Evphrate? Quels Fleuves, & Pays font
,, défignés par ces autres Noms qu’on ne connoît
„ plus?’’ M o y se avoit prévenu ces queftions, non
pour- le Géographe mais pour le ' Naturalifte, en
nousîdifant que ce fut a v e c l a T e r r e * que les
-Hommes furent détruits par le D e ’lü g e . Ne cherchons
dçnç plus le Jardin diHèden j ce féjour de
■ * H U H M I ' h
la parfaite innocence eft perdu ici bas, pbyfiquement
bomme moralement.
De toutes les circonftances du Récit de M o y se
■où l’on voir manifeftement qu’il n’invente pas* il
ft’en eft point de plus naïve que ce qu’il dit de Ya-
brév ia tion de la Vie des Hommes. Il parloit aux
[deicendans de ces Patriarches à qui il aifignoit une
k longue Vie: il dit encore de T h a r e ’ Père d’A-
Ieraham, qu’il vécut 250 ans, & d’A b ra h am lui-
même qu’il en vécut 175. Or d’Abraham: au
tems où il parloit, il ne s’étoit écoulé que 45®
|à 300 ans; & le Peuple auquel il s’adrelToit, descendu
du Petit-fils de ce Patriarche, étranger
& esclave dans le Pays qu’il avoit habité, devoir
avoir précieufement confervé les moindres circonstances
rélatives à fon Origine. Ainfi il ne peur
relier aucun doute, que fur ce point M o y se ne dît
vrai: c’eût été une invention auffi folle qu’inutile.
Confultons maintenant YHifioire naturelle fur
une circonftanee fi étrange. De très grands chan-
gemens dans tout l’enfemble de la Surface de 1*
Terre, une demeure toute nouvelle pour les Homme
s / renferment l’idée d’une multitude de Caufes
qui peuvent avoir abrégé leur Vie ; & cela feuî
fuffiroit, pour rendre raifon de cette partie du Récit
de M o y se . Mais nous en trouvons de plus des
traces dans des Phénomènes analogues. Je ne parle
pas des Os foffiles de Géans\ je ne connois ni n’admets
ce fait. Mais je vois manifeRement qu’il s’ eft
fait