
CONCLUSION GENERALE.
Voici deux T a b lea u x bien difîerens, de I’U n iv eR s
& de f Homme. Je les forme d ?aprqs Jes deux
Syftêmes les plus oppofés ; parce que les gradations
qui paflent de l’un à l’autre ne fauroiect
être renfermées ici ; mais je les ai exprimées
dans le cours de cet Ouvrage , ainil que leurs
effets fur le Bonheur de I’H omme.
L’jEtude attentive de la
N a t u r e , aidée de Vexamen
des N o t io n s communes
à tous les Hommes, & du
S e n t im e n t in t im e de chaque
Homme ;
D I T :
Que l 'U n i v e r s p h y s iq
u e n’a pas en lui la Caufe
de fbn exifience : qu’ il procède
d’une C a u s e p r em iè r e i n t
e l l i g e n t e , laquelle eil d’u ne
toute autre nature que cet
U n i v e r s , où tout »’opère
par fon intervention primitive
& continuée.
Que cet U n iv e r s a pour
but le Bonheur des E t r e s
Sensibles.
Q u’ Il fe conferve en fe
perfeétionnant fans ce lfe , pour
U n e forte de Philofophie,
qui décide fur la N a t u r e
fans l’écudier ; combattant les
NOTIONS communes aux Hommes,
& le S e n t im e n t i n t
im e dé chaque Homme ;
D I T :
Oue l ’U n i v e r s physique
a en lui-même la Caufe de
fon exiftence : que cette Cau-
fe n'cft que fon Enfemble
même, qui eft to u t ’, & que
parconféquent Elle eft aveugle.
Ope cet U n i v e r s n'a aucun
but ; que les ETRES
S e n s ib le s y font un Effet,
réfultant de l’Enfemble aveugle.
Q u 'il f e conferve en vertu
de /«» Enfemble; que l'enchaînerépondre
à la Volonté de la
C a u s e p r e m i e r s i n t
e l l i g e n t e envers les
E t RE S SENSIBLES.
Que les E t r e s s e n s i b
l e s font diftinéts dé l’U N i-
vers phv s r qu E « quoiqu’on
y apperçoive leurs effets.
Que les E t r e s i n t e l -
l i g e n s , & I’H om m e en
particulier, y font fa principale
Fin de la C a u s e p r e mi
e r E.
Que les Homme s , cherchant
le Bonheur en tout, &
étant très adtifs, ont été faits
par la C a u s e P r e m i è r e
de telle nature , qu’ en s'aimant
mutuellement, ils con-
tribuaffent au Bonheur les uns
des autres.
Que les Homme s doivent
obéir à des L o ix , qui
leur ont été données explicitement
par 1? C a u s e p r e
MIE r e , & dans le but que
chaque Individu ne fe les fit
pas comme il lui paroîtroit
bon en général, mais premièrement
pour lui : & que ces
Loix tendent à produire la
plus grande fomme de Bonheur
entr’eux.
nement des Effets y eft inconnu
; qu'il pourrait bien f e
bouleverser en un moment,
( f détruire tous les E t r e s
SENSIBLES.
•
Que les E t r e s s e n s i b
l e s font un Phénomène
phyfique.
Q u 'il n'y a rien que de
p h y s i q u e ; & que I’Hqm-
me,' Poénomène phyfique, y
f u t produit fans bue.
, Que les Homme s ne font
pas plus liés les uns a u x a u tr
e s , que ne le font entr'elles
toutes, les parties de la M A -
t i e r e ; que tout chez eu x
eft enchaînement phyfique ;
& qu'ils n apprennent un peu
à fa ir e le Bopheur les uns des
autre s, que parce qu'ils fo u f-
fr e n t du contraire.
Que les Hommes font faits
aucune autre L o i , que celle
qui té fu ite de leur nature ;
que chacun a 'eux la f e n t ,
& que parconféquent i l doit
fa ir e ,, f a i t réellement f i l
n'efi dupe , ce qu'il trouve
bon en général, mais premièrement
pour lui.