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nions politiques , où ils font devenus dés corps
délibérans ? Si deux régimens réunis avoient des
opinions différentes, combien n’éprouveroit - on
pas de malheurs ? Ne pourrait - on pas redouter
qu’ils ne fe battiffent Tun contre,l’autre ? Il eft des
régimens que des villes de garnifon ne voudroient
pas laifler partir. Pour exécuter ce plan , il faudrait
que la fubordinatlon fût entièrement rétablie. Mais
je veux que ces craintes foient illufoires ; n’y
a-t-il pas dans la guerre des avancemens plus rapides
? Si vous réunifiez les corps , les rangs s’y
formeront d’après l’ancienneté des fervices , & les
officiers qui auront gagné le leur par les dangers
& les fatigues de plufteurs campagnes , le perdront.
Vos befoins de défenfe ont été calculés par votre
comité d’accord avec le miniftre : mais la guerre
exige des accroiflemens ; il faut un nombre de
cidres propres à recevoir des augmentations. Ces
cadres ptécieùx à conferver font les bataillons &
les compagnies. Si les bataillons font portés à leur
plus grande force au moment où l’on entrera en
guerre , il en fendra former de nouveaux, & cette
méthode alors défeftueiife deviendra encore nuifible
pendant la paix. C’eft introduire des différences
d'officiers , c’eft en créer pour les condamner à
drefler des recrues , non pour des troupes qu’ils
commanderont , mais pour d’autres compagnies.
N’eft-ce pas détruire l’attachement qui doit exifter
entre les officiers & les foldats, les foldats & les
officiers ? Comment cet intérêt peut-il exifter entre
des hommes qui ne fe voient qu’en paffant ?
On peut s’autorifer, il eft v ra i, de l’exemple
dés troupes étrangères où il y a des bataillons a
la fuite des régimens ; mais tenons - nous - en à
notre propre exemple. On n’aura rien à ajouter
à l’utilité , à la perfeétion de 1 'armee , en détrui-
fant les véritables abus qui exiftent dans l’intri-.
gue, l’arbitraire de la difeipline, les minuties fatigantes
de quelques commandans ,, &c. Laifl'ez
les régimens d'infanterie compofés de deux bataillons
, qu’en temps de guerre ceux des garni-
fons foient remplaces par des compagnies moins
en état de fervir. Laifl'ez les régimens de cavalerie
compofés de trois efeadrons , les brigades de
trois bataillons & de. trois efeadrons ; placez à la
tête des officiers , non comme colonels , mais
comme infpeéfeurs ; 91 régimens. d’infanterie de
deux.bataillons, 64 régimens de Cavalerie de 3
efeadrons, donneront le même nombre de troupes
que le doublement propolé par le comité. Cette
formalité offrira plus de facilité pour le fervice
& pour la fubordination. K la vérité en augmentant
les états - majors , elle augmentera les dé-
penfes ; mais avec cette augmentation , il eft toujours
poflible d’avoir »52,000 hommes en activité.
Vous avez décrété que 1 initiative apparte-
noit au roi. Vouloir prononcer définitivement fur.
un nouveau plan, ce ferait aller contre votre décret
, ce ferait outrepafier les pouvoirs ou vous
yous êtgs Yous-mèaiyS circônfcrits. Préfeuter au
A RM
roi vos obfervations, voilà votre devoir ; dctçr.-
miner le nombre des individus de Varmée aélive
8c- de Varmée auxiliaire , de tous grades & armes
régler la dépenfe , voilà votre attribution. — M*
Bouthiller fait leelure d’un projet de décret.
M. le préfident invite le comité eccléfiafiiqne
à s’affembler fur le champ p.our délibérer fur un
paquet concernant M. le cardinal de Rohan &
fur lequel il eft preffant de prendre un parti.
AL de Broglie. Le plan , dont l’enfemble a
été.préfenté hier par le, comité militaire, paroît
fondé fur des bafes folides, appropriées aux cir-
conftances & à l’intérêt de la liberté; il eft telle-
ment combiné, d’après tous les principes confii-
tutifs d’une bonne armée, que je ne crois pas avoir
à en développer les avantages. Je vais me borner
à examiner les points principaux dans lesquels
le comité diffère avec le miniftre. Le premier eft
la réduction de 4 hommes par compagnie , qui,
par cette opération, fe trôuveroit portée de 54 à
50 hommes. Cette diminution priveroit un régiment
de 150 hommes; excédent néceffaire pour
les maladies & autres accidens imprévus. Ainfi,
fous ce premier rapport, je crois, avec le comité,
qu’il eft utile d’avoir des compagnies de 54 hommes
: elles préfentent encore l’avantage de pouvoir
manoeuvrer fur un grand f r o n t & d’aiîurer
le coup-d’oeil des officiers.
Le miniftre emploie ces quatre hommes à for-*
mer des légions, qui me pâroiffent inutiles pendant
la paix ,• 8c qui prélentent une augmentation
confidérable d’officiers & d’états - majors. Il
fera facile de faire, pour la guerre, une infanterie
légère ; le fervice préfente plus de dangers:
& quand , fous le régime arbitraire , l’émulation
de la gloire formoit rapidement ces corps , peut-
on douter qu’ils ne fe forment avec une rapidité
plus grande , quand tous les François, à l’amoi«'
de la gloire joignent le patriotifme 6c ie courage
de la liberté? Je crois qu’il m’eft permis de dite
que mon père penfoit qu’il ne faut, former les
troupes légères qu’au moment où l’on entre en
campagne. — La fécondé différence porte fur rifll*
titution des lieutenans-colonels , pour chaque bataillon
; le miniftre la regarde comme inutile, 3
l’égard -du quatrième bataillon ; mais c e bataillon
étant un bataillon de garnifon , devant fervir a
donner aux foldats malades du repos 8c des recours
, il eft néceffaire de mettre à fa tête un officier
expérimenté 8c élevé en grade. — Troifieme
différence. Le miniftre compofe les régimens de
cavalerie 8c de dragons de quatre efeadrons, »
le comité de fix ; cette dernière formation eft
plus analogue à celle de l’infanterie ; les corps
nombreux ont de grands avantages à la gue°*!
le grand Frédéric a confacré ce principe par
ouvrages , par fes inftitutions, 8c plus encore paf
fes »vt&oires. Une confidération puiffante a dettf'
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üntiè votfé comité à adopter cette formation ; il
r a paru néceffaire de refferrer un plus grand
Eombre de foldats fous le même drapeau , dans.
L liens de la fraternité, 8c d’établir une unité d’in - \
■ >,*. & d’affion. Les motifs,du comité font les
Lémes à l’égard des brigades. — Quatrième diffé-
t ’nce. Le comité a penfé que le feul moyen d’attacher
les'officiers-généraux aux foldats, étoit de
Lettre un maréchal-de-camp à la, tête -de chaque
U’ iment, fous le nom de général-colonel ; il aura ,
foôur ainfi dire , une famille militaire ; il s’empref-
Ifeia de mériter l’eftime de fes foldats, q u i, de leur
fcôté feront conduits par l’émulation naturelle à
[tout Soldat françois , 8c par le defir d’obtenir des
[éloges de leur chef fupérieur : le régime paternel,
(f recommandé par les plus grands généraux ,-fera
[réalifé. Le miniftre a cru qu’il feroit dangereux de
Lire perdre au grade de colonel l’importance qu’il
[tenoit de fa fupériorité; cependant, à la guerre,
le colonel eft toujours aux ordres d’un officier-
jgénéral. Peut-il craindre , pendant la p a ix, d’être
[ce qu’il a toujours été dans un moment plus in -
[téreffant pour fa gloire ? MM. Lukner 8c Puyfé-
gur ayant été appelles au comité , la grande
[majorité a été pour l’inftitution des généraux-
polonels,
M. de Beauharnois. Il m’eft impoffible de préfenter
[mes idées fur les plans qui vous font propofés ,
[fans exprimer le regret que j’éprouve de voir l’af-
jfemblée nationale entrer dans le détail de la formation
de l'armée, avant d’avoir confidéré dans fon
[eiifemble ce que c’eft que la force publique. Sans
{doute Vannée eft un des moyens les plus impor-
I tans de la force publique , _ mais ce n’eft qu’une
[partie de cette force. I l falloir embraffer d’un
[même. coup - d’oeil -, confidérer fous un même,
[rapport, renfermer également dans les bornes de
tous les pouvoirs, 8c combiner avec eux l’orga-
imkîicn des troupes de. ligne 8c celle des gardes
[nationales. Ces deux parties de la force publique
; tiennent efféntiellement l’une à l’autre , ôc fe ton-
! client par tous les poin ts. Le •comité militaire au-
[roitf'onc dû fe concerter avec le coi; ire de conf-
titution. S i, comme je- le cro is, il y a par la fuite
I dans; tous les départe me ns une certaine quantité
i de gardes nationales foldées , le nombre de ces
! troupes doit influer fur celui des individus qui
compoferont Vannée. Quand on a dit qu’il falloit
i40mille hommes au m id i, vers les Pyrénées , je
! crois qu’on a trop d it, 8c que 30 mille hommes
[fuffiront, fi l’on y joint 10 mille hommes dé la
garde nationale foldée. Je fuis forcé de marcher
: en tâtonnant, puifque nous avons fi mal entamé
[la force publique. T ro is des rapports qui ont été
f annoncés dévoient fu r-to u t compofer l’enfemblé
[c*e nos vues 8c de notre difeuffion. C ’eft le troi-
heme fur la forme des enrôlemens 8c des déga-
|gdïiens, le recrutement en temps de guerre, les
jwfes de la difcipline iiiilitah e. Le cinquième fur
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les maréchauffées 8c les invalides. Le neuvième
fur la fuppreffion des emplois inutiles , la difpofi-
tion des forces militaires dans l’intérieur du royaume
, le fyftême de défenfe, c’eft-à-dire , les places
à conferver 8c à abandonner. Dans mon fyftême
complet de force publique , j’àtrache à chaque
bataillon de gardes nationales de d iftriâ une compagnie
foldée : avec cette donnée , 30 mille hommes
de troupes de ligne fur les frontières de la
Sardaigne, 30 mille vers les Pyrénées, 60 m ille
pour nos côtes 8c nos colonies ,.me pâroiffent fuffi-
fans. C ’eft donc par des vues d’économie 8c de liberté
publique, qu'il me femble néceffaire de réduire
à 120,000 hommes l’armée de ligne. Le comité
part de l’hypothèfe d’une attaque générale ;.mais
alors, fera-ce une année de 200,000 hommes qui
nous défendra ? Non , ce fera la nation entière
qui fauvera la nation ; ceft cinq m illions d’hom-
m esjibres , armés pour la défenfe de leurs foyers.
S i nous voulons affujettir les nations vo ifin es,
ayons des armées «ombreufes ; mais fi nous voulons
vivre libres 8c heureux , ayons une force
publique nationale. I l nous faut un noyau d’<ir-
mçe, un cadre propre à recevoir une augmentation
proportionnée aux moyens des ennemi- qui
nous attaqueroient. En propofant 120,000 hommes
, je crois faire tout ce qui eft néceffaire ; 8t
comme toutes mes follicitudes font pour la liberté,
le problème que j’ai dû me propofer ^ étoit de
trouver un nombre d’hommes affez fort pour la
défendre, 8c pas affez redoutable pour l’opprimer.
Comme j’avois une partie de la force publique
foumife à mes obéiffances paffives, à une difeipline
févère fous un feul homme , je dois la réduire
au point que la réflexion 8c la prudence m’indiquent.
Je dois donner à l’autre partie toute I’extenfion
poffible, parce que je vois en elle la fauve-garde
de la liberté publique. On cite l’exemple des armées
"étrangères : mais peut-on comparer des états arbitraires
à un éîat lib re , où un feul ne commande
qu’au nom de tous , où celui qui commande eft
fournis à la volonté de chaque individu | exprimée
par la lo i même ? Il faut une grande puiffance ,
il faut des moyens de domination pour maintenir
l’ordre dans un état contre nature; mais dans
un.état lib re , il faut des moyens de défenfe. L ’or-
ganifation méehanique de V a n n é e eft d’une importance
bien foifcle auprès de la néceffité d’étab
lir une force puiffante dans la conftitution. Quant
à la différence qui fe trouve entre le miniftre 8c
le comité , fur le nombre des bataillons 8c des
efeadrons qui doivent compofer un régiment, je
fuis fi perfuadé de l’inftabilué néceffaire de toutes
les difpofitions de cette efpèce , que j’y attache
peu d’intérêt. A u refte , à cet égard j’adopte
l’avis du comité. Les développemens qu’il a donnés
h ie r, me femblerit rendre tous nouveaux développemens
inutiles, ou même impofiibles. J ’adopte
donc l’3Vis du comité fur la réunion du