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auffitôt à rhôtel-de-vills, lieu commun de leurs
féances. Les députés des deux premiers corps adminiftratifs
fe rendirent vers la municipalité pour
déterminer plus rapidement ce qu'il convenoit
de faire dans les circonftances critiques où la
ville fe troüvoit ; d'autres députés' des corps adminiftratifs
parcoururent la ville pour voir ce qui
s’y paifoit, contribuèrent de tous leurs efforts au
rétabl-iffement de l'ordre,informèrent l'adminiftra-
tion du département qui avoit arrêté qu'elle ne
fe fépareroit pas que l'ordre ne fût rétabli. Quatre
officiers du régiment de Lyonnois furent arrêtés
& conduits à la maifon commune.
L'adminiftration fut inftruite que d'autres officiers^
jeunes étourdis, s'étoient rendus au quartier,
& avoient fait prendre lés armes au régiment
, qu'ils lui propofoient de marcher vers
l'hôtel de la commune, pour enlever à force
ouverte ceux de leurs camarades qui s'y trou-
voientj le major de ce régiment s’étoit rendu,
accompagné du quartier-maître, très-connu par
fon patriotifnve & fa bonne conduite , auprès de
la municipalité.
Lès citoyens volèrent aux armes, & vinrent
en grand nombte à l'hôtel de la commune demander
-jüftice des attentats commis contre-eux ;
on leur préfenta les officiers qui avoient été arrêtés
y ils n'en inculpèrent qu un qui avoit été '
conduit par la garde nationale au departement,
fans chapeau & fans épée.
De concertées adminiftrateurs ré fol uren t d’éloigner
auffitôt le régiment de Lyonnois > il fut requis
de partir incontinent -» cinq compagnie fe font
rendues à Lambefc, trois àRoquevaire, deux à
Eturiol. Il a fallu les divifer pour rendre le régi-
• ment moins fo r t , au cas que la féduélion parvînt
à lui faire oublier fes devoirs, & pour qu'il fût
moins à charge aux villes dans lefquelles feules on
pouvoir le cantonner.
Je dois un témoignage honorable à la conduite
des grenadiers dudit régimenr j ils refusèrent de
marcher fans en être requis par les adminiftrations,
& c'eft fans doute à leiir attachement aux lo ix , à
leur fermeté^ que la ville doit fon falut : fi les
grenadiers euffent été.moins dignes de porter le
nom de grenadiers français , la ville auroit été
livrée à un horrible carnage. ( On applaudit.')
L'exemple de cés braves grenadiers retint les fol-
dats fur lefquels l'ivreffe fanguinàire de quelques
officiers avoit déjà eu quelque influence,, car ils
avoient fait une évolution pour marcher ; mais
leur coeur ne partageant pas leur faute, elle étoit
due à leur attaçhement à la difcipline militaire &
à l'erreur d'un moment,‘qu'ils abdiquèrent auffitôt
u'ils furent inftruits par l'exemple des grena-
iexs... .
Dans ces circonftances dangereufes, l'adminifa
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tration requit 400 hommes du régiment fuiffJ
d’Erneft, en garnifon.à Marfeille, & 400 hommes
de la gar.de nationale de ladite v ille, pour fe
rendre auffitôt ■ à Aix. Des fecours’ font arrivés
hier matin, & le régiment de Lyonnois avoit fait
route pour fes deftinations dès les fix heures du
matin , en bon ordre.
L'adminiftration comntèroit fur la tranquillité
de cette ville, fi M. Pàfçalis , ci-devant a v o c a t.
qui avoit infûltéla nation par un d if c o u r s incend
i a i r e , prononcé par lui le.27 /eptembre dernier
à la barre du ci - devant parlement , & qu e j’ai
ci-dev*ant dénoncé à l'af^mblée nationale, quiyt
par fon décret du y octobre , a 1 r e n v o y é la con-
noiffance de cette affaire au comité des recherc
h e s , n'avoit été arrêté & conduit aux priions;
■ Le peuple le confîdérant comme la cheville ouvrière
de la trame qu'on croit avoir été ourdie
contre les citoyens patriotes, demande fa tête à
grands cris. La garde des prifons eft confiée à
des détachemens dés gardes nationales d3Aix &
Marfeille,’ & du régiment d’Erneft ; mais l’ad-':
miniftration craint vivement que les forces quelle-
a à fa difpofifion ne foient infuffifantes,. fi la voix'
de la perfuafion &r de la contenance qu'elle emploie
ne perfuade pas.
Voilà , M. le préfîdent quelle étoit notre fitua-
tion à huit heures du matin ; depuis lors , elle eft
devenüe beaucoup plus affreufe ; les cris q u i demandaient
la tête de M. Pafcalis étant devenus
plus forts &: plus innombrables , pliifieurs officiers
municipaux en écharpe & la plupart des adminif.
trateurs fe font rendus aux prifons pour réta b lir le
calme j ils ont été fans puiffance, & fo n t même
/devenus fufpe&s au peuple ; MM. Pafcalis, Laro-
quette & Güiraman ont été pendus à des arbres,
fans que la préfence • des adminiftrateurs, fans
doute m é c o n n u s " dans ce tumulte, & d e s officiers
municipaux en écharpe , ait pu p r é v e n ir ces
excès.
Cette affreufe cataftrophe déchire mon ame,
malgré les deffeins infernaux dont la voix publique /
accufe- ces individus & plufieurs autres, dont
l'exiftence nous menace peut-être de nouvelles
fcènés de fang.
■? Jamais , M. le préfîdent, il ne fut de fituation'
plus terrible que celle de tous les adminiftrateurs
réunis depuis trois jours pour entretenir la tranquillité
publique, & auxquels tons les moyens
échappent à-la-fois. La garde nationale de Mat-.,
feille a été requife d'y retourner, afin de diminuer
le nombre des gens armés qui, étoient en cette
v ille, fans être à la difpofition de* ceux qui f°nC
chargés de la tranquillité publique *>.
Quant à i" épi gramme faite à la députation ; à J»
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\ du difcours de M. l'abbé Maury, quoique nous 1 foyons peu fenfibles, je dois dire que 1 aflem-
IW nous ayant charges, famedi foir , de lui présenter
des mefures provifoires, nous n'avons pas
Lis une heure à lui obéir. Hier nous demandions
ja parole, mais le cours de la difcuffion n'a pas
Serrais de nous l'accordèr. En préfentant notre
Crojet de décret, nous n’avons pas voulu jeter de
la défaveur fur .les adminiftrateurs ; je réponds a
BI Démeunier : il nous a, paru que cette difpo-
IniOn étoit nécefifaire pour que, dans un pays
iartialifé, ils confervaffent la confiance dont ils
tvoient befoin. Au refte, la députation adopte lout ce que l'affemblée jugera convenable.. Mais
le perfifte dans mon principe : que quand il y a eu
lin granddéfordre ,les adminiftrateurs font parties ,
Krne oeuvent concourir à la réquifition de la force
publique.
RM. Charles Lameth. Ce ri'eft pas la première
fo is que l'affemblée a obfervé une ta&ique affez
fconnue. On égaré je peuple pour lui donner des
forts| & pour demander qu'on ordonne des peines
feontraires. à la liberté ,8c -à-la conftitutipn. ( On
fpplaudit. ) On égare les troupes pour faire mar-
Ehsr des foldats contre des foldats. .(Les applaudif-
ïeinens recommencent.).Quand je vois l'éloquente
ffenfibilité de M. l'abbé Maury, je m'étonne qu'il
lie l'ait pas montrée lorfqu'il a.été queftion de l’af-
■ affinat du maire de V araife, des malheurs de
Perpignan..... .
de remerciment aux grenadiers du régiment de
Lyonnais.
M. Riquetti Vaîné ( ci-devant Mirabeau ). Les adminiftrateurs
font dignes de toute la confiance des
citoyens Sc de l’affemblée nationale : c'eft pour
eux que nous demandons des commilfaires- Tous
les moyens nous échappent : celui qui dit' cela appelle
les fecours des repréfen&ms de la nation.
J'ai oublié d'obferver qu'il eft bien étrange qu'011
nous reproche de nous être conformés aux principes
, en ne déterminant pas le nombre des trou-
pesque l ’affemblée priera le roi d'envoyer dans le
département des Bouches du Pdiône.
.Voici le projet de décret :
L'affemblée nationale, ouï- la îeéhire des lettres
du préfîdent du departement des Bouches du
Rhône , & des corps adminiftratifs , en date du 14
de ce mois , décrète que le roi fera prié de faire
pàffer à A ix , & dans le département, des troupes,
de ligne ,en nombre fuffifant, pour y rétablir la-
tranquillité publique d’y envoyer trois com-
miffajres civils*, pour y ê t r e , concurremment av-ec
trois membres clioifis dans les corps adminiftratifs,
chargés de la réquifition delà forcepublique.
Ce projet de décret eft adopté.
■ M. l'abbé Maury.Te n’etois pas à l'affemblée.
I M. Charles Lameth. Je fuis loin d'excufèr le
/^peuple, lorfque pouffé à b ou t, il a commis des
■ crimes ; mais je ne fais comment les perfonnes qui
trouvent dans leur coeur tant de reproches à lui
Kaire.... (Il s'élève des murmures.) On accufe le
■ peuple} je le défends. Si on envifage tous ces évè-
Bemens fous leur vrai point de vu e , on reconnoît
Bue ce font des affaires de poftes ou le peuple à
Joujoufs l'avantage. On excite le peuple pour le
ijjporter à des violences, & on l'accufe. On tient des
Bifemblees armées.... A Perpignan , il a eu le coula
ge difficile de pardonner; il a refpeété l'inviolabi-
B té de fes repréfentans qui s'armoient contre lui du
■ caractère meme dont il les avoit revêtus , il a ref-
. jpe&élesloixjil a refpeété ceux de fes repréfentans
B ui étoient devenus fes ennemis : & voilà le peuple
B u ’on accufe'! il étoit excité , harcélé parles mi-
Hiftres que nous avons attaqués............J'invite les
Bnnemis du peuple à faire ceffer le deuil dont ils
B°uvrent la patrie. . . Quant au'projet de décret,
||e nevois pas r ■: - : r.quoi envoyer des commiffaires :
§t<eft,un moyen utile qu’il ne faut pas prodiguer.
B esa^iniftratt ursne font pas fufpects ; la bonne
B 3,?., ^ omphe.... jepenfe qu'il n'v a pas lieu à
iplibércv fur cet objet. Je demande' en amende-
B ^ n t que le préfîdent fuit chargé d'écrire une lettre
ALBERT DE RIOMS. M. Alben de Rioms,
commandant delà marine à Toulon, a été 1 objet
d’un décret & d’affez longs débats auxquels ont
donné lieu les troubles de.Toulon, dans le mois
de décembre 1789, dont cet officier général.a
manqué d’être la viêfime.. .
Il nous a paru plus convenable de rapporter ^
fous le nom de M. Albert de Rioms ,'les débats
de l’affemblée qui ont précédé le décret qui le
concerne , que de, les renvoyer au mot Toulon,
quoique généralement nous ayons adopté , pour
apporter, les difcuffions d’évènemens, le lieu où ils
fié font paffes; mais ici le fujet du décret étant fur-
tout M. Albert Sc toute l’affaire fe rapportant à
lu i, il ne peut y avoir d’embarras pour le leéleur;
d’ailleurs nous aurons foin de faire connoître ce
changement par un renvoi. ( Voye% Toulon).
Séance du lundi foir 7 décembre 1789.
M. Le préfîdent fait ' leôiurè d’une lettre du
garde des fceaux qui inftruit l'affembrée nationale
que M. Albert de Rioms, commandant de la marine
. à Toulon a été conftîtué prifonhier ainfî que. plufieurs
officiers de marine , à la fuite des troubles
qui ont eu lieudans^cette ville.; il annonce ea