
des repaires de voleurs , on auroit rendu à à
Société un important fervice. Ces immences
Forêts, entourées des déferts de la Bruyère)
leur ont fonvent fervi de retraite: i l s ’y refu.
gioient comme dans des Ifles, où ils voyoîent
du rivage les foldats envoyés contr’eux.
Ce ne fut que longtems après avoir traver.
fé cette F o rê t, que nous trouvâmes de nou-
veau des habitations: c ’étoit deux hameaux,
peu diilans 1 un de l’autre, nommés Dchnfer\
&. Eltzen. Nous nous arrêtâmes à ce derniet
pour 1 examiner. Il ne confifle qu’en trois
Feux , & il fait une Iile charmante dans la
Mer des Bruyères., Ses petits prés enclos font
très verds, à caufe de l’ombrage qui les en-
toure; fes vergers prospèrent, & les habita-
.rions,ainii que les habitans, font très propres,
Nous vîmes le métier fur lequel ils font leurs
habillemens pendant 1 hiver. Ils n’y emplo-
yent que ce qu ils produiicnt eux-mêmes j
leur lin , & la laine de leurs moutons. Pour
les hommes, la couleur brune ou grifè de la
lame , fait un bon teint que le Soleil ni 1
pluye ne diffipent pas. Pour les femmes, la
laine la plus blanche eil teinte en rouge
verd jaune & bleu , dont elles font des rayures
fort gaies: la laine ainfi bariolée iert de
trame fur une chaîne de lin. Leurs alimens
font
font excellens par leur nature. Un peu de-
Ëieure & de fel pour apprêt de leurs pommes
Me terre, en font un mets auqudl ils revien-
lient fouvent fans ennui, & dont il me fem-
jjla que je m’aeçomoderois très bien.
. Ces gens recueillent, année commune, tout
jée qui leur eil néceilaire. Ils pourroient donc
lûvre là , ifolés de tout le genre humain, &
% vivre hébreux. Mais pour l ’Etat il faut
Ju’ils payent une petite contribution ; & pour
les Villes il faut qu’ils ayent un peu de luxe,
il faqt donc qu’ils faifent un peu d’argent’; &
ils le font aveç de la volaille qu’ils portent à
miûmhourg,
f J’ai dit que ces hommes nouveaux, produits
pour ainfi dire par la Bruyère, pourroient
être heureux en vivant feuls. Mais
¡pour cela il faudroït qu’ils fuflènt prudents;
f ô , fans Gouvernement, il n’y a point de
■prudence dans l’IIomme. C’efl; ce que m’a
Ibonfirmé cette Colonie, par les détails où nous
jfommes rentrés avec les bonnes gens qui nous voient admis chez eux.
Nous nous informâmes donc de leur fitua-
jt io n , de leurs progrès, de leur bonheur. La
Ibrainte que nous ne fuffions des gens prépo-
I ies pour les fonder , dans le deifein de leur
jmpofer quelque ta x e , les tint d’abord un
F. * pe«