
Hommes privilégiés, il eût pris quelque foin d’exprimer
les fcnfations qu’ils auroient dû éprouver à
ce fpcéfetcle d’horreur ; & puisque fon plan eût été
dirigé par le Fanatisme, il n’auroit pas manqué d’exprimer
la componction, la contrition, qu’ils éprouvèrent
k la vue de ces vengeances du Tout-puilfanr.
Cependant, que dit Moyse? Noe’ & fa Famille,
fortant de l'A rch e , ne voyent rien autour d’eux qui
réveille des idées trilles: toute leur conduite cft
ferèine \ il n eil plus fait aucune mention des Hom.
mes qui avoient péri; les ipeétateurs n’en apperçu-
rent point au tour d’eux , & leur Poflérité n’en trouva
jamais aucun. Il n’y a point à’ojfèmens humains part
mi nos Fofjilc$\ & tout ce que nous y trouvons d'os-
femens $ Animaux & de relies de Végétaux, ell renfermé
dans des Couches formées par l’ancienne Mit
fur fon Fond. C’ell donc encore une de ces Circonstances,
qui paroiflènt contradictoires dans le Récit de
M oyse quand on le confidère feul, mais que VHis-1
toire naturelle nous explique ; & c’eft - là un
Sixième de leurs Liens particuliers. „ Uanciennt
„ Terre étqit détruite, & la M e r couvroit les
„ Cadavres des Hommes & des Animaux qui
„ avaient péri dans la Résolution.”
Ce n’eit pas qu’il né pût fe trouver accidentellement
des Os humains parmi nos Fojjiles ; & dans
tout autre Syllême il devrait en effet s’en trouver
toutaulfi bien que des Animaux ; puisque tandis
que nos Continent étoiëntle Fond de l ’ancienne Mer,il
exiiloit des Continens peuplés. Mais nous trouvons dans
Lettre CXLVII. de la T E R R E . 66ï
•
le Récit de Moyse deux circonftances qui expli.
quent ce Phénomène. La première, que les Hom-
mes habitèrent la Terre beaucoup plus tard que les
Animaux \ car ce ne fut qu’environ 17 Siècles avant
le De’luge ; & nos Continens renferment des relies
d’Animaux qui font bien plus anciens. La fécondé*
que les. Hommes pratiquèrent d’abord la fèpulture\
ce qui mit.,leurs Cadavres à l’abri des accidens
qui livroient ceux des Animaux aux Fleuves . ôç
enfuite k la Mer. C’ell donc là un Septième lien
particulier de ïH i/io ire naturelle avec le Récit
de Moyse. '
Je ne dois pas aller plus loin fans difcuter ici
une grande Quellion ; „qui Cependant ne me don?
nera .pas beaucoup de peine, à • réfoudre. Je con-
I nois les Calculs par lesquels on a démontré, que
| l'Arche pouvoir contenir une paire de tous les
& Animaux connus., & je lés crois juiles;; je fais encore,
que le De’luge étant un aéte de la Volonté
de Dieu , rien de tout ce qui étoit néceflàirepour
que les Animaux qui devoient être fauvés par VArche
y arrivaifent j ne pouvoir manquer d’avoir fon
, effet,: mais en même tems je ne vois rien dans le
Récit de Moyse, qui fuppofe que toutes les Efpè-
c-es d'Animax que nous connoilfons ayent été con-
fervées par Y Arche. ■
Nous avons déjà vu à plufieurs égards, que
Moyse n’a eu d’autre but que de tracer, dès le
Premier Homme, la Généalogie du Peuple à qui
il s’addrelfoit ; tellement que nos Phénomènes ne fe
W Z lient