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monnoyés eux-mêmes ont deux valeurs différentes ,
l'une comme marchandife , l’autre comme ligne des
échanges. La première pouvant varier fuivant la
rareté ou l’abondance, qui toujours élèvent ou
abaiflent le prix de toutes les denrées, il falloit que
la loi leur imprimât une fécondé valeur immuable x
pour ne pas multiplier les embarras' dans le commerce.
L’exaéfce correfpondançe de ces deux valeurs
feroit pour la monnoie le point de la perfection
j ainfile ligne légal des échanges doit toujours
être aufli rapproché, qu’il eft poflible, d’une valeur
réelle, égalé à la valeur de convention. Voilà
pourquoi un papier-monnoie fans valeur effective
(& il ne peut en avoir aucune, s’il ne repréfente
des propriétés fpéciales ) , eft inadmiflible dans le
commerce , pour concourir avec les métaux qui
ont une valeur réelle & indépendante de toute convention.
Voilà pourquoi le papier-monnoie qui n’a
eu pour bafe que l’autorite , a toujours caufé la
yuine des pays où il a été établi. Voilà pourquoi
les billets de banque de 1720 ,' après avoir caufé
tes plus grands malheurs., n’ ont laiffé «que d’ affreux
jfouvenirs. L’affemblée nationale n’a pas voulu vous
expofer à ce danger ; auffi, lorfqu’elle donne aux
aflignats une valeur de convention obligatoire, ce
n’eft qu’ après leur avoir affuré une valeur réelle ,
une valeur immuable, une valeur qui leur permet
de foutenir avantageufemenç la concurrence avec
Jes métaux eux-mêmes.
A quoi feryiroient des aflignats qu’on feroi t libre
de refufer? Placés comme marchandife dans le
Commercé , loin qu’ ils fuppléaffent à la rareté du
numéraire, ils rendroient cette rareté plus incommode
encore & plus funefte peut-être, car le
prix d’une marchandife ne peut que décroître,
toutes les fois qu’elle devient plus commune, fur-
tout au momeqt où Içs moyens 4e. l’acquérir font-
plus rares.
Les pièces de monnoie ordinaire dont le cours
ne feroit pas fo rc é , auroient elles-mêmes un in-
«onvénient prefque égal à celui des aflignats libres
î elles ne fe placeroient dans la circulation
que comme une marchandife, dont le prix pourvoit
varier à chaque inftant. Rien ne s’exécuteroit
qu^au travers de mille difficultés. Il eft dpnç indifenfable
que la lof fixe ïe cours de la monnoie orinaire,
& qu’elle règleiauffi impérieufementtout
ce qui doit remplacer le numéraire dans }a circulation.
Mais le légiflateur n’a droit de donner ce caractère
légal, qu’après s’être affuré de la valeur à
laquelle il l’imprime. C ’eft ce qu’a fait l’affemblée
.nationale. Elle n’a créé des aflignats-monnoie,
qu’après avoir déterminé une maffe de biens nationaux
& difponibles, & en avoir formé le fubfide
de 490 millions pour fecoprir le tréfor public.
L’affemblée nationale s’attend donc à voir tous
les bons François applaudir à cette mefure. Elle
4él|frë 4ê Tait fanefte des expédièns errfinan-
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r ce j elle foulage les revenus de l’éta t, d’une dé.
penle çonfidérablej elle prépare l’extin£tion de|>
dette publique ; elle eft utile 4 l’induftrie ; e f a
digne enfin d’une nation éclairée, qui ne veut ni
fe tromper elle-même, ni tromper les autres.
L’intérêt: attaché,aux aflignats rappellera bientôt
le numéraire enfoui ; ils ont déjà opéré fur k
change avec l’étranger une révolution favorable
elle fera complet te j tout fe ranimera à la fois-
dès què.les provinces feront à Tuniffon délaça*
pitale fur l’ufage des aflignats. N
L’affemblée nationale auroit^élle befoin de raffûter
le§ çitovens fur le fort de la religion & de
-fes m in if t r e s ? ïu;r celui de toutes les perfonqes qui
regarderoient les biens ecclefiaftiques comme une
hypothèque ou un patrimoine ? Quoi 1 l ’ hypothè-
que de$ créanciers du cierge s’affoibliroit-eie
parçq'qu’elle paffera dans les mains*de la nation!,
parce que les biens ecclefiaftiques feront défor*
mais cultivés par de vrais propriétaires ? p a rc e que
l ’indurtrieufe follicitude des pères de famille, met-
tra à la place de l’ aérivité usufruitière qui épuife
les forces .p r o d u c t i v e s , l’économie p r é v o y a n c e qui
les réferve pour nourrir des générations? François,
faut-il vous rappeller q u ’ é c l a i r é e , f o u te n u e , encouragée
par vos travaux , l’a d 'em b lé e nationale
régénère & ne’ d ë t r u i/ pas , que les ruines dont
elle f é m b l e environnée*; font les frêles étais du
defpotifme, & non les folides appuis/de la prof-
périté publique? E h ! qu’importe quels biensac-
- quitteront votre dette envers les miniftres de la
religion , pourvu qù’ils foient honorablement
traités, pourvu que leur falaire ne les-é lo ig n e pas
de leur devoir, qu’il'ïes r a p p r o c h e au contraire
des horrimes qu’ils doivent édifier , inftruire &
çonfoler ? Où font les exemples d ’ u n ' peuple, qui
en devenant libre ^ foit devenu jhjuile envers'
ceux.qui le fervent 5 & n’avons-nous pas établi
lés dépenfes de la religion au premier rang des
dépenfes publiques, ainfi que vous placez tous la
religion elle-même au premier rang de vos. devoirs
£
Quand il eft fl évident que la liberté améliore
l’homme, qu’elle lui donne des vertus en lui ren* ■
dant fa dignité , qii’elje ne le délivre de la fu*
perftition , qu’en donnant plus de force au* devoirs
de la morale, quel aveuglement oü quelle
perverfîténefaudroit-il pas , pour chercher à vou*
perfuaderqué vous,deviendrez irréligieux , que
vous mépnferez les gardiens des moeurs &'de la
mprale, parce qu’au lieu de laiffer .au clergé b
difpofltion de fes biens, vous entretiendrez Je
clergé des deniers de votre tréfor ?. Souffrirez-
vous qu’on vous croie moins bienfaifans envers
vos frères pauvres , parce que les î.oix' veilleront;
elles-mêmes fur e u x ,& que les droits de l'homme
font plus que jamais çonnu.s & facrés ?
Après, vpus avoir prouvé la sûreté des
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1 «nni'p I» iuftice & la fageffe des réfolutlofts. ]
ï i leur fervent de bafe, quelle,objeffion nous j ILJSS à détruire ? Faudra-t-il répondre-en- ;
f e à ja crainte fri volede la falfifieation, tandis ;
K ’ii effii aifé d’en prévenir les effets & d'y op- \
^V r une furveillance, dont l’aCrion toujours pré- j
£ t e / multipliera autour de vous les moyens de j
garantie & ceux de vérification.
f e ’affeftiblëe nationale n’ oubliera rien pour conduire
à fa fin la plus honorable entreprifevlS’oubliez
jamais à votre tour , que fans les efforts de
Yo&' repréfentans, 'les malheurs de cette année
luiîent entraîné la perte de l’avenir 5 que cet avenir
déformais eft à vous s que l’ opération des afîi-
gnats-monnoie étoit la feule qui put vous' en ré-
Ionie, qu’elle-fe lie à la conftitution , qu’ elle
en eft une heureufe conféquèncè, quelle n'eft
fouillée par aucun intérêt nfcal, qu’elle délivre
| chofepublique dè cet art fi cruellement menfon-
ie r , avec lequel oh a. fi long-tems abufé dé notre
frédulité & de nos forces.
| Après ces explications, héfiteriez-vous à donner
votre appui aux aflignats-monnoie , à regarder
Somme vos ennemis, comme les ennemis de la
liberté ceux qui cher cher oient à en troubler le
»ours, à détruire la jufte .confiance que vous vous
levez à vous-mêmes , à^vos propres intérêts ,
aux décrets rendus par vos repréfentans , par des citoyens ehoifis par vous , animés par votre efprit,
|évoués avec courage aux combats que vous leur
avez ordonnés ?
B Françoisvous n’oublierez pa£ que l’union eft
'ïefalut des peuples qui veulent brifér leurs fers 5
Bous n’oublierez pas que l’affemblée , à. qui vous
|vez donné le droit dé repréfenter la nation , eft
i ’unique centre de cette union. Elle -s’occupe ,
û aceoid avec votre ro i, à préferver pour tou-
purs vos droits des attentats du pouvoir arbi-
.Iraire., à garantir vos biens, le fruit de vos peines
(& de vos follicitudes , des mains avides des déprédateurs.
Tous leurs défordres font maintenant-
abus nps yeux. Les moyens qui les ont favorifés ,-
flous indiquent ceux qui doivent vous en garantir.
On ne peut- plus nous èn impofer par de vains
Bophifmes $ elles ont difparu ces adminiftrations
»impliquées, plus orgariiféespour fervir de refuge i|ux abus, que pour les prévenir. Ou nous péri-
^-'s, ou les contributions de votre juftice & de
f ’otre patriotifme feront çonftamment &: fidèle-'
ffisnt employées à .leur dettination. Les mêmes
Bonds que vous deftinerez à l’extinêlion de , la
luette , ne ferviront qu’ à éteindre' la dette j ceux
;|jui devront maintenir la force publique & les dé-
ïfenfeurs delà patriefur un pied refpeêlable , n’ au-
Jontpas d’autre deftination. Là religion, fes mi-
|iiftres, f-les pauvres n’auront point à craindre
P u on diflipe à d’autres ufages ce qui leur fera
-tonfacré. La majefté du trône , devenue plus inv
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pofartte encore par fes auguftes fonctions , celle
d’exécuter les décrets d’un peuple libre , ne fera
plus expolee à entendre les gémiffemens de .tant
de malheureux. Les criminelles extenfions .d’im-
pô.ts, l’avidité des percepteurs qui les étendoierit
encore , ne flétriront plus le gouvernement du
meilleur des rois.
Par-tout l’ ordre), la règle;, & leur-incorruptible
gardien , la publicité loyale, deviendront les ga-
rans de 1 obéiffance, & la fauve-garde de vos
propriétés. •
François, fécondez l’affemblée nationale par
votre confiance ; fes infatigables travaux le méritent.
Un peu de tetris encore, & les avantages
de notre conftitution atteindront toutes les. claffes
d e là fociété. Un peu de terris encore, & nul
peuple n’aura autant mérité les bénédictions du
genre humain.
GO UTTE S , Curé d’Argevîlliers , préfident:
Muguet de Nan th o u , le comte d e C r il lo n ,
DE LA RéVELLIERE DE l’ÉpEAUX , PvOEDERER,
deKer v e l e san , de C hamp AULX Pa l a s n e ^
furétaires.
( Voyei A s s ig n a t & D ette publique ).
A G R ICU L TU R E , f. F. Cette'partie des con-
noiffances & des travaux champêtres qui a pour
objet de faire produire à la terre les chofes né-
céffaires à nos befoins, & d’élèvef les beftiaux
qui en facilitant la production 2c l’emploi.
L’ affemblée conftituante s’ eft occupée de /V-
griculture, tant dans la partie- adrainiftrative
que dans la partie réglementaire. Les débats
élevés dans fon fein à cet égard, doivent trouver
place aux mots qui en indiquent plus particulièrement
l’ob jet, car. ce feroit jetter de la
confufion & de l’entaffement dans les matièrès
què de réunir fous le mot agriculture , les opinions
débatues für les défriehemens , les defsechemens , la
chajfe, la pêche, la confervation des b o l s il nous
a_ paru plus fimple & plus clair de faire de tous
ces fujets autant d’articles • féparé's', auxquels on
doit avoir recours pour connoître l’enfemble des
difcuflions qui ont rapport à /’agriculture.
On doit remarquer au refte que cet objet n’ étant
point d’un intérêt contefté, ne préfentant aueua
de ces rapports politiques qui ont donne lieu a une
grande diverfite d’opinion, les débats fe font réduits'
à peu de chofe toutes les' fois qu’il a été
queftion'de porter quelque décret fur /’agriculture.
Le code rural meme a prefqu entièrement été décrété
, tel que le comité chargé de fa rédaCHonJl’a-
voit préfenté. Voici donc quelques débats qui ont
! eu lieu lôrfque le rapporteur a lu pour la première
j fois le projet du code rural; nous renvoyons pou*
ce code à la troifième partie de cet ouvrage*