
large: mais les dépôts du Fleuve en ont en
partie comblé le fond ; & ces atterriflemens
font aujourd’hui d’excellentes prairies , qui
detems en tems font inondées, mais n’en prospèrent
que plus.
Les fondateurs de VAlteland, ainfi que la
plupart de ceux des autres Marfchs , y ont
transporté les ufages des Pays dont ils tirent
leur originej & entr’autres ils font pojjejjeurs
du fo l, comme des fruits. Par là , les uns s’a-
grandiflent, & les autres disparoiiFent. La
Richejfc y frappe, parce qu’elle eft en peu de
maihs.
Cette liberté entière du commerce des terre
s, a çhaffé même la plupart des Seigneurs :
c’e il-à -d ire ceux qui originairement poffè-
doient des fols, fur lesquels ils avoient plà-
çé des Amphjtéotes. Je ne puis m’empêcher
de regarder encore cette exclufion comme un
mal. Car tous les hommes ne peuvent pas
être Agriculteurs : tous même ne peuvent
pas travailler à leur fubfiftance par des moyens
qui, tenant aux premières néceiïhés, la
produifent immédiatement & fûrement. Il y
a une claife d’hommes, dont la Société reçoit
des fèrvices indireéls , par les lumières de
quelques individus qui y naiflent, par leur gé*
¡nié, par leur ¡influence intermédiaire entre le
Sou-
Souverain & le Peuple. Cette claiTe là ne
peut fubfifter que par des rentes apurées; &
parconféquent c’eft un grand bien qu’elle pos»
fède les terres à la manière que j'ai expliquée
ci-devant; c ’eft-à-dire recevant des rentes de
l'Agriculteur ; mais ne pouvant ni les haus-
fe s , ni le mettre dehors tant qu’il paye.
S’il ne faut pas que les Citadins puilTent dé-
poiféder les Agriculteurs & les rendre mer-
cénaires ; il ne faut pas non plus que les Agriculteurs
puiflent dépoiféder les Seigneurs ;
c ’eft-à-dire les tenter , dans des befoins momentanés
d’argent, de renoncer à leur
te ; la plus naturelle & la plus convenable
de toutes; & au défaut de laquelle, ils
chercheront toujours à s’en procurer d’autres
, par des routes plus onéreufes au Peuple.
Les Moors, qui fe trouvent entre les
Marfchs & la Geefi, font des Communes,
fur lesquelles, en quelques endroits, les deux
pays poifédent en commun , & en d’autres
féparément. Il eft aifé de mettre cette bordure
en Prairies, vu qu’à caufe des Marfchs,
tout eft arrangé pour l’écoulement de» eaux
dans le Fleuve. On procède donc auffi par
degré au partâge de cette espèce de Communes
; & l à , on a tout naturellement un
exemple des deux manières de l’exécuter ;
l’une