
du codé criminel : elle a été décrétée, en attendant
une réforme générale. — De toutes les parties du
royaume-nous ont été adrefféesdes plaintes , des!
demandes , des réclamations : nous y avons fatis-
fait autant qu'il étoitien notre pouvoir. — La mïik
titude des engagemens publics effrayoit : hous
avons confacré les principes fur la foi qui leur ell
.due. — Vous redoutiez le pouvoir des miniftres ;
nous leur avons impofé la loi raffurante de la ref-
ponfabilité.
L'impôt de la gabelle vous étoit odieux : nous
l ’avons adouci d'abord, 8c nous vous en avons promis
l'entière deftruCtion ; car il ne nous fuffit pas
que les impôts foient indifpenfables pour le sùbeféins
oublies 5 il faut encore qu'ils foient juftifiés par
ëur égalité, leur fageffe, leur douceur.
Des penfions immodérées, prodiguées foüvent
à l'infçu de votre ra i , vous raviffoient le fruit de
vos labeurs]: nous avons jetté fur elles un premier
regard févère, & nous allons les renfermer dans
“les limites étroites d'une ftri&e juftice;. •
Enfin, les finances demandoient d'iramenfes réformes
: facondes par le miniftre qui a obtenu
votre confiance , nous y avons travaillé fans re-’
lâ ch e , & bientôt vous allez en jouir.
Voilà notre ouvrage, françois , ou plutôt voilà*
le vô're ; car nous ne fouîmes que vos organes ,!
& c'eft vous qui nous avez éclairés, encouragés,]
foutenusdans nos travaux. Quelle époque que celle i
à laquelle nous fommes enfin parvenus ! Quel honorable
héritage vous allez tranfmettre à votre!
.pofténté! Elevés au rang de citoyens, admifïiblesj
.a tous les .emplois, cenfeurs éclairés de l’admi-1
niftration quand vous n'en ferez pas les dépofï-'
taires, furs que toutfe fait. & .par vous & pour
•voiis, égaux devant la lo i, libres d'agir, de par--;
1er , d'écrire, ne devant jamais compte aux hom-
-mes , toujours-à la volonté commune , quelle plus :
belle condition J Pourroif-il être encore un feift
citoy en, vraiment digne de ce nom, qui ofàt tourner
fes regards èn arrière, qui voulût releyer les
débris dont nous fommes environnés, pour en re-i
compofer l ’ancien édificel
Et pourtant, que n’a-t-on pas dit? que n'a-t-on
pas fait pour affoiblir en vous l'impreflion naturelle
que tant de biens doivent produire ?
Nous avons tout détruit, a-ft-on dît : c'eftqu'1
-falloit tout reconftruirë. Et qu'y a-t-il dohe tant à
regretter 1 Veut-on le favoir ? Qiie fur tous les
objets réformés ou détruits , d'on interroge les
hommes qui n'en profitoiènt pas ; qu'on interroge
même la bonne-foi dés hommes qui en profitoiènt ;
qu'on écarte ceux-là qui, pour ennoblir les afflictions
de.l’intérêt perfonnel, prennent aujourd'hui
pour objet de leur commifératio.n, le fort de ceux
qui , dans d'autres teins , leur furent Ë indifférons 5
ik>n Têrra £ la réforme de chacun de, ces objets
ne réunit pas tous les futTrages faits pour éttj
comptés.
Nous avons agi avec trop de précipitation... g,
tant d'autres .nous'ont reproché d'agir avec trop
de lenteur! Trop de précipitationl .Ignore-t-oî
que c’ eft en attaquant, en renverfant tous les abus
à-la-fois, qu'on peut efpérer de s'en voir délivré
fans retour ; qu’alors, & alors feulement, chacun
fe trouve intéreifé à rétabliiTeme'nc de l'ordre-
que les réformes, lentes 8c partielles ont toujours
fini par ne rien réformer ; enfin, que l'abus que
l’on conferve devient l’appui, & bientôt le reftau-
rateur dé tous, ceux qu'on croyoît avoir détruits)
Nos affemblées font tumultueufes..... Et qu’jm.
porte fi les décrets qui en émanent, font fages)
Nous fommes, au refte, loin de vouloir préfen.
ter à votre. admiration les détails de tous nos
débats. Plus d'une'fois nous e.n avons été affligés
nous-mêmes ;, mais nous avons.fenti en mêmeteras
qu'il étoit trop injufte de chercher, à s'en prévalo
ir , ,& qu'après to u t , cette impétuolite étoit
l'effet pre-fqu inévitable du premier combat qui fe
foit peut-être jamais' livré entre tous les principes 8c toutes les erreurs.
Ort nous accufe d'avoir afpiré â une p e r fe c tio n
chimérique../. Reproche bifarre, qui n'eft, on le
voit bien , qu'un voeu mal déguifé pour la perpétuité
des. abus. L’affemblée natipnale ne s 'e f t point
! arrêt :e à ces motifs fervilement intereffés ou pu-
fillanimes : e l l e a eu le courage , ou plutôt l a raifon
de croire que les idées utiles , néceffaires au genre
humain, n'étoient pas exclufivement d e f t in é e s à
orner le f pages d'un livre, & que l'Etre fuprême,
en donnant à l'homme la perfectibilité, apanage
particulier de fa nature , ne lui avoit pas d éfendu
de s'appliquer à' l'ordre foeial, devenu le plus
u n i v e r f e l de fes intérêts, & prefque le premier de
fes besoins.
Il eft impofîible, a-t-on dit, de régénérer une
nation vieille 8c corrompue... Que. l'on apprenne
encore qu'il n'y a de corrompu que.ceux qui veulent
perpétuer des abus corrupteurs , & qu'une
nation fe rajeunit, lé jour ou elle a réfôlu de renaître
à la liberté. Voyez la génération aciuvellé:
comme déjà fon coeur palpite de joie &;d’efpé-
rance 1 Comme fes fenti mens font purs, nobles,
patriotiques! Avec quel enthoufîafme on h voit
chaque jour briguer, l'honneur d'être - admife à
prêter ' le ferment ' de ' citoyen.!.....: Mais pourquoi
répondre à un aufli miférablereproche l l’àifemBiée
nationale seroi t-flle doqç réduite à flejjcufer. de
n'avoir pas défefpéré du peuple François.
On n’a encore rien fait pour le peuple, a-t*ofl
ofé dire... Et c'eft fa Oaufe qui triomphe,-par-tout.
-Rien fait pqur le peuple! Et chaque a^usauel'o?
<3 détruit, ne lui prépare-t-ii pas., ne lui
pas un foujagement ? Rtpit-ji .abus qui 0?
pesât fur le pçpple} .. ,
J . , etouffoit fes plain tes ...Mamten&itil eft; mal-
S f M . D ites plutôt n i eft encore me
uneureux;.
1 - I ne le fera pas long-teoes ; nous » e
eniaifons I
fem-ment. •
B nous avons détruit le pouvoir executif... non :
g S . le pouvoir miniftériel ; & c'eft lui qui.detrui-
t e qui fouvent de'gradoit le pouvoir executif,
•le pouvoir exécutif, nous 1 avons éclairé en lui
Montrant fes véritables droits ; & fur-tout nous
fr ns ennobli en le faifant remonter a la véritable Jource de fa puiffance , la puiffance du peuple.
B j l eft maintenant fans force.... contre la confti-
7tirion & la lot : cela eft vrai ; mais en leur faveur
|fera plus puiffant qu'il ne le fut jamais.
B l e peuple s'éft armé... O u i, pour fa défenfe : Il en avoit.béfoin. Mais, dans plufieurs endroits,
Beneft réftdté des malheurs.... Peut-on les re-
Irocher à l'affemblée intionale ? Peut- on lui im-
futer dès défâftres dont elle gémit,, qu elle a voulu
Irêveoir, arrêter par toute la force de fes décrets,
-Je que va faire ceffer fans doute l’union déformais
Ediiïoluble entre les deux pouvoirs, & l'aétion
îrréfiftible de toutes les forces nationales ?
B Nous avons palfé nos pouvoirs : la réponfe eft
Simple. Nous étions inconteftabletnent envoyés
bour faire une conftitütion : c'étoit le voeu , .c'étoit
Je befoin de la France entière. ,Or, étoit-ilpofiible,
..'Me la créer cette conftitütion , déformer un ensemble,
même imparfait, -de décrets conftitution-
^els,fans la plénitude des pouvoirs que nous avons
Exercés? Difons plus : fans l'affembiée nationale,
la France étoit perdue ; fans le principe qui foumet
Eoutà la pluralité, desÉuffrâges libres, 8c qui a fait
Bous nos décrets, il étoit impoflible de concevoir ;
Bine affémblee nationale ; il eft impoflible de co.n-
B:evoir, nous ne difons pas une conftitütion, mais
Blême l'efpoir de détruire irrévocablement le
Rnoindre des abus. C e principe eft d'éternelle vé-
|rîté : il a été reconnu clans toute la France ; il s'eft
Ijreproduit de mille manières dans ces nombreufes
B idrejfes d'adhéfion , qui rencontroient fur toutes les
Boutes cette foule de libellées où l'on nous reproche
[Jd’avoir excédé nos pouvoirs. Ces adrcjfes, ces félicitations
, ces hommages, ces fermens patrio-.
gtiques : quelle confirmation des -pouvoirs que l'on
ïvouloit nous contefter !
B Tels font, françois, les reproches que l'on fai
, p vos repréfentans. dans'cette foule d écrits coupa
gbles, où l’on affeèlele ton d’une douleur citoyenne
■ Ah 1 vainement on s'y flatte de nous décourager
■ notre courage redouble ; vous ne tarderez pas à ei
Breflentir les effets. v'
B , L’affembiée va vous donner une conftitütion m
Binaire qui, compofant l'armée de-foldâtsicitoyens
Réunira la valeur qui défend la patrie J & les verti
civiques qui la protègent fans reffrâyer. •
Ajfemb.lêè Nationale, Tom, IL 'Débats*
Bientôt elle vous présentera un fyftême d’impo-
fitions qui ménagera l'agricukure bz 1 induhrie,
qui refpeélsra enfin la liberté du commerce, 'un
fyftême'qui, fimplè', clair, aiiément conçu de tous
ceux qui payent, déterminera la part qu’ils doivent
, rendra facile la connoiflance ü néceffaire de"
l’emploi des. révérais publics, 8c mettra fous les
yeux de tous les françois, le véritable état des finances,
jufqu'à préfent labyrinthe oblcurAoù 1 oeil
n'a- pu fuivre la trace des tréfors de l'état.
Bientôt un clergé “citoy en, fouftrait à la pau- -
vreté comme à la richefte, modèle à-la-fois du
riche & au pauvre, pardonnant les expie fiions in~
jurieü fes'd'un délire pàlfagér, in foirer a une confiance
vraie,- pure , univerfeile , que n’altérera ni
l'envie qui outrage, ni cette forte de pitié qui humilie
; il fera chérir encore davantage la religion;
il en accroîtra l'heureufe influence par des rapports
plus doux & plus infimes entre l'es peuples 8c
les pafteurs ; 8c il n’offrira plus le fpe&acle que le
patriotifme du clergé lui-même a plus, d’une fois
dénoncé dans cette à d'emblée, de l’oifiveté opulente
& de l’aéiivité fans récompenfe.
Bientôt un fyftême de loix criminelles, 8c pénales
, diéléëspar la raifon , la jufti.ee, l’humanité ,
montrera jufques dans la perfonne des viétimes de
la lo i, le refpëél dû à la qualité d’homme, refpeét
fans lequel on n’a pas le droit de parler de morale.
' Un code de loix civiles, confié à -des juges défï-
gnés par votre fuffrâge, & rendant gratuitement U
juftice , fera difparoitre toutes ces loix obfcures ,
compliquées, contradictoires, dont l'incohérence
8c la multitude fembloient laifler, même à un juge
intègre , le droit d’appeler-juftice fa volonté, forr
erreur j quelquefois fon-ignorance; mais juCqu’à ce
moment vous obéirez religieufement à ces mêmes
lo ix , parce que vous favez que le refpeCt pour
toute lo i , non encore révoquée , eft la marque
diftin&ive du vrai citoyen.
Enfin nous terminerons nos travaux par un code
d'inftruClion & d'éducation nationale, qui mettra
la' conftitufyon fous la fauve-garde des générations
naifîantes; & faifant pafferTinftfu&ion.civique par
I tous les degrés de la repréfentation, nous transmettrons
, dans toutes les claffes de la fociété, les
connoiflances néceffaires au bonheur de chacune
de.ces claffes, en même-téms qu'à celui de la fo-.
ciété entière.
V o y e z , françois, la perfpeClive de bonheur &
de gloire qui s’ouvre devant, vous ! Il refte encore
quelques pas à faire, 8c c’eft où vous attendent
les detradeurs de la révolution. Défiez-vous
d’une impétueufe vivacité ; redoutez fur-tout les
violences, car tout défordre peut devenir funefte
a la liberté. Vous chériffez cette liberté; vous la
1 poftëcfôz kainténant ;'montrez-vous dignes" de la