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très Noms qu’elle lui.îfait prononcer avec lés CAo-
fes auxquelles ils appartiennent : mais dès qu’une fois
i l vient a la fentir, il avance au galop : il cherche à
•n om m e r , il demande les Noms des Chofes, il en at-
tache aux A étions, aux Oldf'es d’objets ; il bégaye, &
enfin il P a r l e . Qu’eût-il fait fans fa Nourrice ? Qu’eût-
elle fait elle-même à cet âge' farts la ’ fienne? Ë.V
qu’eût fait- le premier Homme fans fon C r e ’a t e ur?
i C’èft ainfi que Mo y se ,■ fans écrire en Phiiofo-
phe, lève l’une des plus grandes difficultés de 1»
Philofophie. L ’Homme ne fauroit remonter aux
premières Origines par fes propres forces. . Car fes
feuls vrais Guides étant les Faits, il ne peut par- j
tir que de ce qu’il voit; & pour remonter enftiite
dans ce qui a précédé il lui faut des Théories A
c ’eft-à-dire, ,des Phénomènes généralifés. * Or eii
tout ce la , il ne voit que continuation, fans aucun
commencement-, & c’eft toujours dans des continua-\
fions, qu’il perd enfin la trace des Caüjes intelligi-
blés pour lui.
; Nous voyons enfuite dans le même Récit, c’eft-à-
dire, dans la fuccefiion des Faits ; nous Voyons, dis-
je, naître, avec le Langage, toutes les Idées abftrai-j
tes d Origine, d’Qnivers, des Etres, de Rapports,de
Devoir , de Juftice, de Vérité, de Deftination ; en
un mot, toutes ces premières données intellectuellesJ
q u i, communiquées chez les Hommes des uns aux
autres, mettent les Individus en état de faire deI
. nouvelles combinaifons & des généralifations plus I
grandes, & d’en tirer enfin des conféquences fpé-l
culatives & pratiques. Mais fans ces premières don-1
nées ; les Facultés intellectuelles de I’HomMe feroient
reftées fans exercice ; comme les Facultés d’une
des plantes dû. Chanvre le feroient, fans la plante I
'd un autre fexe. ("Je n’employe jamais des compa-l
• - 1 ' . raifoflsl
R E M . s u r % a R E V E L . .
[yaîfons phyfiques dans les chofes intellèctuelles, que
fcoïnme des Images).
:• Préférerions-nous donc de nous égarer fans ceffe
[dans le Pays des Chimères', plutôt que de fixer nos
[regards fur la réalité? Ce Récit de M o y s e , certifié
[par l’Bifioire naturelle dans tout ce qui concerné
jnotre G l o s e , n’eft-il pas encore approuvé par la
philofophie dans ce qui concerne 1’ H o m m e ? le Phi-
lofophe' ne doit-il pas être 1 pénétré d’ admiration,
d’y trouver ainfi. la folution de fes difficultés fur
ce point important ? Par le Langage fondamental,
èonfervé dans toutes fes filiations ( les Langues &;
les Signes divers ) , les Idées qui lui furent attachées
originairement, fe font transmifes dans la fuccefiion
des Hommes; & c’eft toujours fur ces Idées primitives
que leur Entendement s’eft exercé. Souvent
aufîi l’imagination s’en eft mêlée ; èllé-a fait des affiliations
monftrueufes des Idées matérielles avec les
Idées intellectuelles. Ma’is par l’effet feul de ce même
Langage , auquel les Idées abjlraites étoient attachées
, les Philofophes font fouvent remontés très
près de la vraie Origine des Connoiflances humaines:
& quand la généralité dès Hommes s’eft trouvé
trop écartée du Vrai pour pouvoir y revenir aifé-
ment » la C a u s e p r e Mï e r e les y a ramenés par
de nouvelles R e ’ v e ’ l a t i o -n s ; où nous voyons
toujours, non des raifonyiemens pour expliquer, mais
des informations. Je paffe à des objets différens.
Toutes les Révélations qui forment l’enfemble du
C h r i s t i a n i s m e ont leur bafe dans la G e n e s e ; non
feulement parce que c’eft la première des Révélations;
mais parce que ce Livre de Moyfe donne lieu
lui feul, à toutes les Queftions générales que l’idée
dej R e y e l a t i o n fait naître ; favoir celles d’une
‘C a u s e t r e m i e r e , d’une Origine déterminée de
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