
cui;é ; il fe rendit dans différentes gamifons voi-
........Nous devons des témoignages honorables
aux grenadiers qui refuferent de marcher
contre la maifon commune ; c’eft à leur fermeté
la doit fonfalut, car les officiers eurent
allez d influence fur les foldats pour leur faire
taire plulîeurs évolutions.....
Pour remplacer le régiment de Lyonnois , l’ad-
minillration requit 400 hommes du régiment d’E r-
nefl , en garnifon a Marfeillé , & 400 hommes
de la garde nationale de cette ville , de venir au
fecours d’A ix . La paix alioit fe rétablir, fi M.
Pafcalis, qui avoit prononcé, à la clôture du
parlement, un difcours infultant à la nation,
n avoit été arrêté & traduit en prifon. Le peu-
pie vouloit avoir juftice des manoeuvres de fes
ennemis; il demandoic fa tête. La garde de la
prifon étoit confiée aux'gardes nationales de Marie
iils & d‘A i x , & au détachement du régiment
d’Erneft : voilà quelle étoit notre fituation hier
a huit heures du matin ; depuis, elle eft devenue
lus affreufe; les cris qui demandaient la tête de
1. Pafcalis , redoublèrent. Les efforts que firent
les adminiilrateurs, ne fervirentqu’à lés rendre fuf-
Çeâs au peuple que les officiers municipaux en
écharpe ne purent contenir...... MM. Pafcalis,
Laroque & Guirantont été pendus à des arbres..
Jamais fituation ne fut plus terrible que celle des
adminiftrateurs...... La garde nationale de Marfeille
a été requife de partir, afin de diminuer
le nombre des troupes armées.... Les tribunaux
font une information ; différentes perfonnes inculpées
ont ete arretees ; plufieurs font chargées
par les derniers paroles de MM. Pafcalis & Guirant,
dont le dernier eftaccufé lui-même d’avoir tiré plufieurs
coups de piftblet.
M. Riquetti demande que les députés des trois
departemens de la ci-devant province de Provence
foientautorifes à fe réunir, pourpropoferles nie-
fures provifoires néceffaires pour le rétabliffe-
ment de la paix dans la ville d’A ix , &que le fx>nd
de l’affaire foit renvoyé au comité des recherches.
—• Cètfe propofition eft adoptée.
_ M. V oid e ly au nom du comité des recherches. La
ville de Lyon.fut, il y a quelques mois, le théâtre
d'une violente fédition ; elle eut pour prétexte une
diminution des oétrois ; mais les officiers municipaux
, aidés par les foins des bons citoyens
l ’appaisèrent ; ils ne parvinrent point à détruire
les efpérances des miférables ennemis de la patrie.
Les méconteis crurent pouvoir ranimer un feu
niai éteint. Depuis quelque tems, tous les avis
reçus de Nice , de T u rin , d’Antibes & de différences^
parties du royaufne , follicitoient une me-
fure févère de votre part. Les préparatifs qui fe
faifoient fur vos frontières, les voyages de M. d’Au-
tichamp, l’arrivée fecrerte d’un mîniftre prévaricateur
a T u rin , fes liaifons avec MM. Coodé,
Bourbon,d’A rto is ,le raflfemblenaent fubitdetou*
conspirateurs, tous ces mouvêmens exciterez
la furveillance de votre comité. Enfin tout eft<K
couvert. ( On applaudit. )
Pendant la nuit du 8 au 9 de ce mois, MM.
officiers de la garde nationale de Lyon, decl*!
rèrent, en préfence des officiers municipaux
qu’ ils avoient découvert une confpiration, niai!
que pour ne rien éventer, ils avoient pris confeif plufieurs citoyens, qui s’étoient, à deflein
mêlés parmi les complices. Les officiers munici!
paux paffèrent cette nuit 8r la fuiyante à recevoir
lés dépolirions de ces quatre témoins ; en voici
l’extrait :
Il ^ a trois mois, dit M. Monet, que M . . . , fi.
devant comte de Lyon, m’ engagea à une entrevue
par l’entremife de M . Beaujour, fon fils naturel;
celui-ci me parla des maux qu’avoit en tra în és la
révolution, de l’anéantiffement du c om m e r c e .il
ajouta qu’ il avoit appris que j’ avois la confiance
d esouvriers.il s’a g it, nie dit-il, d ’ e x é c u te r un
projet énergique; il faut fourdement e x c ite r le
. peuple. Ce pauvre peuple ne fouffrira p a s , fins
doute, la vente des biens du cle rgé, & fur-tout
de ceux des comtes de Lyon..... Je f u s conduit
chez M M . Defcarts & Teraffe, d it T e if f o n e t .C e s
deux officiers me conduifirent.chez le ci-devant
chanoine : nous eûmes enfemble des conférences
pendant environ deux mois. Un jour il v in t chez
moi. Je fis cacher un nommé Privât & fon fils fous
le lit. « Lè meilleur moyen de gagner le peuple,
me dit le ci-devant chanoine, eft de réunir le plus
de monde poffible dans l e s " c a b a r e t s ; de payera
cet effet les cabaretiers , pour faire donner le vin
à meilleur marché. Je leur oppofai que les cabaretiers
pourroient nous découvrir ; il adopta mon
obfervation, mais en ajoutant ; Eh bien, i l faut fe
contenter de nommer les princes., d ’ e n g a g e r le
peuple à les rappeler , en annonçant qu’à leur retour,
ils répandront de l’ argent, qu’ils feront diminuer
les droits d’entrée ; que le roi v ie n d ra habiter
la ville.... Il me donna deux fois une fomme ;
de vingt-cinq louis ; & me chargea de diftribuer
des libelles incendiaires, dont il avoit un dépôt;
favoir : UAdrejfe aux provinces j la Lettre à l'auteur
d‘un journal connu, le Voeu d’unfran fois la Lanterne
magique ; l ’ouvrage de M. Calonne , &c. &c. Pour
ne pas me rendre fufpeéfc, j’en diftribuai plufieurs;
je dépofai les autres entre les mains du commandant
■ de la garde nationale.....H me nomma, enfuite un,
M. Guillain, & me dit que fon p r o j e t était de fe
faire nommer maire; celui-ci acceptoit la place) I
mais à condition que les autres officiers municipaux
fuffent tous choifîs à fa fantaifie.
On entreprit, à cet effet, d’envoyer des efpious
dans les clubs patriotiques, d’ en gagner les pre-
fidens & les fecrétaire^. Ils fè plaignirent d'être-
mal fervis à l’hôtel de la commune, quoique
payafleat bien ; ils me parioient Couvent deM- ™
Mtipelle, commandant de la place , comme de leur
meilleur ami. Ils l’appeloient l’ami Lachapelle. Un
& M. Terraffe me dit chez lui î- eh bien, ce
fera donc pour demain! Noh , pour dimanche pro-
ihain j répondis-je. Il me témoigna du regret fur
ce délai. Il faut que l’ affaire éclate lundi .; je vous
Eréfenterai au comte d’Artois; les princes récom-
îenferont généreufement ceux qui les auront
jèrvL- M. Defcarts m’a témoigne auffi beaucoup
^inquiétudes fur le délai que je lui propofois.
Jmnd il s’ agit de renvoyer d’un jour à un autre,
lue dit-il, nous fouîmes obligés d’ avertir beautoup
loutres perfonnes.... On me fit faire une nôu-
ïelle diftribution de papiers... Nous venons d’ap-
ïrendre, me dit-on enfuite, que Perpignan s’eft
femis fur l’ancien pied. Les impôts fe perçoivent
Jléjà au profit du roi, auquel ils appartiennent,
fcijon en a fait autant....
I M. Voidcl. Vous venez d’entendre parler d’un
'libelle intitulé : Lettre a l ’auteur d’un journal très-
§onnu. Ce libelle eft un manifefte des projets des
jconjurés de Lyon. En voici quelques phrafes :
gLyon n’aura qu’ à parler pour redevenir floriffant,
pour faire rentrer les princes. Quand le peuple fe
fera juftice de tous les incendiaires qui voudroient
août bouleverfer, quand les réverbères neferviront
plus qu’à éclairer , alors tous les' françois expatriés
le rendront en foule dans cette ville ; le roi lui-
ifnême y viendra, & entraînera avec lui fon affem-
ïblée nationale, puifqu’elle s’en eft déclarée infé-
jparable, &c... Je continue de lire l’extrait des
Repolirions,
V » Le 17 novembre , dit M. Berthet, je me
Hpndis chez M. Guillain. Après une converfation
ipréparatoire, dans laquelle je réuffis, en feignant ^
$' m’attirer fa confiance , il fau t, me dit-il , que
’tu te mettes dans notre parti ; as-tu des moyens?
Ue lui répondis que je çonnoiffois une trentaine de
jcrôcheteurs fur lefquels je pouvois compter.
jConnois-tu Privât ? —- Oui.-— Fais-le venir.. . . Je
■ çonnoiffois le patriotifme de Privât; il me donna
Kes confeils.. . . . J’allai deux fois chez Guillain ; la
■ Première fois, je lui dis que je n’ayois pas trouvé
■ Iriivat ; la fécondé , qu’ il m’avoit répondu : que
p h Guillain m’écrive ce qu’il a à me dire ; mais
celui-ci rejetta cette propofition, & je n’ ofai inpfter,
crainte de me rendre fufpeét.......... Dans
Icnaque conférence que j’ eus avec lu i, il me parla
|de foulever le peuple , de l’engager à demander
pne diminution dè droits fur le pain Sz fur les vins,
|de lui promettre que fi les princes étoient invités
K venir} ils diminueroient 1. s oélrois........Un jour,
■ fur le confeil de Privât, je fus dire à M. Guillain
Rue le peuple demandoit le renvoi du régiment de
■ J-amarc; non , me répondit-il , il ne partira pas;
pomptez fur M. Lachapelle. Il me donna deux
MUjjs j & me chargea d’une diftribution de li-
Extrait de la déclaration de M . Jacob David ».
M M onet me conduifit chez M. Terraffe, .qui ,
dans deux entrevues que j’eus avec lu i, me chargea
de foulever le peuple, de l’exciter à demander
les princes. Le peuple, me d it - il, s’affemblera en
armes fur la placé de l’iiôtel-de-ville , pendant
qu’on prefentera une pétition à la municipalité ; le
brave Lachapelle & moi nous nous mettrons à la
tête ; nous aurons 3.qpo hommes pour aller chercher
les princes. Sur ce que je lui obfer vai que 5000
hommes nefuffifoient pas, nous en aurons 5, 6 mille-,
s’il le faut ; au furplus , le même jour l ’infurretlion
éclatera dans toute la France. J1 faudra amener fur la
place le plus de femmes que l’on pourra. Il ne faudra
pas craindre le drapeau rouge; les troupes ne tireront
pas fur le peuple ; nous femmes sûrs d’eîk-s.
Vous ferez prëfenté à M. d’Artois & aux autres
princes j qurrécompenferont généréufement ceux
qui les auront bien fervis........
Déclaration de M. Chctrot. » Je trouvai M. T e rraffe
avec deux autres 'officiers , dont l ’un étoit
officier de chaffeursv de cette ville. 11 commença
par me parler des malheurs de la révolution. I l
faut foulever le peuple , me dit-il enfuite , & faire
revenir les princes. M, Lachapelle fe mettra à la
tête du peuple. Dès le premier jour de l’arrivée
des princes, les entrées diminueront ; le roi viendra
; s’il ne peut pas fe dégager de fon affëmblée
nationale, il l’emmenera avec lui ; la conftitution
ira fon train ; mais nous furveillerons de près l’affemblée.............
Je lui obfervai que fi l ’affemblée
n’étoit pas libre , elle »pourroit bien fe diffoudre.
Tant mieux , reprit-il:, nous aurons toujours le
ro i; Paris fera un défert, & Lyon deviendra la
capitale........ II me donna 4 louis.
M. Voidcl. Vous qui confpirez contre votre
patrie3 & qui vous bercez de ridicules efpérances ^
apprenez que dans cette ville que vous comptiez
trouver toute prête à l ’exécution de vos projets ,
il ne s’eft pas élevé une feule yoix en votre faveur.
Le peuple entier de cette ville a exprimé, par les
plus vifs applaudiffemens , la joie qu’il éprouvoit
d’avoir échappé aux pièges que vous lui tendiçz.
( On applaudit ).
Après quelques obfervations , M. Voidel préfente
un projet de décret tendant, i ° . à ordonner
la tranflation de MM. Guillain, d’Efcarts &• T e rraffe
, du château de Pierre - Encife , où ils ont
été transférés après un interrogatoire à la munici--
palité , dans les prifons de Paris ; i ° . à faire prier
le roi de faire remplacer M. Lachapelle , commandant
à L y o n , ainfi que la garnifon de cette
ville ; 3°. à ordonner à tous les françois, fonc-
tionaires publics ou recevant des penfions ou trai-
teçnens quelconques de l’état , de rentrer dans le
délai d’un mois, fous peine d’être fufpen.dus de
leurs penfions & traite mens.