
La fécondé année, en réparant tout ce qui j
a pu fe déranger, on élargit le canal par le
côté oppofé à la chauiïée, fans descendre tout
à fait jusqu’à fon fond, & on laiile un an à ce ,
nouveau bord pour s’alleoir. La troifième année j
on pouffe cet élargiffement vers le bas, &
plus bas même que le premier cpeufement,
en enfonçant de même le contre-foffé , pour
gué la chauffée refte en équilibre. La quatrième
on élargit encore le Canal, fans des-
cendre jusqu’à fon fond. La cinquième on f
pouffe l’élargiffement en s’enfonçant davantag
e , & en élargiffant & enfonçant en même
tems le contre -foifé. Il faut néçeffairement
tout ce tems & ce travail pour çreufer un Canal
de 20 pieds de profondeur, qui fera peut- j
être réduit à 14 par l’affaiflement de la fur.
face.
La largeur du Canal ne fera portée d’abord
qq’au point néceffaire pour donner paffage à
de petits bateaux ou radeaux ; parce qu’on ne
fait pas encore, ni la quantité d’eau que donneront
l£s Moors pour le remplir , ni de
quelle importance fera le commerce qui
s’établira par cette communication des
deux Fleuves. 11 ne s’agit que d’une
épreuve; en attendant on jouira d’un Canal
qui portera des bateaux chargés de 40
§ ¡¡¡1 1 quin.
quintaux de tourbe; ce qui procurera de l’ôte
vrage & de l’argent aux Colons de l’intérieur
des Moors, en même tems qu’on defféchera
leur fol. La dépenfe d’ailleurs des Eclufes
proviüonnelles n’eft presque rien ; car elles
ne font que de bois. Et quant à l’argent que
dépenfe l’Etat à cette entreprife, comme il
refte tout dans le Pays & fert à faire vivre les
Colons commençans, ils ne fauroit être mieux
employé.
Une des plus grandes difficultés qu’on rencontre
dans la fabrication de ce Canal, vient
des monticules de fable couverts par 1 ei Moors.
Car ce fable ne refifte point autant que la
tourbe. Ses propres eaux, & celle du Canal,
l'entraineroient peu à peu, & il laifferoit la
tourbe fupérieufe fans bafe, fi l’on ne prenoït
des précautions. Il faut donc, dès qu’on en
trouve, le foutenir par des plateaux s’il a lui-
même des fources, ou le murer de gazon s’il
n’a à craindre que d’être entraîné par l ’eau'dtt
Canal. Ain fi le fond le plus folide en apparence,
eft celui qui donne le plus de peine:
des côtés de tourbe, bien conduits, deviennent
peu à peu très folides, & même fe ga-
zonnent, ce qui les rend perpétuels.
Une des informations les plus intéreflantës
que j ’aie reçues de Mr. Findorff dans cette fe
con