
font pas bieft rapides. Je ne crois pas cependant
que leur hauteur perpendiculaire audeflus du Pas.
fage excède 1500 pieds. On a établi quelques Jar-
dins, bien petits^ dans des abris autour du Cou.
vent, où végètent bien maigrement quelques lai-
tues > des épinards & dé l’ofeille, pendant le tems
où la Neige les laiffe à découvert.
„ Les Religieux ont une vingtaine de chevaux,
qui font employés pendant l’Eté à porter les provi-
fions, tant de pain que de vin, farine, fromage,
fruits fées* mais furtout de bois, dont le Couvent
confomme annuellement environ 8o;'$¡¡fe
Les Forêts où il faut aller le charger, font à j
ou 6 lieues de diftance ,& fort bas, dans lavMon-
tagne du Col de Ferret. Il faut auffi charier du
fourage pour nourrir les Beftiaux en hiver, tant
les Vaches à lait, que le Bétail qu’on engraiffe
pour la cuifine: quant aux Chevaux, ils hivernent
à Roche dans le Gouvernement d’Aigle, où
le Couvent a une Ferme.
„ Le petit Col par lequel on pafle pour descen<
dre dans la Valide du Col de Ferret, fe nomme
Fenêtre. Il eft au Nord-Oueft du Couvent &plus
élevé. Nous y fûmes le lendemain, avec ls
Prieur & le Procureur qui voulurent fe donner la
peiné de nous y accompagner eux-mêmes. Ce
petit Paflage, qui n’a pas 10 Toifes de largeur,
eft dominé par deux Sommités, qui, toutes voifi*
fies qu’elles font,diffèrent beaucoup quant à la nature
de leur pierre. La Sommité delà droite,
qui eft à l’Eft, eft d’une Rocbe quartzeufe blanche ;
celle de la gauche, ou de l’Oueft, eft d’un Scbi-
Ile noir, luifant, qui fe brife avec facilité. Les
ha*
bafes de ces deux Sommités fe iréuniflentau • desfous
du Col, & confervent néantmoins cette différence
dans la nature de leur pierre.
„ Nous montâmes fur l’une & fur l*autre. La
première, qui eft toute couverte de fes débris,
eft d’un accès très difficile. C’eft au fommet de
celle-ci qu’eft une pierre remarquable, dont Mr.
Marc Pictet m’avoit parlé : elle eft du plus beau
poli chatoyant. C’eft la furface d’une tranche da
la Roche qui la compofe, qui fe trouve comme
jverniffée par une couche de matière quartzeufe j
(ce qui s’eft fait fans doute dans une fiflure du Ro-
■cher dont cette tranche était l’une des faces. Elle
■réfléchit les rayons du Soleil comme un miroir;
|& ces miroirs font fort multipliés, parce que la
IRtcbe eft rompue en plufieurs morceaux diverfe-
[ment inclinés. Quoique leur furface foit très
Iplate, elle préfente au reflet de la lumière une
[multitude de petites rayures & d’oDduladons qui
la rendent chatoyante., Cette tranche polie eft;
fort inclinée, & fe prolonge fous le moêllon. L a
iRoche en eft bariollée de noir blanc & gris, dont
[les variétés font plus où moins tranchantes & rapprochées.
À peu de diftance de là , fe trouve un
IFÜ08 contenant de la Mine de fer, que je nomme-
Vois volontiers fpeculairet parce qu’elle a auffi de
petites lames très polies. Elle affeéle fcnfiblement
l’Aiguille aimantée; ce qui prouve, ou qu’elle eft
magnétique, ou que le Fer y eft aflez développé,
„ Du hauq de cette Sommité nous vîmes le
Mont blanc au N. O., ainfi que la Chaîne des
Aiguilles qui s’étendoit vers l’Eft , & tous leurs ,
Glaciers.
Ee 3 „ De