
larrêtêroit dans fon efior Içfalut de l'etat pefe-
roit moins qu'une contribution perfonnelle!
N o n , un tel égarement n’eft pas dans la nature >
les pallions meme ne cèdent pas à des calculs fï.
trompeurs. Si la révolution qui nous a donné une
patrie pouvqitlaifferindifférens quelques François
là tranquillité du royaume, gage unique de
leur fureté particulière 3 feroit du moins un intérêt
pour eux. Non 5 ce n’eft point au fein du
bouleverfement u n iv e r fe ld a n s la dégradation
de l ’autorité tutélaire 3 lorfqu’une foule de citoyens
indigeiis * repoufles de tous les atteliers
de travaux 3 harcèleront une impuiflante pitié 3
lorfque les troupes fe diffoudront en bandés errantes
j armées de glaives & provoquées par la faim ;
lorfque toutes les propriétés feront infultées, l’exif-
tence de tous les individus menacée 3 la terreur i
ou la douleur aux portes de toutes les familles ;
ce n’eft point dans ce renyerfement que de barbares
égoïftes jouiroient en paix de leurs coupables
refus à la patrie. L’unique diftin&ion de |
leur fort dans les peines communes feroit 3 aux !
yeux de tous, un jufte opprobre ; au fond de
leur ame., un inutile remords.
Éh.! que de,preuves,récentes n’avons-nous pas
d e le fp r it public qui rend tous les fuccès fi fa-
■ Avec quelle rapidité fe font formées ces
milices nationales3 ces légions de citoyens 3 armés
pour'la défenfe de l’éta t3 le maintien delà
paix y }a confervation des loix ! Une généreüfe
émulation fe manifefte de toute part: villes 3 com-
njunautés , provinces, ont-regardé leurs
ges comme des diftinaions_ odieufes 5 elfes ont
krigué l’honneur de sJen dépouiller pour en enri-
chir la patrie. Vous lé favez; onn’avoitpasle loifir
«e rédiger- en arrêtés les facrifices qu’ un fenti-
ment vraiment pur & vraiment civique diftoit à
toutes les claflfes de citoyens , pour rendre à la
grande famille tout ce qui dotoit quelques individus
au préjudice des autres.
’ Sur-tout j depuis la crife de'nos finances 3 les
dons patriotiques fe Font multiplies. C ’eft du
trône, dont un prince bienfaifant relève la maiefté
par fes vertus, que font partis les plus grands
exemples. O vous, fijuftement aimé de vos peu-,
pies ! roi , honnête homme & bon citoyen ! vous
avez jeté un coup-d’oeil fur la magnificence qui
V0US ,!nXlronn.e 5 vous avez vo’u lu, &. des me-
taux d’oftentation font devenus des reffoutces nationales.
Vous avez frappé fur des objets de luxe;
mais votre dignité fuprême en a reçu un nouvel
éclat, & pendant que l’amour des françois pour
v.otre. perfonne facrée , murmure de vos privations,
leur fenfibilite applaudit à votre noble
courage, & leur générofité vous rendra vos
bienfaits comme vous defirez qu’on • vous les (
rende, en imitant vos vertus, & en yous donnant j
, la |oie d’avoir guidé toute votre Nation dans là
carrière du bien public.
Que de richeffes dont un luxe de parade fy
de vanité a fait fa proie, vont reproduire des
moyens aélifs de profpérité ! Combien la fa»e
économie des individus peut concourir avec U
plus grandes vues pour la reftauration du royaume!
Que de tréfors accumulés par la piété de nos
! pères^pour le fervicedes autels , fortiront de l’obfc
; curité pour le fervice de la patrie, & n’auront
pas changé leur réligièufe deftination ! « Voilà
*> les réferves cme j’ ai recueillies dans des temps
« prôfpères, dit la religion fainte ; je les rap.
« porte à la maffe commune dans des temps de
” calamite. Ce n’étoit pas pour moi; un éclat em*
prunté n’ajoute rien à ma grandeur ; G’ éfoit pour
« vous, pour l’é ta t, que j’ ai levé cet honorabli
33 tribut fur les vertus de vos pères'35.
Helas ! qui fe refuferoit. à de fi touchâns exem.
pies! quel moment,pour déployer nos reflour-i
ces & pour invoquer Içs feco.urs. de toutes les1
parties de l’empire ! Prévenez l’opprobre qu’im-
primeroit à la , liberté naiffante la violation des '
engagemens les pl^$ facrés. Prévenez ces fecouffes
terribles q u i, en^ bouleverfant les établiffemens
les plus folides , ébranlèroient au loin toutes les
fortunes, & ne. préfenteroient bientôt dans la
France entière que les triftes débris d’un honteux
naufrage. Combien ne s’abiife-t-qn pas f i , à une
certaine diftance de la capitale , on n’envifagela
roi publique , ni dans fes immenfes rapports avec
la profpérité nationale, ni comme la première
condition du'contrat qui nous lie ! Ceux qui ofent
prononcer l’infâme mot banqueroute , veulent-
ÿ d°nc une fdciété d’animaux féroces & non
d'hommes juftes & libres ? Quel eft le françois qui
oferoit regarder un de ces concitoyens malheureux
, quand il pourroitfe dire à foi-même : J’ai
contribué pour ma part a empoifvnner Véxifience à
plujteurs millions de mes femblables ? Sérions-nous
n^tion ^ à qui fes ennemis même accordent
ra nette de I honneur , fi les etrangers pouvoient
nous flétrir du titre de nation, banqueroutiére, §c
nous accufer7 de n’avoir repris notre liberté &
nos forces que pour commettre des attentats dont 1
■ lê defpotifme avoit horreur ? •
Peu importeroit de protefter que nous n’avons
jamaisprémédité ce forfait exécrable. Ah ! les cris
des viétimes dont nous aurions rempli l’Europe ,
protefteroéint plus haut contre nous !.I1 faut agir j
il faut des mefures promptes, efficaces &- certaines:
qu’il difparoiile enfin ce. nuage trop longtemps
fufjiendu fur nos têtes, q u i, d’une^extré-
mité de l’Europe à l’autre, jette l’effroi parmi
les créanciers de la France , &peut 'devenirpluS
funefte à fes reffources nationales, que les fléaux terribles qui ont ravagé nos campagnes.
I fine dé courage vous nous rendrez pour des 1 3 que vous nous avez confiées ! Comment
i , lierions-nous avec fécunte à la conftitution f c l a dont ^xiftence-eft H Nous
lavions J u r é de fauver la patrie î jugez de nos an-
K o f o quand nous craignions de la voir périr dans 1 S mains. Il ne faut qu’ un facrifice d un moment,
Bnfert véritablement ari bien public & non pas aux
la^prédations de I cupidité. Eh bien ! cette légère
f expiation pour les erreurs & les fautes d un tems j
Im-rqué par notre fervitùde politique, éfl-elledonc
E-deffus denotfe courage ? Songeons au prix qua
Eouté la liberté d tous les peuples qui:s enfontmon- J
lî r - !s dignes ; des flots de fang ont coule pour elle ; de j I on-s malheurs , d’àffreufes guerres civiles ont .
Ipar-tout marqué fa naiffance ! . Elle ne nous de-
Ljnde que des facrifices d'argent, & cqtte offrande
■ vulvaire n’eft pas un don qui nous appauvrifle ;
■ elle revient nous enrichir & retombefur nos cites,
h,fur nos campagnes pour en augmenter la gloire &
■ la profpérité. B Signé Mo u n ie r , pré/le’.DÉMEUNi£it. le vicomte
B n ï Mir a b e a u , l ’abbé d ’ E y m a r , l’ évêque de
ƒ Nancy, Bu r e a u x d e P ü é Y , F a y d e l , fecre-
Mlaircs. ( ÿoye£ CONXRIRUTÎONpatriotique ) .
Vajfembùe nationale aux franfois.
i l F év rie r 17190.:. ‘
f L'aifeuiblée nationale s'avançant dans la carrière
[de fes travaux, reçoit de toutes, parts les félicita-
[tions des provinces, des villes, des communautés,
lies témoignages de la joie publique, les acclama-
I tions de. la reconnoiffance.;- mais elle entend aufu
lies murmures, les clameurs de ceux que bleflent
I ou qu'affligent les coups portés à tant d’abus, à
l;taut d’intérêts , .à tant de préjugés. En s’ occupant
ldu.bonheiir.de tous, elle s’ inquiète des maux par-
■ ticuiiers 5 elle pardonne à la prévention, à 1 aigreur,
ï à l ’ifljiiftice ;. mais elle regarde'comme un de fes
Ëdevoirs dé vous prémunir contre les influences de
l i a calomnie, & de détruire les,vaipes terreurs dont
l'on çhëtchér.ôit à vous furprendre. Eh! que n’a-t-
I dri pas tenté pour vous égarer, pour ébranler votre
Ëcotifiancçî, On a feint d’ignorer quel bien avoit
| fait raffèmblée nationale ; nous allons vous lè^rap-
| peler. On a élevé des difficultés contrejce qu’elle
lia fait: nous, allons y répondre. On a_répandu des’
| Routes, ou a fait naître d e s ’inquiétudes fur ce
| quelle' fera : nous allons vous l’apprendre.
I . Qu’a fait l’aifemblée ?,
| : Elle a tracé d’une main ferme , au milieu dés
| nrages, fes principes de la conftitution qui affure
T à jamais votre liberté.
■ Lés droits des hommes étoient méconnus, in-
fuites depuis des fiècles ; ils ont été rétablis pour
i 1 humapité entière, dans cette déclaration qui fera
a jamais le cri de ralliement contre les oppreffeurs,
! 8c la loi des légiflateurs eux-mêmes. .
t.a nation avoitperdu le droit de décréter 8c lés
lois 8c les impôts : ce droit lui a étéreftitué, 8ç en
même téms ont été confacrés les vrais principes
de la monarchie, l’inviolabilité du chef auguife
de la nation, 8c l’hérédité, du trône dans une-famille
fi chère â tous les françois..
Nous n’avions que des états-généraux i vous avez
maintenant une aflèmblée nationale, 8c elle ne peüz
pliis vous être ravie.
Des ordres, néceffairement diyifes, 8c affervrs
à d’antiques prétentions , y diûôient lés decrets,
& pouvoient y arrêter l’elfor de la volonté natiou
nall Ces ordres n’exiftent plus; tout a difparu devant
l’honorable qualité de citoyen.
Tout étant devenu citoyen , il vous.falloit des
défenfeurs citoyens ;. & , aj.1 premier figjial, «n a
vu cette garde nationale qui, raffemblee par lé pa-
triotifine, commandée par l’honneur , par-tout
maintient, ou ramène l ’ordre, 8c veille avec uti zele
infatigable à la fûreté de chacun, pour 1 interet
de tous.
Des privilèges fans nombre, ennemis irréconciliables
de tout bien ,, compofoiept tout notre
droit public : ils font détruits S i,a.la voix de vo tr»
affemblée , lès provinces les,plus jaloufès des leurs,
ont applaudi à leur chûte ; elles ont fenti qu’elles
s’enrichiffoient de leur perte.
- Uneféodalité vexatoire, fi puiifanteenc.oredans
fes derniers débris, couvroit la France'entière :
elle a difparu fans retour.
Vous étiez fournis, dans les prpvincés ; au régime
d’une adminiftration inquiétante : vous en êtes
affranchis. -
Des ordres arbitraires attentoient à.lalibèrté des
citoyens : iis font anéantis,.
' Vous vouliez une.qfganifation^ complette des
municipalités: elle vient de vous être donnée; Sc
la création de-tous.ees corps ; formés par vos fuf-,
frages,: préfenre en ce moment, dans toute la
France:, le fpeâacléle plus impofa'nti.
•En même tems l’ affemblée nationale 'a coi*
fommé l’ ouvrage de la nouvelle divifîoii da
royaume, qui feule pouvoit effacer jufqu'aux derr
ières traces des anciens préjugés; fubftituer i
l’amour-propre de province, l’amour véritable de
la patrie, affeoir les bafes d’une bonne repréfen-
itâtion, 8c fixer à-la-fois les droits de chaque
homme 8c de chaque canton, en raifon de leurs
rapports avec la chofe publique ; problème diffic
ile , dont la folution étoit reliée inconnue jufqu’ à
nos jours.
Dès long-tems vous defiriez l’abolition de la vé-
nalité.des charges de magiftraturè : elle a été prononcée.—
Vous éprouvie z'le befoin d’une réforme',
du moins provifoire, des principaux vices