
caires, s la Home-Fille, au pied do Mole (diftânt
de Genèvè de 4 lieues). De là nous nous engageâmes
dans la Vallée qui conduit, par Clujè,
à Salancbe; c’eft-à-dire tout au - travers de la
Chaîne fécendaire, dans une largeur dlenviron 4
lieues. Nous trouvâmes quelques corps marins
dans les pierres dont la route étoit parfemée ;
c’étoient des Ecbinites, des Gripbites & des Cor
nés d'ammon,
„ Cette Chaîne fe joint à celle des Alpes primordiales
par des engrènemens & des nuances bien
difficiles à de'brouiller. C’eft là que les Montagnes
calcaires fe confondent avec les Scbijles. Les
premières, ayant des lits peu inclinés, renferment
encore quelques corps-marks jusqu’à cette
proximité des Montagnes primordiales ; ce qui les
affigne certainement à la Mer. Mais les Sçbijles
qui fuivent, avec leurs feuillets presque verti?
eaux, en zigzags & comme tortillés,(non à la
manière dont fe trouvent quelque Laves, mais
comme des Livres roulés à feuillets très diftin&s)
fe refufent jusqu’ici à toute Gaffe, dont le caractère
diftinétif feroit tiré de Caufes formatrices.! Il
y a quelque confufion dans ces confins des deux
Gaffes ; car tu te rappelles que les Scbijles du Buet
font plats & horizontaux, & qu’ils renferment
quelque fubftance calcaire, quoique nous n’y
ayons pas trouvé des corps-marins. :
, „ A Salancbe donc, les Montagnes commen»
cent à changer de forme & de nature. On eft
près d’entrer dans ja Chaîne vraiment primerdia-
ffs, L ’Arve, qui coule dans là Vallée, vient du
Mont-
Mont-blanc ypifin;, & de tous leâ autres Glaciers
de la Vallée de Cbamomi. , Nous ne fûmes point
tentés de prendre cette route, aujourd’hui fi fréquentée
» pâtre qu’elle étoit affez connue à quelques
uns de nous, il ne règne plus chez les ha-
bitans de ce canton cette fimplicité de. la Nature
qui plait¡tant dans les Montagnes. L ’Homme,
encore innocent ÿ eft comme quelques femmes;
il rèfille d’abord à être corrompu , puis
il veut tirer parti-defa défaite; & nous n’aimions
ni la caufe ni L’effet.
,t Ayant paffé la première nuit à Salancbe, nous
nous nous dirigeâmes le lendemain matin vers
St. Gervaisen montant par des Forêts de. Sapins,
où presque tous les arbres ne périifent que
de vieilleffe» Ayant que d’arriver au Village,
nops traverfâmes fur un Pont de pierre: un de
ces Tortens ravageurs que tu as décrits. Il vient
de la Vallée vers laquelle nous nous dirigions ,
& il eft la réunion des eaux, de toutes les Montagnes
qui bordent cette Vallée ,* on le nomme
Bon-nant.
Les habitaps de St. Gervais font la chaux avec
ce tuf qui couvre en fi grandes maffes tant de
pentes de Montagnes dans la Chaîne des Alpes}
& qui étant ainfi calcaire, montre que les matières
de cette espèce ne manquent point dans
les Montagnes primordiales.
Continuant à monter dans les Vallées fupériéù-
res> nous atteignîmes celle qu’on nomme; la
Vallée du haut Fancigtty, dirigée à peu près du
Nord au Sud» Cette Vallée, où eft fitué l&.ViUage