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femblée nationale préfumant favorablemènt des
motifs qui ont animé M. ÜAlben3 8c lès aiitrè's
officiers de marine & la garde, nationale 3 8c ap-
plaudiffant au zèle des officiers municipaux déclare
J 8CC. ».
M- l’abbé de Bonneval. Infifte fur la néceffité
de fubftituer le mot convaincue à celui dé préfu-
tnantÿ il demande que tous les officiers foient
nominativement indiqués dans ‘le décret avec une»
mention honorable de leurs fer vices.' '•
'On ferme toute difcuffion & ‘propofitions d’amendements.
L’affemblée décide qu’il n’y ‘a pas lfeu à délibérer
fur tous les amendements j elle adopte le
décret tel qu’il étoit rédigé lorfqu’il a obtenu
la priorité.
Nous finiffons cet article par rapporter deux
pièces fur l’affaire de .M . Albert de Rioms, Tune
eft un a6te du comité permanent de Toulon*
l ’autre une pièce de M . Albert fur l’événement
qui a do’nné lieu aux débats que' l’ on vient de
lire ; ïioüs y joindrons ünè lettre du même officier,
général adrefféë, à Tâflèmblée nationale le
4 o&o.bre 1790-, mais fur un autre objet.
'Extrait de la délibération prifé par le confèil münici-:
pal & permanent dé la communauté, de Toulon 3 te
7 décembre 1789 , fous lapréjidence & dutorifàtion
de M. et André 3 membre de V ajfèmblée nationale ,
» & commijfaire du roi in Provence. . :
« Oui la le&ure des recherchés faites par le
comité nommé par la délibération d,u 3 du courant
j da& procès-verbaux & dès pièces y jointes.
« L’affemblée confidérant que la ville de Toulon
eût joui j depuis l’émotion populaire dji'23
mars dernier,, d’une parfaite tranquillité,
» Si M.le comte d Albert 3 moins jaloux de l’au torité
de fa place ,.n’avoir voulu s’en fervir pour
défendre aux gens de I’arfenal d’y entrer avec la
cocarde nationale , ce qu’ il fut enfuite obligé de
permettre & de faire lui-même 5
» S i, counoifîant les inquiétudes 8c la commotion
que la préfence des*troupes étrangères caufe>v
ro it, il n’ avoit point demandé un bataillon uiffe;
pour la garde de l’ arfenal 5 cqmme fi les gens que
cet attelier formidable entretient & nourrit, &
fi les troupes de,terre & de,mer , & tous les ha-
bitans en général , n étoient pas les plus fidèles
gardiens de ce précieux dépôts
» S’il n’avoit épopfé la querelle : d’un officier
d’infanterie qui n’étoit point fous fe$ ordres , ;&
qui , non content d’avoir pais à fon chapeau : urte;
grande 8c large cocarde noire, s’ëtoit porté ycop--
tre un brigadier & une fentinelle de, la gardé nationale
^ à la menace la plus terrible y ; AA
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» Si;^ à^cètte occafion /on n’avoit contraint^'
bas-officiers de la marine à fignef & à porter auj
fieurs maire & confuls, une déclaration qui feni.
bloit être le fignal de la rupture de l’union & deli
concorde qui régnent entre la garde nationale #
les tr oupes de terre 8c de mer ; •
» Que néanmoins le public rendait juftice am
vértus guerrières de M. le comte d’Albert
fible , autant qu’ il doit l’être , aux aéies de bien-
faifance qui énàanoiént de lui ’depuis quelques
temps, airnoit à penfer qu’il fuiyoit bien moins
l’impulfion de fon ame que celle de confeils, iin.
prudens & perfides.
» .Mais,confidérant en outre l’affreufe journée
du premier du courant /amenée , 8c par les càufes
qui ont déterminé la députation de JVTM. Raimond,’
Jourdan 8c Mallard à Paris, 8c par la défenfefaite
par M. ‘d’Albert aux geins de l’arfenal de porterpouf
( l’aigrette ) , &: de s’incorporer dans;la garde nationale,
Comme fila qualité d’ouvriers de l’arfenal
étoit incompatible aveç/céllè de bons citoyens, 8c enfin, pafTèxpulfio(n de deux ouvriers , pourunt
telle caufe 3
' » » Lès préparatifs ■ & les précautions dont cette
trifte journée avoit été:précédée, y les.1 ordres donnés
la veille aux. troupes de.la marine, les cartou-
ch es qui leur avoient été diftribuées, leur raflent-
blemenp au :champ de bataillé’,, àTinfu & contre
le voe u ’ de la municipalité, les circonftances &
fous les faits : confignéls;' dans les procès-verbaux
, :8c les piëcès mifes-fous lés.ÿeux du coït
feil, 8c qui préfentent une violation du décret de
l’affeniblèè natiohàle du ro août dernier, & du
ferment folemnel qui en fut la fuite ;
.j» Il réfulte irrévocablement qu’il n’eft plus permis
de douter qu’ il impprte à la fureté publique
de mettre in.ceflàmment fous les ÿëiix de raflent-'
bleé nationale toüs les événemeiis, leurs caufesA
leurs Cifconftancès f à l’éffet de quoi il a eté unanimement
délibéré ^ q ue , par ün eburier extraordP
naire, il fera porté, à raflëjnblée nationale, les mémoires
, procès-verbaux ', dépolirions & autres,
pièces fervant à charge 8c à décharge , pour que.
Taügufté affembléè des fèpréiêntans déjà nation,
fâffê’Cpnn'oïrrè à la communauté de Toulon ce,
qu’elle ddît faire dans de telles circçliïftançés^.ÿ'
jufqu’alors.
y»-jLè ' conîeil dêclare^que MM. d’Albert
Caffèilétde^yillàges, cfè BonhëVài<, ,'Bfpq\ii%
arrêtes à la clameur publiciuqj, Éç détenus dan? le?
chambres d’és/magiftrâts dû palais, dè juftice, y dé
mëuççlit fous, la fauvë-gârde de-la îiàtipn
lo i, & feront traités avec Thumàniteles égards 0-
leur font dus 1 . •
: •?? Ayant été;,.à* cet égard j :délibéré que iktÿ
fortnément. à^l’article 9 du décret defaffeifl^
nation^
m'Atvile portant déclaration des droits de l’hom-
f 11 toUte rigueur qui ne feroit pas abfolument
tif'6 dftire pour être affuré de leurs perfonnes ;fe -
•roit fupprimée.
Et fera l’extrait de la préfente joint à l’envoi
ï l ” nièces, 8c ont la délibération figné à l ’ofigi-
Bha copie de cette pièce effentielleaété envoyée!
le Toulon à plufieurs perfonnes de Paris , parmi
fefquellesil fe trouve fans doute un grand nombre
les juges dé cette caufe. 1
I II y règne un ton de modération 8c de fageffe,
luquel les préjugés contraires feront forcés eux-
ftemes de rendre un fecret hommage.
KOn remarquera dans ce récit fidèle 8c authentique
des faits, que l ’affaire de Toulon n’eft pas di-
lii'ée. C’eft toujours le même fujet de la même
ïuerelle. Depuis l’aventuré de la cocarde noire, du
lune officier du régiment Dauphin, jufqu’ à la
îdiigrâce des deux maîtres d’ équipage , qui ont mis JL pouf patriotique à.la mode dans l’arfenal, on ne
ïoit pas changer la caufe de la conteftation.
I Cette lutte entre le patriotifme naiffatit 8c les
préjugés anciens, a feulement deux époques différentes.
Dans toutesles deux, le peuple de Toulon
& la milice nationale confervent leurs a vintages.
Ce font les officiers de la garde nationale qui
fnt été généreufement demander la liberté du
leune officier à cocarde noire, que^ fon corps avoit,
mi-même, condamné a garder pril'on.
■ La fécondé époque ( l’ infurreélion des ouvriers
ide l’arfenal-), préfente encore un plus grand nombre
de preuves, en faveur d’une municipalité toujours
prudente , d’une garde nationale toujours
attentive , & d’un peuple contenu jüfqu’au dernier
moment.
■ Qu’ont fait les quatre mille ouvriers ? Ils fe
■ font armés d’une cocarde patriotique, pour aller de-
Imander àM. le commandant qu’ il voulût bienren-
Idre la liberté à deux hommes, emprifonnés pour
■ avoir porté le même ligne des mêmes fentimens ?
B. Un refus les a irrités j le peuple s’eft ému : on a
commencé à prendre les armes. Le tumulte deve-
poit de plus en plus menaçant.......Que fait la municipalité
? Aidée des confeils 8c des efforts de la
|garae nationale, elle députe à M. le Comman-
|dant, homme dont les qualités perfonnelles font
■ révérées, que toute la ville honore 8c qu’elle vou-
proit aimer, l’un des'militaires les plus eftimés
Ipar leur valeur , leurs talens guerriers , homme
K une humanité privée, peu commune , 8c q u i,
itout-à-l’heure encore , avoit confacré aux pau-
pres marins une fommé affez confidérable , defti-
piee à l’ornement d’une fille chérie (1 ).
■ (0 M. le comte 3’Albert de Rioms , a converti en
Ajfemblée Nationale, Tom. IL Débats.
C e p en d a n ta u moment où les municipaux &
les officiers de la garde nationale fe' font présentés
à Thôtel du commandant,, quelle a été leur récréation
? quèl accueil v ont-ils reçu ?.... Toutes les
vertus privées femblent, dans cet inftant a b a n donner
cet homme public , ce chef militaire......
Des citoyens fortent confus , humiliés de la préfence
d’un homme d’honneur !.
Pourfuivons, voyons la conduite de la ville de
Toulon le refte du jour, de ce jour à jamais- célèbre
du premier décembre. Le peuple étoit là
('fur la place d’armes ) \ plus-de quinze mille
hommes attendoient la réponfe de la municipalité
, qui fortit confternée ( on dit même que les
municipaux ont employé, pour fléchir M. le commandant
, les expreffions les plus humbles, & que
le genou de ces citoyens a touché la terre.). Le
peuple empreffé queftionne fes députés, il falloit
répondre ! La nouvelle du dernier refus exalte toutes
les têtes > la préfence de deux cens hommes de
troupes réglées ( de terre 8c de mer ) allume en-
cçre la fermentation.......Les foldats étoient tranquilles;
les officiers commandent de porter les armes......
On crut entendre l'ordre de faire feu. La
multitude entre en fureur-. Un officier de marine1,
qui cherche à gravir vers un balcon voisin,reçoit
un coup defabre.......Mais déjà les troupes avoient
mis bas les armes en préfence de leurs concitoyens,
de leurs frères. Eh ! qu’il foit permis de f.epréienter
aux familles des officiers dent l’étrange courage a
fi fort compromis J a conduite, que fi les foldats
euffent montré le même courage & les mêmes fénti-
mens ; que fi l’on eût fait feu3 la ville étoit en cendres
deux heures après.
Cependant dôuze cens hommes de la garde nationale
, fpéblateurs fans armes de ces fcènes tu-
multueufes, fe rangent, fe ferrent, 8c contiennent
, les bras étendus , les flots de la multitude.
Cette multitude croit être calmée en demandant
juftice au lieu de demander vengeance ; elle veut
qu’on fe précipite dans l’hôtel de M. le commandant
, qu’on y faififfe les officiers , 8c qu’on les
conduife en prifon.
Les gardes nationales forcées d’y confentir ,
confervent affez d’afeendant pour capituler avec
la fureur du peuple ; 8c dans l’impuiffance d’y
mettre des bornes, elles lui impofent des conditions.
On convient que MM. les officiers feront
arrêtés 8c conduits dans la prifon du palais, mais
qu’il ne leur fera fait aucun mal, 8c que leurs perfonnes
feront refpe&ées.
Il eft vrai que la municipalité 8c la garde natiooeuvres
de charité l’emploi d’une fommé d’argent,
qui devoît fervir à faire un préient, ou à donner
une fête à madame fa fille,.-. Ces difpofitions domef-
çiques font jrrop honorables pour demeurer des fe*
crées de'famüle.
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