
$$ H I S T O IR E X. P a r t is ,
*
* peu fort épais, & ces forêts défrichées font
an excellent fol.
Ayant traverfé cette extrémité de la Forêt,
nous nous trouvâmes dans un lieu fort élevé,
nommé Hanjiedberg, d’où nous vîmes au devant
de nous un espace fur lequel je ne puis
relier froid. Mais je n’en dirai encore que
ceci ; c’eft qu’il y avoit tout auprès les pentes
de plufieurs Collines,-les unes Gmplement
*60 Bruyères, les autres garnies de Bois ; que
de petits ruiffeaux coûtaient dans les enfon-
ceniens ; qu’un Vallon au deiTous de nous
«voit déjà trois hameaux-, nommés Insmüh-
len, Wahlen &. PVefel', & qu’étant descendus
dans la pente, nous trouvâmes partout le'fol
très enrichi par la végétation ; autant du
moins que le peut être une Bruyère. Ce lieu
Jà étoit deitiné à une Colonie érrangère;
mais le plan n’a pas été exécuté. Je ne fais
fi c’eft un mal. Les moeurs & les opinions
fe transplantent comme les végétaux ; & il
me femble qu’à cet égard, ce Paÿs-ci n’a rien
à gagner par le, mélange. Il vaut peut-être
mieux pour lui d’attendre que fes indigènîi
Dle peuplent.
De là nous allâmes faire une petite hal
te à Hanfiedt , l’un des meilleurs Villages
de ces Bruyères, dont le Pafteur, honi me
I me respectable, nous reçut très poliment,
■ J’eus grand plaiGr à lire dans là contenance i
■l’intérêt qu’il prend à fes fonctions : & peut-
I il y en avoir de plus relevées ni de plus inté-
I r e lia n te s l ’ ; : h/t
Le jour alloit finir lorsque nous nous ffiî-
■ mes en route pout regagnerWivfen » nous
■ étions encore au moins à 5 lieues de diftance*
■Notre voiture étoit de la feule espece qu’on
■pmiTe conduire dans les ornières dé ces Con;
I tré e s ,'c’eft'à-dire un chariot comme Ceux des
■ Colons. Je m’étois affisi fur le devant, pour
I mieux voir le Pays autour de moi : mes com-
■ pagnons de voyage occupoient, avec nos aides,
■ Je refte du chariot, & ils entrèrent naturelle-
I ment en converfation dans leur langue : nous
I voyagions fur des Collines nues ; & il n’y
I avoit de bruit autour de nous que celui de
■ notre chariot , roulant le plus fouvent fuf la
■ bruyère: l’air étoit calme* & la Lune fe
I leva-
J ’ é t o i s encore frappé du coup d’oeil que j ’avois
I eu dq Hanjiedberg ; il-avoit produit fur moi le
I même effet que celui de la Gueldre & du Pays
I de Paderborn. C ’eft un immenfe horizon, aufli
f fauvage que l’imagination puifîe fe le peindre.
Au delà du Vallon dont j’ai parlé , tout n’é-
! toit que Collines les unes derrière les autres,