
d ’Jmersfoort & des déferts immenfes, eft extrêmement
frappant.
Mais rien ne montre mieux le pouvoir de
l ’Homme fur là terre , que la pente de ces
mêmes Collines du côté d’Utrecht. Ce fable
qui, laiile a lui-même , ne produit que de la
bruyère , a été forcé fous la main des gens
riches, à fatisfaire leur habitude de voir tout
prospérer autour d’eux. Leurs foins ont fait
oublier l ’espèce de fol fur lequel ils ont établi
leurs Campagnes. Toutes les produirions
de la terre y font magnifiques, ils ont. même
tiré parti du fable le plus volage ; à force
de Pins & de Bouleaux ,& de javelles de paille
pour protéger les jeunes plantes, ils ont
empêché les vents d’y mordre; & la végétation
y a pris le deflus. Mais hors de l’ericein-
te d^fces poiTeiîîons particulières, tout reite
auifi fauvage que dans les Pays les plus inhabités
; & même tout y paroît bien plus arid
e ; parce que c’eil aux dépends de ces parties
encore défertes , que les cultivateurs
ont augmenté la proviiion végétale fur
leur fol.
Le fable de ces Collines eft fi mêlé de
gravier de quartz, qu’on le croiroit du granit
décompofé. En général, plus je vois
ces Bruyères, & toutes les espèces de pierres
/
res ou de gravier qu’elles renferment, plus
Me meperfuade, qu’avant l’accumulation de
fleur fable, il exiftoit un autre fol à fa place,
qui a été détruit. C’eil à quoi je me rendrai
de plus en plus attentif dans la grande tour-.
mée. que je me propofe d’y faire encore.
Partout où la végétation n’a pu fixer le faib
le , les Vents le vanent pour en faire des
■Dunes. Ils n’en enlèvent que la partie la
■plus menue, qu’on leur voit quelquefois cha-
Irier en torrent dans les Vallons. Aulïi e ftil
■en général moins grollier, dans le bas que
■dans le haut des Collines : il eil allez dépouil-
Klé de gravier aux approches à’Utrecbt, où
■pnfin là culture eft générale ; non à la maniè-
■re des pauvres Colons Weftphaliens ; mais
■ dans le riche ftile Hollandois. Il a fallu que
■ ce fable fe fournît à tout ce que des hommes
|accoutumés au luxe de la végétation ont voulu
lui faire produire.
Je me fuis attaché à décrire ces gradations
de produits du fable des Bruyères,- & je ne
les perdrai jamais de vue dans aucune occa-
fion, afin de faire naître plus de confiance
partout, dans les reifources de l’induftrie. Ce
font autant d’exemples de ce que pourroien^
faire les Etats , s’ils vouloient l’entreprendre;
m fi du moins ils étoient allez paifibles pour
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