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& que j’efpèr« de trouver dans les a&es même
qu’on nous préfente, comme la preuve du voeu de la
réunion, les moyens d’en prouver la nullité.
M. Malouet. Je demande fi les médiateurs font
devenus miniftres, & pourquoi ils. viennent s-al-
fèoir/à la place des' minières.
M. h préfident. I l y a un décret qui ordonne
que les miniftres auront une place feparee dans
rintérieur de la falle; fi l’affemblée n’en ordonne
autrement, il me femble que MM. les commiffaires
doivent fe placer à la barre.
MM. les commiffaires fe retirent à la barre.
M. Régnault demande qu’ils foient admis dans
l’intérieur. L ’affemblée paffe à l’ordre du jour.
Af. l'abbé Maury. J ’ai dit que les ' médiateurs
avoient été des defpotes dans le Comtat, fous
l’étendard de la liberté. Voici des.faits récens. Le
club de Carpentras , c’eft-à-dire , la v ille'deCar-
pentras toute entière, avoitpris un arrête pour le
renvoi de la garnifon. Là - deffus les médiateurs
écrivirent au club là lettre la plus menaçante &
la plus fêvère; ils lui ordonnèrent de fermer,
mandèrent le préfident à Avignon, pour leur^ apporter
la délibération. Je demande fi les médiateurs
, envoyés pour rétablir la paix , ne dévoient
pas fe rendre infiniment fufpeéïs par cette partialité
? Aucun miniftre du roi n’oferoit fermer un club
dans le royaume , & vos médiateurs abufentainfi
de leur autorité !
C ’eft par fùrérogatïon , c’en; par un abus de
leur pouvoir qu’ils'ont demande les voeux- des
communes, puifque vous aviez déclaré que vous
ne vouliez avoir qu’un voeu émis , après que la
tranquillité publique eût été rétablie. Ils font donc
coupables d’être venus vous préfenter ce voeu ;
ils ont efpéré d’obtenir grâce devant vous, en vous
préfentant un voeu favorable , mais vous ne vous
laifferez point féduire par un femblable hommage,
puifque les hommes revêtus d’un cara&ère public
font prévaricateurs du moment ou ils excèdent les
bornes de leurs pouvoirs.
M. le préfident accorde la parole aux deux
commiffaires médiateurs préfens à la barre.
M . le Scène-d e s -Mai/ons. L ’accufation de M.
l’abbé Maury renferme tant de charges, que je prie
l’affemblée de me faire remettre cette accufation,
afin que je puiffe y répondre article par article ,
parce que je ne fuis pas préparé, & qu’il eft important
de donner de la méthode a la difcuffion.
M l’abbé Maury. Je demande que l’on en délivre
une copie, mais que ma minute reffe fur le
bureau» ( On murmure. )
M le préfident fait communiquer à MM. les commiffaires
y l’a&e d’accnfation. de A L -l’abbé Maury.,
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M . le Scènt-des-Maifons. Chargés des pouvoirs
de l’affemblée nationale, honorés de la confiance
du pouvoir exécutif , nous n’avons eu d’autres
inftru&ions que vos propres lo ix ; celles-là nous
ont appris nos devoirs.
Arrivés à O range, nous avons fait ce que notre
devoir nous di&oit. Nous voyions devant nous un
pays qui depuis fix mois étoit le théâtre de toutes
les horreurs de la guerre civile ; nous nous fommes
arrêtés à Orange , parce qu’il étoit important de
voir les chefs de tous les corps armés, toutes les-
autorités alors reconnues , ôc qu’il falloit établir
la paix.'
M. l’abbé Maury nous a reproché d’avoir admis
à-ces conférences les députés de l’affemblée électorale,
les députés de l’affembîée repréfentative du pays,
munis de foixante - huit, procès - verbaux qui les
avoient établis» Cette affemblée avoit à fes ordres
l’armée de Vauclufe ; l’armée de Vauclufe étoit
une des parties principales entre tous les partis
intéreffés : avec qui euffions^nous traité, fi ce n’efl:
avec le corps auquel cette armée obéiffoit ? I l ne
nous appartenoit pas dinjurier l’une des parties ;
il ne nous appartenoit pas, comme à M. l’abbé
Maury, de les appeller brigands. Notre devoir étoit
de les entendre, puifque d’eux en partie dépendoit
cette paix que vous nous aviez chargés d’établir.
Il n’eft point vrai que nous foyons reftés à.
Orange quinze jours , pour attendre la prife dé
Carpentras. Six jours après notre arrivée, nous
fommes partis. Le 14 juillet nous lignâmes le paâe
où chacun prenoit l’engagement de mettre bas .les
armes ; votre loi nous erdonnoit de licencier des
armées qui fe battoient ; nous licenciâmes les armées
, mais nous n’otâmes pas les armes des individus
qui alloient paifiblement dans leurs familles-,,
où ils avoient encore befoin dé leurs armes ; &
l’hifioire de Caron ne l’a que trop prouvé.
M. l’abbé Maury nous a dit que fi nous n’etions
pas arrivés , fi nous avions retardé quelques jours -,
la paix n’eût pas été troublée : quelle paix ? la paix
d e là mort. 12000 hommes qui avoient juré la
perte à'Avignon , & la mort de fes habitans , voilà
la paix de M. l’abbé Maury... Vous vous rappeliez
fans doute l?hiftoire de Caron, ou onze malheureux
retournant dans leurs foyers fur la foi des traités ,,
fous la garantie de la France , fous la fauve-garde
des pafie - ports des médiateurs françois , où ces
onze malheureux ont été fufillés & maffacrés de
fang-froid, après qu’on les eut fait confeffer &
paffer fous les yeux de leurs t pères & de leurs-
1 mères. Nousavons défarmé les auteurs de ces crimes;,
nous leurs avons ôté les armes ,. comme on-arrache
les dents aux bêtes féroces’, & comme on devroit
arracher la langue aux calomniateurs. (On applaudit:
à. plufieurs reprifes. )'
Je le demande à l’affemblée : fi-, contre lés pouvoirs
qui nous-étoient confiés par notre miffion ,,
nous avions arraché les armes à toutes les communes
,, à. toutes les gardes nationales-,, alors M
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l’abbé Maury auroit pu nous dire : vous avef abufé
de vos pouvoirs; vous nous avez apporté des voeux,
& vous avez commencé par ôter les armes aux
votans, pour leur ôter leur liberté. Mais lorfque
nous avons rempli la lo i, je crois que la feule
chofe que M. l’abbé Maury regrette, c’eft que nous
n’ayions pas fait les chofes même dont il nous inculpe.
Les crimes commis à Caron ne furent pas
les feuls : déjà dans les communes, on avoit affaf-
, ifiné deux ou trois perfonnes. A Fayes, un jeune
homme rentrant dans fes foyers, après le licenciement
de l’armée, fut affaffiné & enterré vif. Des
crimes & des vengeances prémédités fe çommet-
toient par-tout ; c’efl: pour en empêcher l’effet, que
nous parcourûmes les communes du Comtat, &
que nous fûmes obligés de demander des forces.
D ’après l’expérience des crimes commis , ceux
qui fe préparoient encore nous forcèrent d’appeiler
des gardes nationales ; la loi nous y autorifoit :
nous les appelâmes , & nous ne requîmes pas les
troupes de ligne , parce qu’elles étoient en trop
petit nombre dans les départemens voifins, parce
que les.commandans de ces corps nous répondoient
qu’ils ne pouvoient nous en fournir ; & à cet inftant
même le régiment de la Fè re , que nous euflions
pu en partie requérir, avoit reçu ordre de partir.
En àppellant les gardes nationales françoifes , devions
nous nous attendre qu’on nous en feroit un
crime ? de qui devions-nous efpérer le rétabliffement
de la «paix , fi ce n’efl; d’une garde citoyenne ?
J ’ajouterai que l’infurre&ion partielle d’Avignon ,
qui n’avoir rien de commun avec le Comtat, n’a
.eu lieu que parce qu’il n’y avoit pas de garnifon,
parce que nous étions-dans force , & que beaucoup
de gens habitués au défordre, voyant que nous
n’avions dans les mains aucun moyen d’autorité,
fe livrèrent à des défordres.
I l n’y a jamais eu dans le Comtat plus de 1600
hommes de gardes nationales, tirés de trois départemens
différens. Ainfi , l’affemblée verra que
nous avons été très à l’épargne pour commander
les gardes nationales, que leur appel a été le fruit
.d’un travail & d’un calcul réfléchi,, qui plaça des
corps de 100 ou de 150 hommes, de manière à
protéger cinq ou fix communes : nous n’avons
appellé que ce qu’une, néceffité indifpenfable nous
preferivoit d’appeller ; & quand les avons-nous ap-
pellés ? dans un moment où les crimes qui fe préparoient
, nous infpiroient les plus vives inquiétudes.
Les débris de cette armée qui devoit ramener
la paix , félon M. l’abbé Maury, cés hommes qu’on
nous a accufés d’avoir défarmés , s’étoient répartis
dans plufieurs communes, & y avoient comploté
l ’affafiinat de leurs frères & de leurs concitoyens.
Au moyen de l’emploi des gardes nationales, la
paix s’établit dans le Comtat. M, l’abbé Maury vous
a remis fans cefle fous les yeuxTinfurreâion d’A -
yignon. Avignon & le Comtat font „deux pays différens.
D u moment où dans le Comtat les affafljps
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qui s’y étoient retirés, furent retenus par la pré-;
fence des gardes nationales, dès cetinflant-là le Comv,
ta t a,eu la paix ; chacun s’efi livré aux occupations*
des campagnes , & le retour à ces douées habitudes
y a ramené le bonheur. J ’attefte que les quatre-
vingts communes qui forment le Comtat jouiffenf
de la plus grande paix. Dans la patrie de M. I’abbe
Maury lui-même , à Vâlréas, où M. l’abbe Maury
vous a dit que 150 gardes nationaux avoient été
envoyés, on ne favoit pourquoi, j’attefte que les
officiers municipaux eux-mêmes avoiept demandé
cette garnifon ; & à l’inftant même où la municipalité
m’écrivit qu’elle répondoit de fa fureté
& de fa tranquillité intérieure, je donnai des ordres
pour que le détachement fe retirât. Je prie M.
l’abbé Maury, qui fait ce fait, de me répondre.
M. l ’abbé Maury. Je vais répondre , & je fuis
fâché que les commiffaires, par les éloges qu’ils
me donnent, m’obligent à leur faire un reproche
très-grave. Voici comment les gardes nationaux
qu’ils ont envoyés fe font conduits. Quatre foldats
font allés chez l’évêque deVaifon., lui dire: Vous
prenez du café, nous voulons en prendre auffi,
& l’ont forcé à leur donner de l’argent. Il eft vrai
que le commendant a puni le foldat qui avoit porté
la parole ; mais je demande pourquoi toutes les
garnifons françoifes ont été mifes dans, les communes
qui ont voté pour le pape ? pourquoi le
même jour le feu a été mis à la fois aux quatre
coins de la ville de Valréas,- fans que les gardes
nationales, dont le peuple entier réclamoit le fe-
cours , aient voulu donner la main è
M. Lavie. Je demande que M. le commiffaire
continue. Depuis deux jours M. l ’abbé Maury abufe
de la patience de l’affembiée.
M. Verninac-Saint-Maur entre dans les détails
de fa juftification, de l'inculpation à lui faite par
M. l’abbé Maury, de. s’être déclaré préfident des
amis de la conftitution d'Avignon.
M. le commiffaire médiateur continue fa juftification.
M. h Scène-des-Maifons. Avant que j’abandonne
la queftion relative aux gardes nationaux , il eft'
important que je vous mette fous les yeux juf-
qu’à quel degré la calomnie peut empoifonner une
bonne aélion. On vous a d it, je fuis fâché de le
répéter , que M. l’abbé Mulot a emprunté 3600 liv.
à Avignon. Vous connoiffez la lenteur avec laquelle
on paie les gardes nationales employés
dans le Comtat ; ils ne reçoivent point d’argent,
ils nous en demaudoient; mais la loi qui nous avoit
donné le moyen d’appeller les gardes nationales ,
ne nous avoit donné aucun moyen pour les payer;
nous empruntâmes fur notre propre refponfabilité
jufqu’à 7,200 livres , pour payer les gardes nationales
dont les befoins étoient urgens , dont quelques
uns retournoient dans leur pays ; & voilà 3a,
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