
les joncs les gramens des espèces maréca-
géufes, forment alors un vrai matelas à fa
furface , qui devient une forte de nouveau
fol pour la végétation de l’année fuivante : $
fi cette année eft fèche, elle fe diftinguera
aufli dans la coupe de la tourbe, par la quanti-
té de bruyère & d’autres plantes ligneufes,
qui, cette année là , auront furmonté les plantes
marécageufes. Les lits annuels de ces végé-
taux, pofés les uns fur les autres , & pénék
très par l’eau, font comprimés par le poids
füpérieur, & il s’y fait une dégénération,
»0« putride, mais qui les réduit feulement en
une pâte noirâtre ^pleine dç fibres & ayant
encore la faculté de brûler comme les végétaux
eux-mêmeSi
Un feul fait prouve la rapidité de ces ac-
croiflemens. Mr. Findorff, faifant creufer un
foffé il y a quelques années , trouva à 4 pieds
de profondeur dans la tourbe, la continuation
de la Geeji, tendant en cet endroit à une pente
p lu s rapide : & fur ce prolongement étoient
les reftes d’unecanal fait en planches, q u i,par
fa figure & . fes autres acceffoires , devoit
avoir fervi à conduire l'eau ibr un moulin:
& dans Je fable auprès de ce canal, il trouva
une mèc^e de Ville-brequin , . que j ’ai vue, &
qui ne diffère en rien pour la forme, de celles
qu’on
qu’on voit aujourd’hui employer aux Charpentiers.
Voilà1 Jonc un établiffement qui * n’eft
pas bien ancien , & qui cependant eft recouvert
, non feulement des 4 pieds de tourbe.
qu’on a trouvés fur le canal & fur la mèchey
mais de toute celle qui cache le lieu plus bas
où alloit aboutir le canal. " D ’après ce feul
fait, je ne doute point', que dans un examen
attentif je n’en découvre bien d’autres qui
nous feront, remonter à l’Origine des Moors,
( c’eft - à - dire- 4 celle de nos Continens tels
qu’ils font ) par une Echelle aufli peu longue *
que celles^ que nous fourniflent les Marfcks aux
embouchüres des Rivières , & la terre végê-
taible partout. Je me bornerai quant à préfent
à cette ésquiffe de l’objet cosmologique ; &
je paflè à l’ufage quton a entrepris de faire de
ces Moors, . îBi mon ?
Que V . M. veuille fe repréfenter cette
bouillie noirâtre & fibreufe, fur laquelle les
végétaux fe fuccèdent avec une rapidité-#
peine croyable; s’enféveliifant les uns les autres,
fans presque aucune utilité pour l’Homme;
puisque les Moors, dans leur état primitif,
font impraticables, même pour les animaux,
dès qu’il a plu un jour. Si l’on avôic
entièrement laiffé agir la Nature ; elle auroit
continué à entaffer tourbe fur tourbe dans ces
t V a l