
L E T T R E C X L V I . I L
Caraâère extérieur de la R e ’v e ’l a t i o n M os
a ï q u e — Effet ^ - l ’Intolérance L Considérations
générales fu r les caufes des écarts
de l’Esprit humain dans les Recherches théologiques.
Kew , May 1779.
M A D A M E ,
Prêt à terminer ce Traité de Cosmologie, J'avoue
à V. M. que je fens mon coeur ému,
en penfant aux conféquences de quelques uns des
Syftêmes que j’ai examinés. Je ne devois point
développer ici les effets qui font réfultés dans le
‘ Monde, de raffoibliffement des' Principes religieux,
chez ceux-mêmes qui auroient du les fortifier
dans l’esprit des. Hommes ; je n’eufle fait que retracer
à V .M . , ce Qu’E l l e s’eil dit mille fois à
Elle-même, & qui fert de règle à Sa conduite ; ;je
l ’ai donc expofé féparément, & c’eft le fujet du
fécond des Difcours préliminaires q qi. accompagneront
cet Ouvrage 5 fa publication. On place
des Sentinelles fur les Clochers, pour avertir ceux
dont la Maifon prend feu tandis qu’ils font livrés
au fommeil; l’Homme éveillé, réveille fon comj
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pagnon endormi , s’il apperçoit un Serpent fe glif-
Ifer dans fon fein. Telles auroient dû être constamment
les fondions des Gouverneurs & des
1 Informateurs des Peuples, fur un point bien plus
[effentiel à leur fureté. Eft-ce la conduite qu’ils
ont toujours tenue !
Il ne s’agira donc pas ic i, comme objet d’exa-
■men, de la néceffité de la R e l i g i o n pour le
[Bonheur des Hommes; je.fuppofe cette néceffité
prouvée. Mais je ne puis m’empêcher de faire
quelques remarques fur la légèreté avec laquelle
on a examiné la R e ’v e ’l a t i o n, prononcé qu’El-
le étoit fauffe , & tenté de le perfuader aux Hommes.
C ’eft en me pénétrant de ce fujet, que mon
[coeur s’émeut. Il me femble voir des inconfidérés,
[qui allument leurs Feux d’artifice auprès de grandes
provifions deFourage, feule reffource des pai-
lilbles Habitans des Chaumières.;
l’Incrédulité qui fe tait, eft très différente de
icelle que j ’ai en vue. Souvent elle eft involontaire
: les difficultés s’élèvent aifément dans l’es-
jprit; mais dès qu’elles font élevées, il n’eft plus
ijaifé de les vaincre ; les moyens d’y parvenir font
[ans doute raffemblés autour de chaque Individu;
[nais quelquefois ils confultent mal, & le doute
s’accroît ainfi, aulieu de fe diffiper: & du
tnoiris, ¿’il y a eu chez eux une négligence coupable'.
D i e u «e leur redemandera pas le fang de
leurs Frères.
Ce h’eft donc pas cette Incrédulité, qui,dans ce
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