
conde tournée, eil celle qui regarde la for.
mation de la tourbe , dont il m’a donné les
idées les plus claires que j ’aie eues encore. Il
commença par la manière dont fe comblent
des creux, faits pour en tirer dans le milieu
des Moors. On eil en ufage de ne faire ces
creux que de Î5 à 20pieds de face en quatre,*
afin que l’eaù qui les remplira, étant moins
agitée, ne trouble pas la formation de la
tourbe; & on ne s’y enfonce que de 6 pieds,
afin de pouvoir en jetter Amplement l’eau de»
hors avec une pèle creüfe, pendant qu’on coupe
la tourbe.
Ces creux donc fe rempliffent d’eau , dés
qu’on celle de la puifer; car la Mo or en eil
toute pénétrée; & à la première année on
voit cette eau fe remplir d’une moufle mu.
queufe, qui ne reflemble qu’a dès nuages
verds. La fécondé année ces nuages fe trouvent
compofés de filets extrêmement déliés,
garnis de très petites feuilles & d’une multitude
de petites fleurs, ou des graines qui leur
fuccèdent : l’eau eil remplie de cette moufle à
près de deux pieds de profondeur. La troifiè-
me année, ce premier canevas de tourbe fe
trouve tapiffé à'me moufle à longs panaches,
qui couvre entièrement l’eau, arrête la pous-
Üère & toutes les graines qui flottent dans
l’air p
■air, & devient une couche propre à faire get-
Jner toutes les plantes marécageufes & aqua»
liques; joncs, rofeaux, gr amans & car ex de di-
lerfes espèces, ainfi que nombre d’autres moufles,
% croiffent à foifon. La quatrième année
joutes ces plantes font déjà il hautes & fi touffues,
qu’elles chargent fenfiblement le lit mo-
lilefur lequel elles croiflent; tellement qu’elles
»enfoncent avec lui. Cependant les moufles à
lanaches, gagnant toujours la furface de l’eau ,
feçoivent de nouvelles femences, & produi-
jent une nouvelle génération de plantes aquatiques
; ce qui fait enfoncer de plus en plus le
Ét flottant ; qui toujours fe garnit de moufle
tant au dedans qu’au dehors, & gagne enfin
le fond de l’eau au bout de quelques années,
fflors les plantes mortes qui font dans le bas,
Commencent à être comprimées; celles qui fè
jécompofent dans les lits fupérieurs, descen-
jent peu à peu & prennent la place de l’eau ;
tellement qu’en 30 an s , le creux fe trouve
¡comblé d’une éponge ferme , donit la furfa«
je folide nourrit la bruyère & tous les autres
IrbriiTeaux qui croiffent fur la Mo or intafte.
I Mr. Findorffm’a montré de ces^creux dans
fous les divers états que j ’ai décrits. Il étoit
pn bottes ; & en ayant fondé quelques uns
avec un bâton pour connoître leur â g e ,
il