
diicuflîons qui ont eu lieu dans Ton fein. Vo yez |
l’avertiffement qui eft en titre de cette partie.
L’a&e conftitutionnel étoit prefqu’achevé, l’înf-
tant de le préfenter à Y acceptation du roi appro-
choit , on doutoit qu’ après tant de malheurs te de
peines ce monarque , alors prifonnier , voulut
accepter la nouvelle forme de gouvernement ,
lorfque le jeudi premier feptembre 1791 3 M. Baume
ts monta à la tribune 3 te dit :
Votre ferment eft accompli ; vos travaux font
achevés j ces travaux pourfuivispendant vingt-huit
mois 3 avec une ardeur dont il n’y a jamais eu
d’exemple 3 ont terminé la conftitution qui va régler
les deftinées de la France. Dès vos premiers pas
des obftacles fe font préfentés, d’un feul mot vous
les avez diflipés comme des chimères, parce que
ce mot renfermoit une profonde vérité. Vaincus
par la raifon 3 vos ennemis recoururent à la force 3
te ce fut au moment où leurs armes menaçoient
votre ouvrage 3 que vous jurâtes de l’achever. La
nation dont les yeux étoient fixés fur vous 3 indignée
d e . vos dangers te fatisfaite de votre conduite
3 s’eft réveillée en fouveraine j elle a étendu
fon bras & vos ennemis font difparus. Une grande
révolution s’eft opérée au même inftant : de l’une
à l’autre extrémité de l’empire , des millions de
citoyens fe font armés pour la liberté. Quinze jours
à peine s’étoient écoulés dans cette fermentation
falutaire 3 Jorfqu’un élan du patriotifme français
confomma dans une feule nuit plus de facrifices
qu’ on n’auroit pu en efpérer en dix fiècles de la
marche progremve des lumières & de la perfectibilité
tardive de la raifon. Depuis cette mémorable.
époque 3 tout s’eft applam fous vos pas. Les
grandes vérités reconnues 3 les droits de l’homme
confacrés 3 ne vous ont permis de mettre à vos
combinaisons politiques d’autres bornes que celles'
indiquées parle defir même de la perfection. Vous
avez encore éprouvé des réfiftances , mais fi elles
ont pu ralentir votre marche 3 ou quelquefois trop
vivement exciter le déploiement de votre énergie ,
elles n’ont jamais rendu vos fuccès douteux. L’hif-
toire confervera avec fcrupule les moindres détails
de cette crife intéreffante. Elle décrira le jeu des
pallions de tout genre 3 qui ont exercé leur empire
iur les hommes & leur influence furies événemens.
Elle tranfmettra les motifs connus te dévoilera les
efforts fecrets des incidens les plus remarquables
dans cette époque § inftruétive.pour les nations te
pour ceux qui les gouvernent. Elle peindra avec
les couleurs qui leur conviennent 3 & les forfaits
atroces que vous avez déteftés 3 te ces traits fu-
blimes d’héroïfme te de vertu qui ont confolé vos
coeurs te juftifié l’efpèce humaine.
Il ne nous appartient pas de prévenir les juge-
mens de la pofterité 3 mais ce qui aura des droits
inconteftables à fon approbation , c’eft la marche
que vous avez fi habilement conduite te prolongée »
entre les démolitions fucceflives de l’ancien édifice
te les réconftruCüons graduelles du nouveau*
Cette conduite fi prudente ne s’ eft pas démentie
dans vos relations avec le trône. Au frontifpice de
la conftitution, vous avez attaché la confervation
du gouvernement monarchique. La royauté 3 depuis
fi long-temps naturalifée dans le fol de la
France 3 te dans le coeur de fes habitans 3 étoit
devenue par ce décret une inftitution combinée &
conftitutionnellement choifie par la natiqnpour la
liberté te pourTon bonheur » mais il falloit encore
définir cette fon&ion politique 3 te afligner
au répréfentant héréditaire la portion d’autorité
que l’intérêt général commandoit de remettre entre
fes mains. Jufqu’ à ce que cette délégation de
pouvoirs fût accomplie 3 le titre de roi des François
ne pouvoit pas encore exprimer l’idée de tous
les attributs dont ce titre augüfte devoit être accompagné
j mais dès-lors il n’étoit pas douteux
qu’ à cette dignité éminente de très-importantes,
fondions ne duffent être attachées. Il étoit conf-
tant par, vos premiers décrets que le roi 3 chef fu-
prême du pouvoir exécutif 3 auroit encore , quant
a la formation des loix 3 une autorité conftitutlon-
nelle deftinée à tempérer {celle du corps légiflatif
par une fufpenfion qui pût donnèr à la volonté publique
le temps de fe former te de fe manifefter.
A la rigueur 3 ces combinaifons auroient pu ne pas
s’appliquer au corps conftituant dont elles étoient
l’ ouvrage, te qui antérieur à leur création auroit
été le maître de n’en impofer l’exécution qu’aux
légiflateurs , il fembloit mêine que le plein exercice
de vos droits inconteftables dût éloigner cette
forme 3 tant de vos décrets légiflatifs 3 que de vos
décrets conftitutionnels.
A toutes ces eonfidérations -tous avez oppofé
les motifs d’une profonde fàgeffe , te rapprochant
les principes de leur application aux circonftances,
vous vous êtes tracé la marche qui pouvoit convenir
le mieux à la fituation des affaires & à la djf-
pofition des efprits. Il importoit beaucoup que la
royauté à qui etoient déléguées des fondions d’un
fi grand intérêt 3 ne perdît rien dans l’efprit du peuple
de ce refped & de cet amour dont il eft bon
que toutes les parties de la conftitution foiènt in-
veflies. 11 importoit à l’opinion publique te à l’accord
des volontés qu’ à mefure que vous avanciez
dans vos travaux te que vous rencontriez l’oppo-
fition des pallions individuelles 3 vous fufliez fortifiés
par une union étroite entre vous & le trône
qui ne laifsât pas aux mécontens l’efpoir d’un appui
contraire a la loi te d’un fuccès poflible dans
leur réfiftance , te :lorfque les ennemis du bien public
agiffant en fens contraire 3 vont confpiranc
tous également contre cette heureufe harmonie ,
font enfin parvenus à la troubler j lorfqu’ à forcé
d’entourer le monarque de perfides confeils ou de
coupables terreurs. 3 ils lui pnt arraché cette fatale
démarche , qui pouvoit attirer fur la France une
longue fuite de malheurs, il Vous a fuffi pour la
fauver derefaiiir l'intégrité de vos droits , <x dans
un péril fi extraordinaire, vous avez trouve allez
de reffource dans l’autorité qui vous appartient ce
dans la confiance qui vous environne- Que de malheurs
n’avez-vous pas évités4 5 quelles forces n a-
• vez-vous pas acquifes par une conduite fi prudente .
Vous lui devez le bonheur d’être arrives au terme
où tout eft achevé, où chaque pouvoir va prendre
pour toujours la place que lui afligne la conititu-
tion. La fouveraineté nationale qui s exprime par
votre bouche , va terminer ce grand evenement
par la démarche la plus jufte, la plus loyale, la plus
folemnelle qui ait jamais eu lieu d’un peuple a un
roi. Le bonheur d’ un moment fi long-temps defire
doit faire difparoîtreà vos yeux les fatigues & les
peines d’une carrière laborieufement traverfee ;
mais il doit aufli rappeler à vos coeurs l’inftant qu
vous fûtes convoqués & réunis pour ia parcounr.
Il ne feroit pas généreux d’oublier que fi les repre-
fentans de la nation furent raffemblés , ce fut par le
voeu de Louis XVI.
Depuis un fiècle te demi le defpotifme avoit
réuni tous fes efforts pour plonger dans une nuit
"éternelle jufqu’au fouvenir de ces antiques affem-
blées , ombres imparfaites de la repréfentation
nationale 3 mais capable du moins de réveiller
dans le coeur des François ^ confidence de leurs
droits te le fentiment de lepf liberté > Louis XVI
vous a convoqués 3 te s’-ir n’a pas pu, legiflateiir
provifoire 3 rendre dès-lors au peuple françois
l’intégrité de fes droits , il a placé dans-la double
repréfentation des communes, le germe fécond
: d’où ces droits ne pouvoient pas manquer de re-
; naître. Rien ne peut effacer le fouvenir de cet aéte
de juftice inféparablement lié à la mémoire de vos
travaux.
Les fautes des rois font le plus fouvent à ceux
ui les confeillent j leurs bonnes actions ont tant
’obftacles à vaincre , qu’elles leur appartiennent
doublement. Qu’importe aux çfclaves des cours le
falut des peuples te celui des rois, pourvu qu’il
; exifte un pouvoir dont ils puiffent abufer, te un
[ tréfor dont ils faffent leur proie. Comment n’au-
xoient-ils pas frémi de l’opinion publique? Louis
[ X V I a appelé la nation elle-même à régénérer
: fon exiftence. Que ne devoient-ils pas tenter con-
[ tre l’établiffement d’un ordre févère qui détruit
[ tant d’ufurpations à la fo is , te renverfe jufqu’à
[refpoir de tes renouveler? Vous avez vu leur defefi-
poir 3 lorfqueda providence qui veille fur cet em-
! pire a déjoué leurs machinations te rendu à la
) France le monarque qu’ils avoient tenté de féparer
d’elle. Ils frémifient de voir approcher l’ inftarit où
! la conftitution, aflife fur lesbafes de la volonté na-
\ tionale, te de l’ engagement facré du monarque 3
\ aura irrévocablement domicilié dans cet empire la
[liberté te l’égalité. Il eft venu le moment ou vous
allez demander 'au roi des François l’engagement
le plus férieux , le plu$ folemnel dont les hommes
puiffent prendre le ciel à témoin. Il eft permis de
prévoir , il eft fatisfaifant d’efpérer que fa détermination
fera précédée d’un recueillement profond
te d’ûne médiation proportionnée à la grandeur de
la circbnftance. Vous avez déclaré la royauté indépendante
; mais vous n’avez voulu ni pu l’affranchir
de cette immenfe refponfabilité morale qu un roi
contra&e envers fa confcience, fon fiecle te la
poftérité. Lesmomens font précieux, fans doute ,
quand il s’agit de fixer les deftins d’ un grand peuple
8e de prévenir les agitations. La France te FEu-
rope entière attendent en fufpens la reponfe que
vous folliciteZ ; mais ce que la France te l’Europe
attendent fur-tout te recevront avec refqeét, c’ eft
une réponfe di&ée par une réflexion mûre 8e par
une volonté libre, telle qu’ il convient au roi d une
nation loyale te franche de la donner, te a fes re-
préfentans de'la recevoir.
La France te l’Europe voient en vous ces mêmes
hommes qui diffipèrent aveçune indignation géné-
reufe un camp de foldats raffemblés près du lieu où
ils délibéroient fur la liberté publique.Aucun danger,
fans doute, n’ eût fait pénétrer le découragement
dans vos âmes, te libres, au milieu du péril,
vous ne trembliez pas pour vous-mêmes j mais
vous redoutiez, pour l’honneur de la conftitution,
la proximité d’une armée. « Le danger , difiez-
vous alors , menaçoit les travaux qui étoient votre
premier devoir : ces travaux ne pouvoient avoir
un plein fuccès, une véritable permanence., qu’autant
que les peuples les rëgarderoient comme entièrement
libres ».
Toujours fidèles aux mêmes principes, vous en
attendrez encore aujourd’hui les mêmes fuccès ,
cè que vousi réclamiez alors , vous l’ordonnerez
aujourd’hui. Vous écarterez des délibérations du
trône tous les fujets de méfiance que. vous avez,
juftement rejetés loin de vous : ainfi le veut l’intérêt
de la conftitution , ainfi le voudront avec vous
tous ceux qui défirent véritablement la durée de
vos décrets & la gloire dü peuple auquel ils font
confacrés. Si les ennemis de vos travaux pouvoient
efpérer de placer dans le fein de la conftitution
quelque germe de deftruétion te de mort qui per-;
pétuat leurs efpérances, ce feroit en cherchant à
répandre des nuages fur la liberté dont la délibération
du roi te fon acceptation feront accompagnées.
Les précautions aufli refpeélueufes qu’in-
difpenfables, offertes au monarque pour la dignité
& la confervation de fa perfonne, ils s’efforceront
de les préfenter comme des attentats contre fon
indépendance ; mais le patriotifme éclairé des bons
citoyens ne laiffera pas le plus léger prétexte à ces
infinuations perfides.
Prêts à mourir pour la loi qu’ ils fe font donnée , ils en affureront la fiabilité, par la liberté de fon