
plus d’une journée a le traverièr. Quelle immen-
lîté de Glace! N’eft-ce pas à bon droit qu’on
nomme ces utiles prîvifions d’eau pour l’Eté, des
Mers glaciales? Les eaux de cette Vallée de Glace
fe verfoient de notre côté dans la Vallée de
la Tbuile, que nous avions' auffi fous les yeux.
Plus près de nous étoit celle qui conduit au Pe-
lit St. Bernard, en montant à l’Oueft. Les Tor-
rens qui s’échappent par l’une & l’autre de ces
Vallées, fe réunifient auprès du Cramant, & fe
précipitent enfemble dans cette coupure de fon
pied, où font les Bains de Cormapeur, pour aller
joindre la Doire.
f, La pierre du Cramant eft très remarquable.
C ’eft un Scbifle que j ’appellerois fableux : car il
eft pompofé d’un fable quartzeux Ç f micacé, lié
.par une matière que l’esprit de nitre diflbut. Ses
feuillets, qui parodient fuivre la pente rapide de
la Montagne, font entrecoupe's de grandes veilles
de quartz, coupées elles - même par d’autres
veines defpatb jaune. Près de fon pied, fa pierre
ondulée par bandes blanches & bleues
eft lînguliérement belle. On y trouve auffi
des blocs de pure pierre calcaire, dont on fait
de la cbaux. Elle eft bleuâtre, toute parfemée
de points brillans, comme le font la plupart de
ces pierres calcaires des Alpes qui ne portent
point de marque d’origine. Par fa diAblution
danç les acides, elle laifle un fable auffi transparent
que le crijlal de rocbe. Les deux Rochers
qui s’élèvent de part & d’autre dans le défilé de^
Baipsjfbrit de cette pierre calcaire; & cependant
iis préfentent, en zigzags & tortillemens, tout
ce
BiElATlOÎl. BE LA T E R R E . ’ ■ . . s. %t,i, A a, »
ce que montrent les Çcbijles les plus indéchiffrables.
Ce ne peuvent donc être des amoncelle-
mens faits parla Mer; tels du moins que le font
les Montagnes Jécondaires évidemment marinesa
les couçbes de celles-ci, indiquent une Eau qui
dépote des matières enlevées d’ailleurs ; & l e s
corps-marins, môntrent que c ’étoit l’Eau de la
Mer. Avec de tels indices on conclut iûre-
ment; maisil n’y en a point de pareils dans toutes
les matières calcaires de cette régiori.
„ La face escarpée du Cramant, dans fa partis
la plus rapprochée de Y Allée-blanche, préferite
une vafte tranche de Gyps, qui eft probablement
une altération de matière primordiale, quoique la
caufe n’en fbit pas connue.
„^Dans notre route vers la Cité-d'AoJle, les
bafes des Montagnes ne nous montrèrent que
des pierres micacées très brillantes, des Scbiftes de
l’espèce la plus commune dans les Montagnes
primordiales, & de la Rocbe quartzeu/e.
„ de fut le jour fuivant que nous descendîmes
à la F'al-d'Aojle. Quelle différence de fenfa-
tion n’éprouvâmes nous pas, en nous plongeant
ainfl peu à peu dans l’Air épais & chaud des couches
abaifiees'de l’Atmosphère, après avoir vécu
pendant quelques jours dans l’Air pur des
Montagnes! Nous retrouvions la riche culture
de la Vigne & des Amandiers i on entendoit
partout le cbant des Cigales3 mais par là même
nous ne jouiffiohs plus de cette agréable fraîcheur
qui nous aidbit à fupporter la fatigue.
,1 Cette fraîcheur eft certainement due à la
diffé