
à-peu-près le vingtième de la force totale : mais,
comme fou inftruction feule peut affurer fes fuccès,
il convient, en temps de pa ix, d’outre-paffer auffi
cette proportion, afin de n’être point dans le cas de
lui faire éprouver, au début d’une guerre, une
augmentation trop forte, fi on la reduifoit trop
confidérablement à la paix. Sa compofition aétuelle
eft de huit mille cinq cents quatre-vingt-cinq hommes
; tous fes détails font établis en conféquence :*
le moindre changement apporté à des bafes calculées
par le plus habile officier d’artillerie de l’Europe
, pourroit- être préjudiciable. Nous vous pro-
poferons donc de la. faire entrer dans nos calculs,
en la comptant fur le pied auquel elle eft portée
a&uellement, quoiqu’il faffe à-peu-près le feizième
de la force totale que nous avons regardé comme
néceffaire-à entretenir.
D ’après ces obfervations, Meffieurs, nous avons
penfé que l'armée dont nous Vous propofons de
déterminer la force, en temps de paix, entre cent
quarante-deux & cent quarante-trois mille hommes,
doit être compofée de cent deux à cent trois mille
hommes d’infanterie, de trente à trente-deux mille
hommes de troupes à cheval, & des huit mille cinq
cens hommes d’artillerie qui compofent ce corps
aujourd’hui.
I I I e. Queftion. Proportion du nombre des officiers
avec celui des foldats, cavaliers , &c. Les troupes
doivent être partagées en différens corps, appelles
armées, divifions, brigades, régimens ; & chacun
de ces derniers doit être divifé en d’autres parties ,
fous les dénominations de bataillons ou d’efcadrons,
fufceptibles de fe partager eux-mêmes en compagnies
, ferions, efeôuades : mais ce n’eft pas à nous
à nous occuper de cette organifation ; elle appartient
au roi, chef fuprême de la nation ; & devant nous
renfermer dans la difcuffion des bafes conftitution-
nelles, & nous borner à l’examen des dépenfes
qu’elles devront occafionner, nous ne chercherions
pas même à établir ici le nombre néceffaire des officiers
, fi d’une part cette appréciation apperçue
n’étoit pas indifpenfable à déterminer à-peu-près ,
pour le calcul des dépenfes ; & fi d’une autre part
nous ne regardions pas comme bafes conftitution-
nelles, dans un état où le préjugé de l’honneur
appelle au fervice toutes les clafles de citoyens,
d’affurer leur exiftence trop incertaine jufqu’ic i, &
d’empêcher qu’un minifir£, pour économifer impo-
litiquement les fonds qui lui feroient affignés, &
voulant un jour en diminuer arbitrairement le nombre
, ne pût, par une parcimonie mal* entendue ,
détruire ce préjugé fi précieux à entretenir. I l ne
fubfifteroit pas long-temps, fi une rédu&ion d’emplois
trop confidérable les mettoit dans une proportion
trop inférieure av.eç ceux qui defireroient en
obtenir, ou fi des fuppreffions trop fortes détrùi-
foient l’efpéranCe de l’avançement qui peut feul
foutenir dans cette carrière.
Le s proportions dans lefquelles les officiers doit
vent être aux foldats, ne font pas bien exaftemen*
déterminées ; elles varient dans tous les pays, K |
proportion dans laquelle ils ont été jufqu’ici e '
France, eft plus confidérable que chez les autres'
puiffances. Le caractère des François, vif ardent
& plutôt conduit par l’honneur que par la crainte*
rend le foldat moins paffivement fubordonné-
l’exemple & les bons propos le mènent d’une manière
plus certaine que les châtimens : c’eft dans
l’officier, c’eft dans l’honneur qui doit l’animer
que ces moyens peuvent fe rencontrer plus effen*
tiellement ; il fout donc, pour conduire des foldats
François, & même fouvent pour modérer l’ardeur
que l’honneur leur infpire, des officiers en plus grand
nombre que chez des nations que la féverité de la
difcipline, que la crainte qu’elle infpire, & qlle
l’habitude, pour ainfi dire innée de la contrainte
retiennent prefque naturellement dans le devoir.
Chez les nations nos voifines, l’état d’officier
eft un moyen de fubfiftance, d’aifance même, une
profeffiôn enfin à laquelle ceux qui. s’y deftinent
fe confacrent pour leur vie. Le régiment dans lequel
ils fervent devient leur patrie : ils abandonnent
rarement leurs drapeaux. En France , au contraire,
l’officier plutôt dédommagé par l’honneur que par
l’intérêt, des peines & des fatigues attachées à fon
état, appellé par ce fentiment & par préjugé au
métier des armes, a fes affaires & une fortune à
régler & à adminiftrer ; il eft indifpenfable de lui
donner des facilités pour s’en occuper ; il .en faut
donc encore par cette raifon un plus grand nombre
que s’ils pouvoient refter conftamment à leur fer-
vice. S’ils font plus nombreux, leur traitement n’eft
pas auffi confidérable. C ’eft un tribut glorieux,
mais peu lucratif, qu’ils paient à la patrie; en
diminuer le nombre, c’eft détruire le goût militaire
par l’impoffibilité d’y obtenir des places. Subftituer
l’intérêt d’un traitement fixé au-delà des befoins
réels, à l’honneur qui fuffit feul pour les appellera
cette profeffion, c’eft anéantir le préjugé. Il devient
aujourd’hui d’autant plus précieux à ménager, que
devant être partagé par toutes les claffes des citoyens
, il ne peut qu’augmenter la maffe de l’honneur
, caractère déjà diftinâif de la nation. Enfin,
fera-ce dans un moment où cette carrière honorable,
jadis abufivement fermée à une partie des
citoyens, vient d’être ouverte à tous; dans un
moment où leur empreffement de partager les travaux
des défenfeurs de la patrie, leur fera defirer
d’y trouver place, qu’il feroit propofable de rendre
le décret qui vient de confacrer leurs droits, pour
ainfi dire illu fo ire p a r une réforme trop confidérable
d’officiers, & par une diminution trop forte
du nombre des emplois auxquels ils ont droit de
prétendre. Nous ne l’avons pas penfé, Meffieurs,
& d’après toutes ces obfervations, nous avons cra
qu’il étoit de l’intérêt de la patrie, & du devoir
même des repréfentans de la nation, de ne point
chercher à affimiler la France aux proportions
d’officiers établies dans les des W W
L dont l’imitation n’a ceffè de nous être EH — W S i o n s , il étoit de la politique d’en confer-
nombre affez confidérable pour pouvoir
F“ le août militaire par l’efpérauce dob-
f e « P S . . & l’émulation par H J de
l ’avancement. , .
TY,llleurs, les officiers font des cadres précieux a
P J f l • de leur inftruftion dépend la bonté des
M ’ de laquelle dépendent à leur tour les
f e de’ B ü l L ’habitude peut feule la fore
iLiérir Toute création d’emplois nouveaux, toute
| H de' nouveaux corps I ai, commencement d une Ere, font fâcheufes. L a prudence veut donc
K entretienne à la paix, quelques reduéhens
K . faffe dans le nombre des fo dats la quantité ■ Ml qui pourroient être utiles à employer a
if, merre , & que l’on conferve, le plus poffible,
Iks corps exiftans fans les dénaturer, afin de n être
[pas obligé d’en lever alors de nouveaux, qui ler-
ivent rarement bien dans leur début.
1 Les ordonnances a&uellement fubfiftantes eta-
bliffent onze mille fix cens foixante-douze officiers
de tous'les grades & de toutes les armes, ou com-
miffiaires des guerres, pour commander, ou furveiller
[les détails d’adminiftration des cent foixante-deux
mille fix cens quatre-vingt-dix hommes dont 1 armée.
I eft compofée. D ’après les principes établis ci-delius,
quoiqu’en diminuant le nombre des foldats, il lem-
bleroit prudent de réduire très-peu celui des officiers
; mais comme parmi eux il en exifte plufieurs
IV e. Queftion. Quelle dépenfe Ventretien de rarmà
do'tt-il occafionner annuellement ? Pour vous prefenter
avec méthode l’état des dépenfes de Y armée, nous
ayons cru devoir les partager en trois claffes.
Dans la première, nous avons rangé les dépenfes
d’appointemens des officiers, la folde des foldats &
cavaliers, & les maffes deftinées à leur entretien
particulier , ou à leur fubfiftance.
Nous avons compris dans la fécondé les maffes
de l’entretien général & commun des hommes,
lefquelles appartenant ;à tous, n’appartiennent
cependant à aucun individuellement.
pourvus d’emplois fans fondions réelles^ ou n ayant
[ qu’un fervice mal réglé, dont l’utilité n’eft pas bien
[reconnue, nous avons penfé qu’on pourvoit fup-
|primer ceux de cette efpèce, & nous avons cru
[que le nombre des officiers-généraux, fuperieurs &
[particuliers, ou commiffaires des guerres, devoit
[ être fixé entre neuf mille cinq cens ou dix mille. .-L6
[nombre plus ou moins confidérable des officiers
[dans certains grades dépend de la formation des
corps; c’eft au roi feul à la prononcer; nous ne
devons vous en préfenter le nombre qu’en maffe.
11 ne pourra y avoir moins de neuf mille cinq cens
officiers de tout grade : voilà ce qu’il importera des
légiflateurs de déterminer, pour conferver Pefprit
militaire national, fi précieux a maintenir. I l ne
pourra pas y e n avoir plus de dix mille; voila ce
qu’il importe aux économes des revenus public de
fixer d’une manière précife pour déterminer la de-
penfe. L ’intermédiaire entre ces deux nombres eft
une latitude indifpenfable à laiffer au ro i, pour lui
donner la facilité d’organifer Yarmée dont il eft le
chef, de la manière qu’il croira la plus utile au
bien du fervice.
Quelle eft usuellement la dépenfe qu’une armée
de cette force doit occafionner ? C ’eft la quatrième
& fWtiîp».,» «„«a ;«- m.; «rmc p à f'Yîiminpr en ce
Enfin la troifième fera compofée des dépenfes
générales du département., qui ne peuvent pas être
déterminées en raifon du nombre d’hommes, ou qui
ne tiennent pas d’une maniéré proprement dite à
V armée.
Les armées doivent être commandées par des
généraux : ceux-ci doivent avoir fous leurs ordres
des lieutenans-généraux & des maréchaux de camp.
Nous avons penfé que les premiers de ces emplois
doivent être fixés à 4oaooo livres de traitement
par an, les féconds à 24,000, & les troifièmes à
16,000 livres. Ces places feront déformais les feuls
objets d’émulation, les feules récompenfes des fer-
vices. M. le comte de la Tour-du*-Pin, dans le
mémoire qu’il a déjà fait diftribuer, a annoncé qu'il
propoferoit à fa majefté la fuppreffion des gouver-
nemens généraux & particuliers. Les officiers-géné-,
raux qui feront, fans doute, employés déformais
d’une manière plus aâive èncore, n’ayant plus les
réffources de ces grâces pour être indemnifés des
frais d’un fervice difpendieux, doivent recevoir des
appointemens proportionnés à celui qu’on doit être
dans le cas d’exiger d’eux ; & c’eft ce qui nous
a déterminés à vous propofer de fixer ainfi leurs
traitemens.
Les commiffaires des guerres ordonnateurs, ordinaires,
ou élèves, ont à préfent en appointemer.s
qui leur ont été attribués par les dernières ordonnances
; favoir, les premiers 8000 livres, les féconds
4000 livres, & les troifièmes 1000, tant pour traitemens
que pour frais de bureaux : nous n’avons pas
penfé qu’ils fuffent fufceptibles d’augmentation.
Les colonels dans l’infanterie ont à préfent 40001-
d’appointemens par an , les lieutenans - colonels
3600 livres, & les majors 3000 livres, indépendam-
'ment d’une ration de fourrage , évaluée 270 livres,
fur le pied de 15 fols par jour, qui leur étoit
accordée pour un cheval pendant le temps de leur
fervice feulement. Obligés d’être montés lorfqu’ils
commandent, il eft difficile qu’ils puiffènt fe défaire
de leur cheval, lorfque leur fervice eft fini. Nous
avons l’honneur de vous propofer que cette ration
de fourrage leur foit accordée toute l’année, en la
cumulant avec leurs appointemens. Nous avons cru
inutile de vous propofer de les augmenter ; ils le
feront lorfqu’ils commanderont le régiment, par
un traitement extraordinaire de 200 livres par mois
que nous vous propofons d’attacher au comman