
M. -Frètent. Il eft vrai que nous ne connolflons 1
jpoiift la tactique militaire ; nous {aurons fort bien
régler le mode d’avancement & les règles de dif-
cipline. Je demande donc que lundi 'prochain, le
comité nous préfente fon travail fur cet objet. Nous
n’avons pas un moment à perdre. Les nouvelles
(dont j’ai déjà donné connoifiance à l’affemblee, deviennent
de jour en jour plus certaines. Il eft inftant -
■ que l’afîemblée s’explique. On ne peut fe refûfet a 3a certitude des avis qui me font parvenus. Je de-
amande qu’on aille aux voix fur ma propofition.'
M. Rojlaing, -Quelqn’empreffement que le comité
^militaire ait à fatisfaire l’afièmblée nationale, j’an-
sionce que le rapport fur le mode d avancement ne.
pourra lui être préfenté que jeudi prochain. Quant
_à celui fur la difciplinè militaire, il eft plus avance ;
mais le comité n’a pu encore avoir , avec les autres
■ comités-, les conférences nécefiàires. Je crois d’ailleurs
que l’àffemblée peut bien s’en rapporter au
patriotisme du comité militaire.
M. Tréteau. Comme je fuis du comité diplomatique,
je ne dois pas -laiffçr ignorer à l’affembiée
.qu’il n’y a pas un moment à perdre. Dans Ja plupart
des provinces frontières, les troupes n ont point la
confiance du peuple. Plufieurs villes d’Alfaçe , par
exemple , défirent d’être débarrafiees des régimens
qui , par leurs relations avec l’étranger, donnent
de juftes alarmés. Je ne foupçonne point les intentions
du comité militaire , mais je fuis attaché au
fuccès de la ehofe publique, que je déclare être
dans un péril certain.
M. Régnault , député de Saint-Jean-cT Jngely. On
a déjà obfervé que les comités ri’exécutoient peint
les ordres de Faffe.mblée nationale. M. Roftaing vous
dit que le comité ne- pourra faire fon rapport que
jeudi. Les intrigues & les cabales attendront-elles
cette époque.? Dans la crife où nous nous trouvons
, il n’eft perfonne qui ne doive fe prêter. Nous
tra vaillerons avec les membres du comité militaire ;
s’il le faut, nous copierons fous leur dictée. { On
applaudit. )
L’affembiée décide que fon comité militaire-lui.
’ fera , mardi prochain, un rapport fur la difciplinè
militaire.
On fait le&ure d’une lettre de M. Latour-du-
Pin. Le miniftre annonce que les ordres envoyés
au régiment de Languedoc, pour fortir de Mon-
tauban, ont été exécutés avec la plus grande exactitude
, & que ce corps a été Remplacé par le régiment
de Touraine. Le régiment de NoaiUes qui
étoit deftiné pour Montanban , a refuie d executer
les ordres du roi ; le comité militaire en a été
inftruit.
M. cCAmbly, Pourquoi le comité militaire n’a-t-il
pas rendu compte à l’affembiée, dés inftraéfions
kü^toiem données par le miniftre de la guerre ï
M. Ramtl-Nogaret. Le régiment de Nouilles cl
en garnifon à Carcaflonne. A la réception (le
l’ordre pour quitter cette ville , i! y avoit des
troubles relatifs à l’exportation des grains ; le régi,
ment étoit difperfèdans divers endroits. Le directoire
du département a écrit au miniftre qu’il étoit
impoflible en ce moment de laifler partir le régi,
ment, il n’y a point d’autres troupes dansja ci-devant
province de Languedoc.
M. Bureau de Puzi développe d’abord les
fondions i,c!es ingénieurs. — II, eft impoflible qu’ils
conduifent leurs opérations à leurs fins, fi le for»
tifteateur n’a pas à fes- ordres des ouvriers dont
il puifle difpofer, & fur lefquels il puiffe compter:
fi 'vous voulez tirer le génie, de l’inadivité dans
laquelle il gémit;-fi vous voulez qu’il vous pré-
fente des réfultats fatisfaifans de fes longues^étu-
des, donnez-lui des bras pour agir : ce n’eft pas
uniquement à l’attaque & à la défenfe des places
qu’il peut être utile ; il a été employé avec avantage
dans plufieurs départemens, & notamment dans;
celui du nord, aux levées, à la confe&ion des
canaux enfin , à divers travaux nécefiàires à la circulation
intérieure. Pour que ce ^orps foit atiITt
mile qu’on a droit de l’efpérer, il faut ou créer
une nouvelle troupe qui feroit à fes ordres, ou
réunir à ce corps une troupe qui exifte déjà, celle
des mineurs. La première de ces deux proportions
me.paroît inadmiilible ; la fécondé me femble devoir
être adoptée. Toutes les fois que le fortidateur
ne pourra pas difpofer des deflous du terrein fur
lequel il opère , tous fes calculs , tous fes efforts
feront inutiles ; il faut donc qu’il ait à fa çîifpofi-
tion, l’infiniment indifper.fable pour manipuler le
terrein : cet inftrument. c’eft le mineur. On a dit
que les mines étant un moyen de deftruâion, les
mineurs ne peuvent être réunis à un corps coder*
vateur. Mais le corps du génie a pour objet l’attaque
ainfi que la défenfe ; mais fi l’art de l’ingénieur
eft de conferver les fortifications de l'empire, il
doit aufli s’appliquer à renverfer celles des ennemis:
ainfi cette objeâion n’eft qu’un fophifme. On objefte
encore les dangers de l’incorppration : il ne s’agit
point ici dincoporer, mais de fubordonner un corps
travaillant à un corps favant, afin qu’il le dirigé
d’une manière conforme à l’inftruâion de l’un &de
l’autre , & utile au bien du fervice. D’ailleurs, a
quoi aboutit cette opération qu’on paroît tant redouter
? A adjoindre 30 officiers, qui n’en imirinu*
rem pas, à 360 qui les défirent. Au furplus, fi
l’intérêt de l’état doit l’emporter fur les confide-
rations -particulières, c’eft fur-tout dans la circonh
tance où nous nous trouvons.
Je penfe donc que, pour les progrès de l’art »
le bien du fervice, l’économie des finances,ƒ
réunion du corps des mineurs au génie eft ind»'
penfable. il eft donc évident que çette meftu'e cl!
bonne, utile, & je 'defire qu’elle foit adopté
Mais coipme elle n’pbvie point aux conteftano^
^ aux conflit^ de compétence qui peuvent le mà-
Liifefter dans les fièges, entre les corps de Ÿartil-
licrit & du génie ; & comme elle laiffe fubfifter une
Mépenfe d’environ cent mille écus , qui , par la
-réunion de ces deux corps, difparoîtroit, parce
L,’alors les officiers détachés dans les places pour
le fervice des fortifications , pourroient en même
tems remplir celui qu’y font actuellement les officiers
M artillerie en réfidence. Ces obfervations ramènent
,naturellement au projet de la réunion générale, &
■ voici quelle eft mon opinion individuelle fur cette
.queftion. En examinant avec le plus grand {crapule
les difficultés qu’on oppofe à ce fyftême , je n’ai
trouvé que trois objeétions folides & qui m’ont paru
•dignes d’une grande attention ; Tune fe tire des
drconftances-du moment-, les deux autres tiennent
à l’eflence même du projet. Quant à la première,
fondée fur les hafards d’une incorporation, dans
Les tems d’orages, fur le danger de rapprocher,
par l’autorité , des hommes qu’il eft defirable d’unir
par la confiance , fur la crainte enfin de manquer
[l’opération par l’empreffement même qu’on auroit
;de la foire réuffir, on ne peut fe diffimuler que
[cette objeélion. eft fondée ; mais elle n’eft pas info-
puble. Ceux qui ont compofé le projet de la grande
[réunion , ont indiqué le moyen de parer à cet inconvénient.
Il conlifte à ne réunir les deux corps
pftuels, que de nom & d’habit, à laifler cheminer
(chaque colonne dans fes fondions & dans fon avan-*
cernent, & à n’effeâuer l’amalgame que par ’ les
écoles, d’où il arriveroit que la fufion des deux
[corps en un feul, fe feroit pragreffivement, infen-
jfiblement, fans froiffer les intérêts, fans détruire
les habitudes, fans rompre les convenances particulières,
& vraifembiablement fans réclamations,
comme fans inconvéniens. Dans 20 ou 25 ans,
l’opération feroit confommée ; peut-être même les
efprits familiarifés avec le nouvel ordre dé chofes,
p préjugés diffipés par l’expérience, & les liaifons
pi fe formeroient, permettaient de hâter l’époque
de la réunion ; & il eft poflible d’efpérer qu’elle
feroit effeftuée en entier avant 15 ou 16 ans d’ici,
f La fécondé difficulté, prife dans le fond même de
*a queftion^ confifte dans la crainte de facrifier la
perfeffion d’une partie à l’harmonie du tout, &
p perdre l’art des fortifications dans celui de Yartil-
fie. Cette difficulté , dis-je , eft très-réelle ; mais
r ‘e n’eft pas infurmontable. On en fera convaincu
F*que l’on faura que c’eft de Pinftriiâion primor-
®'ale de l’école que dépend rinftruéiion fubféquente
dun ingénieur ; ce font ces premières leçons qui
décident de fes talens & de fon utilité pour le
Mie de fa carrière. Un officier peut fa voir très-
pien la pratique des travaux de Parchiteâure mili-
j?ire,> celle des retranchemens, celle de l’attaque
P de la défenfe des places; mais fi les connoiflances
"e f°nt dir igées par la théorie, ü l’efprit de calcul
, ('e méthode ne préfide à leur application, fi des
, es réfléchies n’ont pas établi dans fa tête les
apports de tous les travaux avec leur objet filial,
djjcmblée Nationale. Tome IJ. Débats.
létirs liaifons avec toutes les circonftances éventuelles
, cet homme fera un excellent chef d’atte-
lier, mais il ne fera point un ingénieur ; il ne peut
l’être que par la réunion de la pratique & de la
théorie ; & celle-ci a le grand avantage qu’en offrant
d’avance à l’efprit des réfultats qui n’exiftent point
encore, elle fait fentir la néceflité de la pratique
& qu’elle aide à furmonter les dégoûts des détails
qui l’accompagnent.
Ce feroit donc un moyen sûr de perpétuer dans
le nouveau corps , le goût & l’étude de l’art des
fortifications, que d’y conferver dans fon entier
l’école de théorie, où les ingénieurs paifent aujourd’hui
leurs premières connoiflances. Il y auroit
d’autant moins d’inconvénient à faire de cette claufe
une des loix fondamentales de la réunion , fi elle
a lieu , & à exiger que l.es élèves paffaffent trois
ans aux études dont il s’agit, que de toutes les cori-
noiffances qu’ils y acquerraient, il n’en feroit pref-
qu’aucune qui ne trouvât fon application dans le fervice
de l'artillerie, proprement dite, ou dans celui
clés arts acceffcires confiés à la direction des officiers
aéluels de ce corps. Un autre moyen aufli né-
ceffàire & non moins efficace que celui que je viens
de citer , c’eft l’attribution exclufive au nouveau,
corps, des travaux de la topographie militaire. Il#
ne peuvent être plus avantageufement confiés qu’à
des hommes exercés de longue main , portés, par
la nature de leurs fondions journalières, à obferver la
contexture & les localités d’un pays, la valeur réelle
ou faéiice des positions, la qualité des communications
, celle du fond des rivières & des ruiffeaux ;
autant de confidérations qui, intimement liées aux
combinaifons de l’art fortifiant, font infèparables des
opérations topographiques , & qui, par cette raifon ,
feront toujours convenablement affeâéesau corps du
génie ; & comme elles font attrayantes par elles-
mêmes , comme elles préfentent des réfultats fatisfaifans
, comme elles portent naturellement ceux qui
s’en occupent , aux fpéculations analogues à leur
profeffion habituelle , elles auront toujours pour le
corps l’avantage précieux d’y fournir un aliment in—
tariflable à l’efprit de combinaifon défenfive & à
l’induftrie militaire ; & c’eft le motif de tous les
mouvemens q u i, dans l’hypothèfe de la grande
réunion, me fait infifter plus particuliérement fur
cette attribution pour le nouveau corps ; perfuadé
que ce moyen, réuni à celui que j’ai indiqué précédemment
, fuffiroit pour perpétuer le goût & l’étude
de l’art des fortifications chez les militaires qui en
feroient chargés.
Enfin, il refte cette dernière objection ; favoir
que l’ingénieur diftrait & détourné par le fervice de
l’artillerie, donnant line application moins fuivie
aux objets de fa profeflion dire&e, acquerra proba-
blemènt une inftru&ion moins parfaite fur les di-
verfes parties de fon métier ; que certainement il
fera plus tard en état de diriger des travaux importait
, & que par conféquent l’état fera privé d’une
portion des feryiees qu’il a droit d’en attendre, Cett®
Yyy.