
lées. Par ion accumulation elle eût poufle
fes Laves de tourbe dans toutes les iiTues , com-
me les Glacières des Alpes y pouffent leurs
Laves de glace; & jamais l’Homme n’eût pu
en profiter pour rien d’important ni de fuivi.
Il falloit donc changer ce premier cours de la
Nature, pour jouir, & de ces espace, & des
provifions végétales qu’elle y avoir accumulées
avec tant de profufion.
La feule chofe qu’avoient pu faire les habi.
tans épars de la Geefl voifine, étoit de creufer
quelques folles à la furface de cette vafte
éponge; afin que dans les Etés fecs, fa croûte
fe rafermît, & pût permettre à leurs bestiaux
d’y aller chercher des herbes, que leur
refufoient leur Bruyères arides. C’étoit un
premier petit bien ; mais qui a failli à s’oppo-
fer à un bien incomparablement «plus grand,
celui d’entreprendre- des défrïchemens foli-
des. Car les Villages qui avoient ainfi tiré
quelque parti des Moorsy regardées comme
des Marais inutiles , ont prétendu qu’elles leur
appartenoient par le droit de pofleffion ; & il
a fallu encore à cet égard ufer envers eux de
beaucoup de patience de prudence & . de
fùpport. . • - p
D ’anciens établiffeniens > faits fur la tourbe
même au bord des Rivières, ont fait comprenprendre
que cettefubftance pouvoit être changée
en terre labourable, dès qu’on arrêteroit
les progrès de la tourbification. De petits fos-
fés allez voifins, bien dirigés & entretenus,
fuffifent pour cela ; la furface fe defieche, &
la tourbe celle dé croître. En brûlant alors la
première croûte de cette furface * pour détruire
les plantes ïpontanées, & rendre cette
fubftance végétale plus propre à une nouvelle
végétation , on a pu lui faire produire du
bled farrafin, de l’orge, dufeigle , des pommes
de terres & quantité d’autres légumes.
C’en étoit allez pour faire vivre des hommes,
& l’on a fongé à y en établir. Je vais es-
quifler à. V . M. quelques uns de ces éta-
bliflemens , dans leurs principales pofi-
tions ( a).
Les eaux qui venoient originairement fe
verfer dans le fond de ce baffin de la Geejlt
& qui ont produit la tourbe, confervent leur
cours fur c e lle -c i; coulant à fa furface, &
for-
(w ) Tout ce que j’ai appris de la quantité de Tourtières
des lieux bas de la Geift dans le J^ord de l’Europe , m’a
déterminé à ne tien ommettre dam les détails qui fui-
vrout , de çe qui peut encourager la culture de ces fols,
fi riches en eux- mimes, malgré (eut apparence de pauvreté.
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